
FREDERIC MOREAU ET LES VIOLONS DE FRANCE – INTERVIEW PAR ANNIE VOISIN
Musiques en Live, partenaire des Violons de France a sollicité pour une interview Frédéric Moreau, créateur, directeur musical et soliste de ce quintette à ne pas manquer au Rocher de Palmer le mercredi 2 décembre 2015.
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Annie Voisin, violoniste bordelaise, a interrogé le maestro en 7 questions pour Musiques en Live.
1- A quel âge avez vous commencé la pratique du violon et pourquoi avoir choisi cet instrument ?
Frédéric Moreau : J’ai commencé la musique par le violon et le piano simultanément à un âge où cela n’est qu’un jeu (on pourrait même dire un jeu d’enfant). Ce n’était donc pas réellement un choix personnel mais cela faisait partie des choix de mes parents concernant mon éducation.
Je n’ai réalisé que c’était devenu mon futur métier que lorsque s’est présenté l’obligation de continuer l’école par correspondance car j’étais entré au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans les classes d’écriture.
Le choix de l’instrument s’est lui aussi imposé naturellement car j’ai eu la chance de rencontrer très jeune les professeurs de violon les plus réputés entre les mains desquels on ne peut que devenir l’un des meilleurs !
2- Votre environnement familial a-t-il été déterminant dans votre choix de vous engager dans une carrière de soliste et/ou à partir de quel âge avez vous ressenti une inclinaison pour cette vocation ?
Frédéric Moreau : Mes parents étaient extrêmement concernés par mon éducation sous toutes ses formes et malgré un milieu très modeste, ils ont fait le maximum pour m’offrir les meilleures opportunités de développement. Je n’ai jamais réellement ressenti une volonté de « carrière », j’essayais juste de faire le mieux possible dans les différents domaines qui m’intéressaient. Choisir n’était pas à l’époque une solution que j’envisageais, j’avais juste la soif d’apprendre et de progresser.
3- Les concertos de Paganini :
Votre intérêt pour la musique de Paganini est-il lié au plaisir de travailler votre virtuosité ou plutôt dû à votre sensibilité particulière pour son écriture musicale ?
Frédéric Moreau : Les deux ! Niccolò Paganini est un personnage fascinant. Son impact sur la musique a été phénoménal et sa vie fut un roman. Jouer du Paganini c’est essayer de se surpasser sans relâche et proposer au public l’excellence. C’est un symbole dont notre société a urgemment besoin : on est loin du succès facile, de la consommation de masse et du nivellement par le bas. Paganini propose du spectaculaire… il motive chacun d’entre nous à devenir meilleur… il nous propose aussi l’échec comme une étape constructive et nécessaire pour aller encore plus loin. Avec Paganini, nous rêvons l’amour avec de sublimes mélodies mais nous sommes également entraînés sur le fil vertigineux et miraculeux de la virtuosité.
https://youtu.be/$1
4- Les violons de France :
* Comment vous est venue l’idée de créer ces deux orchestres, un à Paris et un à Lyon ?
Frédéric Moreau : C’était à l’époque un choix pragmatique : réduire les coûts de déplacement et d’hébergement lors de concerts dans le sud de la France, permettait aux producteurs d’envisager d’acheter un concert.
* Aviez vous ambitionné une dimension de renommée internationale ?
Frédéric Moreau : La question n’était pas à l’esprit. Nous sommes dans la démarche inverse du marketing…
* Lors du choix des musiciens vous semble-t-il important de faire une part prépondérante aux musiciens français ou au contraire votre vœu peut il être d’y inviter des musiciens d’horizon international ?
Frédéric Moreau : C’est aussi une question qui ne s’est pas posée sur le moment et le résultat est particulièrement intéressant. J’ai choisi les musiciens qui étaient dans mon entourage et avec qui je partageais certaines valeurs. Le temps a fait son œuvre et les liens d’amitié se sont renforcés dans la plupart des cas. Il est intéressant de constater que dans les musiciens avec lesquels je travaille régulièrement, il y a effectivement quelques musiciens issus d’autres pays et une équité de genre quasi scientifique !…
5- Les concerts :
Vous avez un calendrier très chargé : plus de 120 dates par an, des enregistrements, des animations pédagogiques, comment réussissez vous à tout allier ?
Frédéric Moreau : C’est grâce au public. Nous ne sommes pas subventionnés donc notre existence est réellement tributaire de la confiance et du soutien du public. Il est rassurant de constater qu’il y a un public encore nombreux qui est à la recherche de véritables émotions…
6- Auriez vous des suggestions pour l’amélioration de l’éducation musicale en France ?
Frédéric Moreau : La France bénéficie d’un système d’enseignement musical unique : les conservatoires. Ils sont présents dans chaque ville et sont essentiels autant à l’éducation qu’au développement culturel local. Il faut les laisser continuer leur magnifique travail en maintenant leur subventions.
7- La musique et particulièrement la pratique orchestrale peut-elle être un vecteur de paix dans notre monde actuel ?
Frédéric Moreau : C’est l’une des meilleures solutions ! Savoir écouter et être capable de travailler « en harmonie » sont les qualités indispensables à la pratique musicale individuelle et collective… La musique est aussi un langage international…
Interview Annie Voisin.
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