Martial Solal, né le 23 août 1927 à Alger (Algérie française) et décédé le 12 décembre 2024 à Versailles, est l’un des plus grands pianistes et compositeurs de jazz européens de l’histoire.
Né dans une famille juive algérienne, Solal a été encouragé très tôt par sa mère, une chanteuse d’opéra amateur, à explorer le monde de la musique. Expulsé de l’école à l’âge de 15 ans en raison de ses origines juives sous le régime de Vichy, il est autodidacte et a développé un amour profond pour le jazz en écoutant des artistes comme Fats Waller, Art Tatum et Benny Goodman.
En 1950, il s’installe à Paris, où il commence à travailler avec des légendes du jazz comme Django Reinhardt, Sidney Bechet et Don Byas. Rapidement, il devient un pilier de la scène jazz parisienne, jouant au célèbre Club Saint-Germain et accompagnant des musiciens américains de passage en Europe.
Solal a non seulement brillé comme pianiste, mais aussi comme compositeur de musique de film. Son travail le plus célèbre reste la bande originale du film « À bout de souffle » de Jean-Luc Godard, sorti en 1960. Cette œuvre, mêlant jazz et orchestration, a établi Solal comme un compositeur à part entière et a ouvert la porte à de nombreuses autres commandes cinématographiques.
Sur scène, Solal a exploré différents formats, allant des trios aux big bands, en passant par des duos avec des artistes comme Lee Konitz, Stéphane Grappelli et Dave Liebman. Son approche du piano, décrite comme « brillante, unique et intellectuelle », a été saluée pour son équilibre entre virtuosité technique et inventivité musicale.
Au-delà de ses performances, Solal a également joué un rôle crucial dans la légitimation du jazz en Europe. Il a composé des œuvres symphoniques pour des orchestres nationaux et a influencé de nombreux musiciens, notamment par l’organisation du prestigieux concours de piano jazz qui porte son nom.
Son style, souvent décrit comme « éternellement joueur et cavalier », a marqué les esprits par son humour et sa capacité à repousser les limites de l’improvisation. Solal a souvent dit : « Vous devez faire croire que c’est très facile, même quand c’est très difficile ».
Martial Solal a laissé derrière lui une discographie impressionnante, avec plus de 60 albums en tant que leader ou co-leader, ainsi que des centaines de collaborations. Parmi ses albums emblématiques, on peut citer « At Newport ’63 », « Solo Piano », « Just Friends » et « Live at the Village Vanguard »