
LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES: LE DOSSIER NOIR – CHRONIQUE BD D’ALAIN SALLES
S’il n’est pas nécessairement besoin de présenter la Ligue, rassemblement de personnalités issues de la littérature/culture populaire (comme Allan Quatermain, Mina Murray etc.), cet ouvrage demeurait encore il y a peu le dernier encore inaccessible au lectorat français.
Sorti aux USA en 2008, son adaptation dans l’hexagone a été retardée, essentiellement à cause de problèmes de droits (liés aux différents personnages utilisés dans l’histoire).
Ce récit, qui se situe avant l’arc Century (trois tomes chez Delcourt), est celui de la transition avant la nouvelle ère (et la fin du contrat de Moore avec DC !). Nous retrouvons les auteurs de la série, Alan Moore et Kevin O’Neill (ABC Warrior, Marshall Law tous deux avec Pat Mills, Judge Dredd…), explorant l’univers dense de la Ligue et ses différents personnages, mais aussi en y ajoutant de nouveaux comme Orlando (qui joue les premiers rôles dans Century).
Comme toujours avec Moore, tout est référence, hommage, clin d’oeil…et le lecteur est assailli d’informations qui s’imbriquent pourtant sans anicroches dans la version linéaire du scénario. Lovecraft, James Bond, 1984, Le Prisonnier, l’Enéide, la Guerre de Troie, Les 1001 nuits, la Golden Dawn, Fanny Hill…sont autant d’empreintes au sein du Dossier noir, autant d’expressions de l’érudition de l’auteur.
Moore concentre les thématiques de La Ligue…et embarque son lectorat au sein même du dossier en question, qui n’est autre que l’ouvrage que vous tenez entre vos mains, devenu reflet de sa propre histoire. C’est aussi pour cette raison que de nombreux textes se joignent à une bande dessinée déjà dense, augmentant d’autant la richesse du contenu.
Graphiquement, O’Neill reste d’une impeccable régularité, sachant libérer son potentiel en accord avec le récit, son trait un peu rigide s’accommodant avec les détails. Il ne manquait plus que le final psychédélique en 3D (lunettes incluses) pour parachever cet oeuvre fantasmatique aux références familières. Bis !
Alain Salles