À 75 ans, Julien Clerc a quasiment sorti 50 albums (studios, live, compilations) et enchanté un public fidèle qui, pour la grande majorité, est septuagénaire. Ses collaborations et rencontres artistiques sont nombreuses depuis la fin des années 60. Période au cours de laquelle Adamo et Gilbert Becaud lui proposèrent leurs premières parties permettant au jeune Parisien de passer de l’ombre à la lumière et d’obtenir un premier rôle dans « Hair ». Deux ans auparavant, la comédie musicale fut un triomphe à Broadway et Julien va se produire à l’Olympia durant deux semaines fin 1970 dans l’adaptation Française. Durant 5 décennies, l’artiste ne fera que confirmer son statut de star dont le charme en vieillissant ne laisse pas indifférent la gent féminine.

 

Pour cette tournée, l’artiste à la réputation solitaire s’entoure de deux musiciens (pianiste et guitariste) afin de revisiter ses standards et voyager au fil des influences ayant forgé son identité musicale. L’entame du concert (« Comment Ça Va ? ») permet de jauger un public motivé qui va entrer directement dans une ambiance intimiste durant 2 heures. « Le Patineur » de 1972 précède « Utile » et « Double Enfance » qui sont interprétées dans des versions épurées efficaces. Contrairement à ses prestations électriques, Julien force la voix pour produire son « bêlement » caractéristique qu’il maitrise à la perfection. L’ancien coach de « The Voice » n’est pas avare d’anecdotes et se raconte entre certains titres, d’histoires sentimentales en rencontres professionnelles. La plus sympathique d’entre-elles concerne son ancien chauffeur (surnommé « Machepro ») qui eût une aventure avec la chanteuse Barbara et suivit ce dernier sur la tournée jusqu’à Montpellier via des mots doux qu’il recevait dans les réceptions d’hôtels sous des pseudonymes maritimes. La rencontre impromptue avec Charles Trenet à Perpignan et le jeu de mots avec le clerc de notaire fait également beaucoup rire le public. L’artiste rend hommage avec bonheur (comme dans le disque publié en 2021) à Montand, Aznavour, Piaf, Bécaud et Ferré.

 

Après « Ma Préférence » et la superbe mélodie des « Séparés » (adaptée d’un poème de Marceline Desbordes Valmore), la deuxième partie du concert va s’avérer plus rythmée et d’autant plus probante. Les tubes s’enchainent (« La Californie », « Femmes, Je Vous Aime ») mais surtout « Ce N’Est Rien », « Laissons Entrer Le Soleil », « Lili Voulait Aller Danser » et « Mélissa » font lever le public. Ayant troqué sa veste contre un cuir, Julien Clerc parait plus jeune que jamais ! Les fans connaissent les paroles sur le bout des lèvres, « Coeur De Rocker » et la magnifique « Fais-Moi Une Place » n’y dérogent pas. Cette dernière étant probablement l’une des plus belles chansons Françaises. L’artiste quitte le public après avoir remercié l’intégralité des intervenants qui l’accompagnent et profite d’applaudissements mérités.

 

Compte tenu de son activité scénique intense, on peut supposer qu’il proposera rapidement une suite à l’album « Terrien » publié deux ans plus tôt dont les textes étaient (entre autres) de Clara Luciani, Jeanne Cherhal, Marc Lavoine et Bernard Lavilliers. Adepte de paroliers célèbres (Etienne Roda-Gil et Jean-Loup Dabadie), les spectacles proposés par le chanteur sont très sympathiques et prouvent que l’expérience fait la différence ! Une qualité musicale indéniable.