Miles Kane photo concert 1

#2 CHRONIQUE DE PAULINE – MILES KANE au Rocher de Palmer le 11 novembre 2013

miles kane en concert a bordeauxL’histoire d’amour a commencé 2 ans auparavant, presque jour pour jour, dans la même salle : le Rocher. Le 9 novembre 2011 marqua l’une de mes plus belles rencontres certes musicale mais avant tout scénique : Miles Kane.
Ce jeune Liverpudlien n’était alors que peu connu du grand public, son premier album « Colour of the Trap » venait seulement de sortir, ses chansons ne passaient donc pas régulièrement sur Le Mouv’ et ses concerts n’étaient encore qu’a 14 euros….  Cette rencontre avait été un déclic incroyable puisqu’en 2 ans, je revis Miles Kane cinq fois (Bruxelles, Lisbonne, Toulon, et Bordeaux). Vous l’aurez compris, la MilesKane mania s’était emparée de moi !

C’est donc en groupie assumée (mais pourtant critique) que je suis allée le 11 novembre au Rocher.  Quelques jours avant je m’étais renseignée sur la première partie annoncée : Burnin’ Jacks. Tout le monde sait combien une première partie peut être décisive pour l’ambiance générale d’un concert. Pour ne pas vous mentir je ne souhaitais pour rien au monde revivre le désastre musical de la première partie de Mr Kane deux ans auparavant : un désistement de dernière minute avait forcé l’organisation d’Allez les Filles (que l’on ne remerciera jamais assez de faire (re) vivre musicalement la région bordelaise) à trouver une remplaçante plutôt sympathique mais décidément pas douée pour chauffer la salle.
Néanmoins la description sur le mur facebook de l’évènement me rassura instantanément : « Furie sauvage intense non-stop de saturations sur scène, d’où litres de sueur backstage pour le gang de rockeur stoogiens de The Burnin’ Jacks ». En curieuse insatiable j’étais aussi allée sur you tube afin de juger par moi même de la potentielle ambiance qu’il pourrait y avoir. Après avoir visionné et écouté leur « cheap blond » je ne doutais plus que le 11, le Rocher serait en feu.

En fan inconditionnelle j’étais arrivée, avec deux copines (indiscutablement aussi mordues que moi), au Rocher deux heures avant le début du concert. Ces deux heures de queue sous la pluie afin d’accéder au premier rang se révélèrent absolument inutiles compte tenu du peu de monde présent. Après seulement quelques minutes dans la salle, le concert commença. Arrivée fracassante pour le groupe Parisien : Syd, le chanteur, saute partout, nous gratifie de quelques mots en anglais (il paraît que ça fait mieux de parler anglais à son public maintenant…) et démarre sur les chapeaux de roues ! Les premières notes sont prometteuses, je me déhanche déjà… mais tout d’un coup la magie s’effondre. Je m’aperçois qu’au lieu d’un punk brute, sale et prolétaire comme pouvait l’être celui des Sex Pistols, leurs sonorités sont presque aussi naïves que celles des Kooks… Au fur et à mesure du show, le chanteur, un mélange entre Jim Morrisson (pour la chevelure) et Johny Rotten (chanteur des Sex Pistols, pour le style) nous agacerait presque avec ses gesticulations incessantes et plutôt suggestives. Celui-ci prend tellement de place qu’il éclipse le reste du groupe pourtant fort intéressant! Heureusement, le lead guitariste est là pour nous rappeler que leur musique reste malgré tout de qualité. Son look tout droit sorti des années 60 ne peut que nous faire sourire, ses riffs percutants et sauvages, eux, ne peuvent que nous ravir!
Au bout d’une demi heure les Burnin’ jacks finissent leur set laissant un premier rang, qui a joué le jeu, presque en sueur.

concert de miles kanePlus de trente minutes s’écoulent avant l’entrée en scène de Miles Kane et de son groupe. Pendant cette attente, les chansons diffusées dans la salle ne peuvent que nous rappeler ses influences musicales: on entend notamment du Oasis (il est d’ailleurs très proche des deux frères Gallagher) et du John Lennon avec le sublime Instant Karma. A ma grande surprise le public n’est absolument pas réceptif à ce clin d’œil musical…
En effet l’ex-leader de the Rascals et co-fondateur des Last Shadow Puppets (avec son ami de toujours : Alex Turner, accessoirement leader des Arctic Monkeys) s’inscrit dans une tradition très pop à cheval entre Paul Weller (the Jam) et un Lennon durant sa période Beatles. Son premier album était certes une apologie du rock des années soixante mais aucunement nostalgique.
Un regard furtif jeté en arrière : la salle n’est pas pleine ! Tout d’un coup les lumières s’éteignent, l’excitation commence à monter dans le public et après une seconde d’un silence religieux tout le monde appelle le nouveau roi de la Britpop. Entrée triomphale, comme toujours, dans un costume gris et noir très élégant. Tout le monde s’installe, un petit geste de la main, les premières notes se font déjà entendre, les amateurs reconnaissent immédiatement « You’re Gonna get it » une des chansons les plus rock de son nouvel album sorti en 2013 : « Don’t forget who you are ». Le premier rang est déjà en transe. La seule question que je me pose est de savoir si nous tiendrons (nous public mais aussi le groupe) une heure et demi à cette cadence, mais c’était sans compter sur la réponse de Miles qui ne se fit pas tarder « I’m gonna show you how ». Le mot est lancé ! Près de trois minutes après, le groupe enchaine directement sur « Taking over », un autre hymne de son dernier album. Seul le public aguerri semble stimulé par ce tourbillon d’énergie, les néophytes, eux, ne se doutent pas encore de ce qui les attend. Un saut en l’air sur le dernier coup de baguette, un jeu de lumière absolument parfait, des clins d’œil qui mettent en émoi les jeunes groupies, et un sex appeal à ne plus démontrer, Miles est peut être un musicien mais il est avant tout un show man redoutable. Le groupe s’arrête enfin de jouer quelques instants, le temps de nous remercier, de nous dire à quel point notre ville est belle et c’est reparti ! Cette fois ci ils enchainent sur « Rearrange » l’un des tubes du premier album. La salle commence doucement mais sûrement à se lâcher, il en va de même pour Jay Sharrock, le batteur talentueux qui à chaque show semble de plus en plus à l’aise et n’hésite pas à faire résonner dans nos oreilles le son de sa caisse clair! On regrette presque que le guitariste et bassiste n’en fassent pas de même…

Miles-Kane_photo_concertLe quatuor mariera avec subtilité tout au long du concert anciennes et nouvelles chansons, rythmiques rapides, tempos pressants et balades romantiques. On aura même droit à une super reprise de « Sympathy for the Devil » des Stones qui donnera lieu à de nombreuses intéractions entre le public et Miles. On n’hésite pas à l’interpeler, lui, n’hésite pas à jouer de sa répartie très anglaise, tout en humour ! Le groupe finira par son fameux hymne à la classe ouvrière et au mouvement mod : « Don’t forget who you are », titre éponyme de son dernier album. C’est sur cette chanson que les plus sceptiques se lâcheront enfin, entonnant, comme tout le monde un refrain simple, mais d’une efficacité déconcertante.  Le groupe s’éclipse déjà, mais les concerts de Miles Kane ne se terminent jamais aussi abruptement, un regard complice à mes copines : on sait qu’il va revenir. C’est après plus de 7 minutes de rappel qu’il reviendra, seul sur scène, pour nous jouer « Colour of the trap » à la guitare acoustique, rendant le concert plus intimiste. Chaque personne dans la salle a l’impression que la chanson lui est destinée, chaque seconde compte, le moment est sacré. Une nuée de bras s’élève et bouge au rythme de la mélodie. Les poils s’hérissent le long de mes bras ; mais d’un coup, le groupe revient, et après un solo de Miles à la guitare, ils entonnent tous les quatre la somptueuse « Come Closer ». Le public est en liesse, la fin est parfaite !

Je suis ressortie de la salle en sueur, mais avec son médiator en prime ! J’étais encore une fois, surprise de l’effet toujours aussi intense que produisent ses concerts sur moi. Miles Kane ce n’est pas juste de la musique, c’est une expérience scénique toujours inédite. C’est la promesse d’un show électrique à vous en couper le souffle. C’est pour cela que je le revois, encore et encore. L’histoire d‘amour n’est donc pas prête de s’arrêter là…

 

N’oubliez pas, la musique c’est bien, mais en live, c’est mieux !

Pauline LABORDE