
#7 CHRONIQUE DE PAULINE – RADIO MOSCOW & Datchä Mandala au Respùblica le 16 mai 2014
Le 16 au soir était jour de fête.
Les Datchä Mandala et Radio Moscow en une seule soirée, que demander de plus ?
C’est au Respùblica que les fans de heavy psychédélique (stoner) se sont retrouvés pour célébrer la venue de nos américains préférés. Le concert était initialement prévu au Bootleg mais des travaux empêchant sa réouverture, nous avons tous été re dirigés vers les alentours glauques de la gare, qui plus est, dans une boîte d’électro/trance. J’avais l’impression d’avoir été transportée quelques années auparavant quand les punks étaient rejetés en périphérie de la ville, dans les quartiers les plus sombres, pour écouter leur « musique de sauvages ». Ce sentiment ne m’a pas dérangé, au contraire, j’avais l’étrange sensation que nous étions les quelques privilégiés assistant à un show dont le cercle psyché/stoner bordelais ne se remettrait pas. Et ça n’a pas loupé.
Les Datchä Mandala ont assurés encore une fois comme des pros une super première partie. La déception de ne pas voir les Salamander Jive a rapidement laissé la place à un enthousiasme débordant durant leurs 40 minutes de set (sans interruption s’il vous plait). Comme à l’accoutumée leur énergie débordante nous a comblée, leur complicité évidente et leur talent nous ont régalé. Leur premier morceau, Da blues, résonnait déjà, que la salle (qui faisait penser à des combles de grange) était à moitié pleine. Les amoureux de ce power trio se sont aussi régalés avec un Pavot rarissime en live, et Human Free a finit de convaincre le public dans sa totalité. Rien de tel qu’un peu d’exotisme à la sauce Datchä! En bref, une première partie digne de ce nom, qui a su parfaitement chauffer la salle et nous préparer à la BAFFE musicale que nous allions prendre.
Le set de Radio Moscow n’avait pas encore commencé qu’une atmosphère lourde, pesante, presque étouffante se faisait déjà ressentir. L’ambiance était électrique, l’excitation à son comble. La salle était désormais pleine. Quand les premières notes se sont fait entendre, une joie a explosée dans tout le public et nous sommes partis, tous, sans exception. Nous sommes partis au pays de ses 3 génies pendant un voyage heavy psychédélique d’une heure et demie. Le voyage fut bref mais intense. Nos corps brûlants transpiraient le bonheur. Que l’on se comprenne bien, le trip dont je parle n’a rien à voir avec quelques substances psychotropes bien connues, non. Il est en rapport avec une autre drogue, beaucoup plus puissante : la musique. Il faut reconnaître que Parker Griggs (chant et guitare), Antony Meier (basse) et Paul Marrone (batterie) sont de sacrés sorciers. Leurs envoutements aux sonorités très seventies nous ont plongés dans une transe que je n’avais encore jamais connue. Ils ont alterné les titres phares de leurs deuxième album Brain Cyrcles : Bains, Broke Down, Just don’t know, No good Woman ou bien encore la superbe 250 miles qui n’a pas manqué de me faire frissonner par sa rythmique douce, retenue qui tout d’un coup vous explose à la figure par des riffs savamment envoyés et des coups de baguettes sacrément violents. Leurs premier album, titre éponyme du groupe, était lui moins représenté : seule Mistreating Queen fut joué pas le trio.
Mais peut importe puisque ce que chacun attendait était de pouvoir découvrir en live les titres de leur nouvel opus : Magical Dirt. Nous avons donc eu le privilège de voyager sur Death of a Queen, premier titre du set, Before it Burns, Rancho Tehama Airport ainsi que le fabuleux These Days. Il n’en fallait pas plus pour nous combler. Nous étions en liesse, des pogos éclataient de tous les côtés, les headbangs au premier rang ne manquaient pas. Cet enthousiasme non retenu a étonné et fait sourire à plusieurs reprises nos trois américains qui pourtant ne sont pas coutumiers d’une communication, verbale ou physique avec le public. Seules quelques phrases ont été lancées durant le set par Parker et quelques gestes de remerciement esquissés par Anthony. Les Radio Moscow n’ont pas besoin de ça pour atteindre leur public. Ils communiquent par leurs instruments qu’ils maîtrisent à la perfection. Parker est un des meilleurs guitaristes de sa génération. Ses solos sont à tomber par terre. Paul, dont on ne perçoit que très rarement le visage, cachés derrière sa batterie mais surtout sa longue chevelure noire, tape comme une bête comme si sa vie en dépendait. C’est à se demander si un jour son tom basse et sa grosse caisse ne vont pas lâcher sous ses coups… Lui aussi excelle dans son art. Ses solos sont également à vous couper le souffle, sa précision de métronome est incroyable et son habileté encore plus. Une baguette jetée en l’air par inadvertance, un quart de seconde après son jeu reprend de plus belle grâce à un stick coincé auparavant dans sa grosse caisse. Imperturbable donc. Et puis il y a Anthony, le « nouveau », à la basse : la force tranquille. Derrière ce calme absolu se cache là encore une parfaite maitrise de l’instrument : il fait sonner sa basse à la perfection. Appuyant tantôt la batterie, tantôt donnant du relief à la guitare de Parker.
La seule chose qui a pu assombrir un peu le tableau durant cette formidable soirée, c’est le son. Selon notre position dans la salle, le chant était audible ou non. Ceux qui comme moi, étaient à la gauche de la scène, en face de Anthony, n’entendaient pas les paroles assenées par Parker. C’est dommage parce qu’en plus d’être un super guitariste, il se défend plutôt bien au chant. Mais qu’à cela ne tienne cela ne nous a pas empêché d’apprécier le concert.
Ce soir là, nous avons perdu nos jambes, nos oreilles, nos nuques (pour ceux qui comme moi, n’ont pu s’empêcher d’agiter leur cheveux dans tous les sens) ainsi que de nombreuses calories. Dans cette transe psychédélique nous avons aussi perdu notre esprit. Mais nous avons gagné le souvenir impérissable d’un voyage heavy qui nous marquera aussi longtemps que la musique nous bercera.
Pauline Laborde
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