SUZANE – FREE MUSIC 2023 #LIVE REPORT @ BRUNELLE AGULIAN —
Vendredi 23 juin, deuxième soir du festival Free Music, nous voici postées devant la scène “Lake Stage”. Le festival, véritable havre de soleil et de fraîcheur au beau milieu de la Charente Maritime, tient ses promesses : la fraîcheur d’un lac, l’intimité d’un festival à taille humaine, une ambiance sympa et des concerts toute la soirée !
Suzane doit lancer les hostilités d’une minute à l’autre. Depuis le temps que je vois son nom passer sur toutes les affiches, je n’ai qu’une hâte : découvrir la rappeuse in real !
Elle arrive sous un tonnerre d’applaudissements, short brillant bleu et épaisses chaussures noires aux pieds. Ses airs de guerrière et son charisme lorsqu’elle salue la foule laissent présager la suite. Et quelle suite !
Seule sur scène, un diaporama en toile de fond et une scénographie minimaliste, on ne perd pas de temps pour attaquer avec des morceaux dynamiques, frais et actuels, colorés d’engagement. Micro à la main, Suzane rappe les femmes, la jeune génération, le réchauffement climatique ou encore l’homophobie. On retiendra le titre “SLT”, dont les paroles poignantes suivent le parcours d’une jeune femme d’aujourd’hui par le point de vue de ses agresseurs quotidiens, dans le bus, au travail, dans le métro et dans l’intimité.
Dans les titres qui résonnent également, “Génération désenchantée”, un véritable cri de colère et d’incompréhension de la jeune génération face aux dérives climatiques et sociales ambiantes. La foule scande (d’abord timidement) le refrain et ses notes d’espoir : “Allez, ça va aller” ! Sur la fin, Suzane nous cueille et continue à nous faire chanter pendant plusieurs minutes que ça va aller. Notable également, “On a cassé la planète”, chanson apparaissant sur le premier album de la chanteuse, dont le
refrain “et ça, tout le monde savait” nous éclaire et nous indigne.
Suzane n’est pas qu’une artiste engagée, elle sait aussi mettre le feu aux poudres et à la scène. Pour preuve, la chanson “Danser”, interprétée en milieu de concert, nous fait bouger au sens littéral du terme : Suzane a tout prévu, même la chorégraphie (danser, danser, deux pas sur le côté, danser, danser, mouvement chaloupé) qu’elle nous apprend en deux temps trois mouvements. La poussière se soulève sous nos pieds, on danse à mesure que le soleil se couche. Avec ses expressions théâtrales, ses remerciements réguliers et ses interactions avec le public, Suzane a enfilé son costume de scène et semble infatigable.
Quelques moments d’accalmie tout de même, avec le mélancolique “Un ticket pour la lune” qui aborde d’une façon décalée et poétique le sujet de la mort, de la disparition, du trop-plein de chacun au point de préférer s’en aller… Ce registre colle tout aussi bien à la chanteuse qui s’engage avec ce titre sur les chemins de l’introspection. Le public est réceptif, sans doute habitué à la personnalité magnétique de Suzane.
Sur plusieurs de ses titres, Suzane illustre l’homophobie et, plus généralement, les violences à l’encontre de la communauté LGBT+. Parmi les titres proposés, “P’tit gars” aura particulièrement ému l’audience, écoutant avec attention l’histoire de ce jeune homme amoureux de Samuel, renié chez lui, renié dehors, renié par la vie, à qui Suzane murmure que “t’es amoureux, c’est pas un crime”. A la fin du titre, et sous une salve d’applaudissements, elle ramasse le drapeau arc-en-ciel qu’une personne au premier rang lui tend et le brandit fièrement sur scène. Un geste de révolte mais surtout d’amour, pour clôturer en beauté le concert qui s’achèvera quelques chansons plus tard.
On apprendra d’ailleurs le lendemain, par une annonce de la chanteuse sur son Instagram, qu’elle s’est mariée avec la femme de sa vie, comme la continuité absolue de ses textes percutants et de son engagement quotidien. Peut-on espérer meilleure occasion pour clôturer ce live report, et lui souhaiter le meilleur à venir, à la vie comme à la scène ?