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#4 CHRONIQUE DE PAULINE – BORDEAUX ROCK 2014

bordeaux-rock-2014Cette année, la dixième édition du festival Bordeaux rock a envoyé du très lourd! Cela à commencé sur les chapeaux de roue, le mardi 21 janvier, par une ouverture toute culturelle : les projections inédites des films « Nous, enfants du Rock » et « Todos somos Ramones » à l’Utopia. Projections auxquelles je n’ai malheureusement pas pu assister car les places sont parties à une vitesse… déconcertante! Il a donc fallu que je me rattrape le mercredi 22 en allant faire un tour du coté de la galerie 5un7 qui proposait une expo  photo « 10 ans de rock à Bordeaux ». Ouverte de 19h à 22h, cette petite galerie de la rue de la Rousselle a accueilli pas mal de monde et nous  a présenté quelques superbes clichés de groupes, de styles différents, d’époques différentes. De Be Quiet à Les Stagiaires, en passant par Gatha ou bien encore Mars Red Sky. On a pu aussi apercevoir, au fond de la salle, presque un peu cachées, les vidéos de MusicLive 3D. Qu’on se le dise cette expo n’avait rien d’extraordinaire mais elle a eu le mérite de présenter cette scène Rock Bordelaise et de nous rappeler,  que même si l’Age d’or du rock bordelais a disparu (les années 70-80 ont notamment vu naître les Strychnines, les Stagiaires ou bien encore Noir Désir), il n’en demeure pas moins une scène importante qui ne fait que croître quantitativement mais surtout qualitativement. Et puis c’était surtout l’occasion de passer un bon moment avec ses potes autour d’un verre de vin !
Mais la soirée que j’attendais le plus était celle du jeudi 23 : « rock en ville ». Le concept d’errer dans les rues de Bordeaux à la recherche d’un nouveau bar, de passer d’une cave à l’autrepour écouter des groupes, des univers aussi divers que variés pour seulement 3euros, est super.  Ce soir là j’ai opté pour une entrée en matière très pop à El Chico de 22h à 23h en compagnie de Casablanca. Je pensais entendre une pop gentillette et mielleuse, à la place j’ai pu voir quatres petits gars s’éclater sur un joyeux mélange d’influences très hétéroclites : du surf à la Beach Boys, de la pop avec ses « oulala », quelques accords presque heavy, et une mélodie se rapprochant même de temps en temps du psyché.  Certains morceaux sonnaient également très Black Keys.  Un peu trop de réverbération à mon goût ce qui nous empêchait de comprendre la moitié de ce que disait le chanteur, mais un super moment dans la cave du Chicho, qui était pleine à craquer !

Je me suis ensuite empressée de rejoindre l’Hérétic qui proposait ce soir là une programmation des plus intéressante. Le premier groupe à occuper la scène était Acid Bonanga. J’avais déjà eu l’occasion de les voir en première partie de The Cosmic Dead (concert absolument….cosmique !) et ils ne m’avaient pas laissé une très bonne impression. J’étais donc curieuse de savoir si ils réussiraient à me faire changer d’avis. Le set commençait mal, pas un bonjour, ni même un mot…rien.  Une toile blanche avait été tendue dans le fond de la scène, sur laquelle des projections tribales apparaissaient. C’était un set ethiokraut un peu spécial car le batteur n’était pas au rendez-vous mais comme la dernière fois, leur prestation ressemblait à un jam entre potes : chaque membre du groupe montait sur la scène ou en descendait visiblement à sa guise. Aucune construction, un vrai chaos sonore, presque insupportable pour nos oreilles. Oui mais voilà, leur efficacité est imbattable. Même pour des gens comme moi qui ne reconnaissent pas ce genre de « noise »  comme de la musique car n’y voient aucune harmonie, cette « expérimentation » pour l’expérimentation ne peut pas laisser indifférent. Il est impossible de ne pas fermer les yeux au moins une fois durant le set et de se laisser transporter par une distorsion sonore tout droit sortie des abîmes. Les visages sont fermés, aucun sourire ne perce, pas même la moindre manifestation du bonheur de communiquer sa création. Le set se finira comme il a commencé : sans un mot, sans un regard. Que l’on ai apprécié leur travail ou non, impossible de rester dans cette cave oppressante, une bière étant de rigueur pour digérer cette « claque » (non pas musicale, mais plutôt sonore).

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Le temps d’une bière donc, et c’était reparti, il fallait redescendre, les VvvV s’apprêtaient à commencer. La salle n’était toujours pas pleine, seuls les curieux avaient délaissé le bar pour écouter ce duo, là encore, très « noise ». Le seul « vrai » instrument utilisé sur la scène était le clavier, rien d’authentique, le son n’était qu’artificiel mais après tout c’est le principe même du « noise », alors pourquoi pas. J’y ai mis toute la bonne volonté du monde, j’ai vraiment essayé d’apprécier, mais rien n’y fit ! La seule chose qui m’a obsédée pendant tout leur set était cette foutue batterie au fond de la scène…inutilisée. Je n’avais qu’une seule envie, c’était d’entendre le son authentique de sa grosse caisse résonner dans nos oreilles… Inutile de vous dire que cette belle batterie blanche resta inoccupée jusqu’au passage de Piscine. Pendant ces quelques trente minutes : le son de l’orgue fut sans cesse utilisé alors que l’instrument en lui même était physiquement absent (question de logistique) ; or il n’y a rien de plus frustrant que d’entendre le superbe son d’un instrument qui sort en réalité d’une machine totalement artificielle.

Après ces deux prestations assez déconcertantes, j’étais ravie de voir une formation « classique » débarquer sur la scène. Un batteur, deux guitaristes. Pas de synthé, pas de clavier, mais des sourires et une joie de jouer presque communicative, je ne demandais que ça! Sauf que  en réalité PISCINE est loin d’être un groupe classique. Et je m’en suis rendue compte rapidement! Impossible de décrire leur style complètement explosif. Dans la description de l’évènement Facebook il est écrit « math noise ». Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, cela n’a aucun sens. Je serais bien incapable de dire à quel genre ils appartiennent, mais après tout pourquoi vouloir leur coller une étiquette? Ça joue très fort, un peu trop peut être pour certains, mais moi j’adore. Pas de bassiste, mais aucun manque ne se fait ressentir. Il en va de même pour le chant. Seuls les instruments (et des vrais en plus) mènent la danse. Paradoxalement, de prime abord, on a l’impression d’écouter un joyeux bordel sans construction, sans harmonie. Les ruptures de rythme sont si fréquents qu’on ne sait plus où donner de la tête, mais au final on retrouve toujours cette rythmique très pressante qui semble être leur fil conducteur (notamment dans leur géniale « natation synchronisée » qu’ils ont joué ce soir là). Aucune harmonie donc, en apparence, et pourtant l’ajout d’une voix qui ferait le lien entre une organisation instrumentale complétement folle et un semblant de mélodie semble absolument inutile. En réalité tout fonctionne superbement bien.  Leur musique est tout simplement, génialement indescriptible.
A plus de deux heure du matin, j’ai du me résoudre à quitter l’Hérétic. Je n’ai donc pas eu le plaisir de voir jouer Mexican Morrissey, groupe de « math stoner » à propos duquel j’étais très curieuse de me faire un avis. Ce sera donc pour une prochaine fois, surement dans une autre cave bordelaise enfumée, dont les baffles font sursauter la poitrine à chaque coup de baguette.
Soirée riche en découvertes donc, des « late summer festival » comme ça, on en voudrait toute l’année ! Vive « Bordeaux rock », et longue vie à la scène rock bordelaise. 

N’oubliez pas, la musique c’est bien, mais en live, c’est mieux!

Pauline Laborde