
#6 CHRONIQUE DE PAULINE – RELEASE PARTY DES DÄTCHA MANDALA AU BOOTLEG LE 7 MARS 2014
Le rock n’est pas mort, vive les Dätcha !
Ce soir là les quelques centaines de personnes amassées dans la salle du Bootleg sont ressorties en sueur, le sourire aux lèvres, les oreilles sifflant en ayant pris une bonne grosse claque musicale.
Ils nous avaient promis des surprises, ils ont tenu leur promesse!
Le bal s’est ouvert par le super sextet Salamander Jive, projet composé du trio des Dätcha (Les rôles sont cependant inversés : Nicolas Sauvey à la guitare et au chant, Jean-Baptise Mallet au tambourin et aux percussions et Jérémy Saigne à la batterie… polyvalents donc, ces Dätcha !) rejoint par John Harding, chanteur principal et guitariste au charisme bien anglais, Vincent Magat au synthé et Alexandre Poirrier à la basse. Tout ce petit monde a insufflé au Bootleg, un vent de rock psychédélique halluciné aux forts accents Black Angels. Mais leur style n’est pas cloisonné, diverses influences se mêlent (quand le psyché rencontre le surf..) pour former un tout, il faut le dire, assez unique. Les Salamander commenceront par un morceau au nom racoleur : « Coke, pepsi or suicide » qui ouvre aussi leur EP mais dont j’ai entendu les quelques notes depuis la longue queue devant Bootleg. Ils enchaîneront ensuite sur leur «Baby Pigeons (are dead)» dont la mélodie accrocheuse n’a pu laisser personne de marbre. Un rythme entêtant, des cœurs parfaitement dosés rendaient le tout léger et euphorisant. Le sextet a fini son set sur trois morceaux très psyché : Salamander Jive, présent sur le nouvel EP des Dätcha Mandala, Similar Minds et Melchior. C’est ce dernier morceau qui m’a le plus transporté : peu de parole, une durée de plus de six minutes, de la révérb, une voix aux intonations des plus psychédéliques, et un drone pour relever le tout! Malheureusement, la lumière, beaucoup trop présente à mon goût sur cette première partie ne m’a pas permis de voyager aussi loin que lors de ce fabuleux concert aux allures de tourbillon kaléidoscopique complétement enfumé, dans la cave de l’Antidote. Mais je ne regrette rien. Le meilleur restait à venir.
Que je vous prévienne : la suite est rock’n’roll…
Après une pause bien méritée, un changement de tee-shirt pour Jérémy, et l ‘absorption pour nombre d’entre nous de substances psychotropes ou tout simplement alcoolisées, le trio tant attendu est entré en scène. C’est alors que photographes et caméraman se sont rués au 1er rang, essayant de capturer les moindres détails de ce show ELECTRIQUE. On m’aurait dit que j’allais assister à un concert de rock star retournant dans leur ville d’origine, j’y aurais cru. Parce que oui, le concert du 7 mars était un concert de pro. Tout avait été mis en œuvre pour une soirée mémorable : du jeu de lumières efficace, à la set list bien construite, en passant par des invités de marque. Les Dätcha ont alterné nouveaux morceaux, reprises habituelles mais non moins incroyables et titres présents sur leur premier opus «Eden Sensuality». Comme nouveaux titres on a donc pu découvrir un super Tacos & Burritos auquel un magnifique Selmer (saxophone) et un clavier ont donné tout son relief. Il en va de même pour Hight In qui fermera ce set de plus de deux heures. Tit’s, un morceau qu’ils jouent très peu en live, est pour moi, le pendant de Misery (qui se trouve sur Eden Sensuality) : moins heavy, plus mélancolique, voire même romantique et qui monte en puissance par une guitare presque stoner. Les Dätcha avaient joué Tit’s en acoustique lors d’un concert au Caillou, et je n’avais là non plus, pas accroché. Elle dénote presque trop à coté de leurs hymnes comme Pavot, Loot ou bien encore Born to be a Light. Mais au Bootleg, elle a pris une tout autre dimension quand un violoncelle s’est invité dans la danse et a redonné, à mon sens, au morceau, ses lettres de noblesse.
Ils ont joué évidemment leurs titres les plus mythiques, dont les caves bordelaises entendent raisonner les lignes de base, encore et encore.. Born to be a Light, ses roulements de tambours, son riff explosif, ses coups de baguettes assassins et son hymne « Peace & Justice, united! » n’a pas manqué de faire bouger le public dès le début du set. Le medley Janis Joplin (Move Over, dont les paroles ont été légèrement réinterprétées)/Beatles a lui aussi produit un drôle d’effet sur le public, dans lequel de nombreux pogos ont explosé. En fan inconditionnelle des Beatles je ne peux pas passer aussi rapidement sur leur reprise ébouriffante de Helter Skelter. Pour moi ce morceau est la preuve même de leur talent : l’audace (parce que oui pour s’attaquer aux Beatles, il en faut une sacrée paire), une voix à couper le souffle dont les aigus sont maitrisés à la perfection, une rythmique impeccable, un jeu de batterie à la Boham. Bref : une faculté de se ré-approprier les morceaux des autres, même des plus grands et à en faire quelque chose qui leur colle vraiment à la peau. Helter Skelter n’a jamais été aussi heavy, Helter Skelter n’a jamais était aussi joussive. La danse des reprises ne s’est pourtant pas arrêté là et a continué crescendo. Black Dog de Led Zeppelin a fini de convaincre les plus sceptiques et War Pigs des Black Sabbath a fait exploser, en chacun d’entre nous, notre côté le plus heavy. Human Free, a lui aussi interpelé le public quand trois danseuses orientales sont montées sur scène pour une danse du ventre parfaitement chaloupée.
Dire que les influences des Dätcha se résument à led Zepp et aux Black Sabbath serait donc un peu réducteur… C’est justement leur capacité à toucher à tout (Nico est aussi performant à la basse qu’a la guitare, ou même qu’à l’harmonica. Jérémy s’améliore de jour en jour à la batterie et ils sont tous capables de créer une set list au pied levé parfaitement adaptée à un concert en acoustique) et à explorer d’autres univers (on décèle de plus en plus de touches orientales/arabisantes dans leurs morceaux) qui les rendent aussi bons. J’en étonnerais sûrement plus d’un, mais pour moi, Dätcha Mandala est le groupe le plus talentueux et prometteur sur Bordeaux.
Le seul bémol de cette soirée (il en faut bien un!) sera l’absence de Jean Tallue et de « la main droite » ( http://www.youtube.com/watch?v=WNWrjMeJ_k4 ) Parce que oui, même quand ils écrivent des chansons complètement délirantes, ils sont excellents!
Ce soir là, tout était amplifié. Comme à l’accoutumé avec les Dätcha. Sauf que cette soirée était différente, cette realease party avait le goût savoureux de la victoire voire même de la consécration. Comme si le trio faisait peau neuve avec son nouvel EP et prouvait qu’il était prêt à sillonner l’Europe et devenir, on l’espère, un jour, professionnel. Leur nouvel EP va sortir, leur projet Ulule a réussi, un tournée française au printemps est programmée avec Blues Pills, bref, leur avenir semble présager de grandes choses.
2014 sera décidément l’année des Dätcha!
Pauline Laborde