FRANCOIS ATLAS MeL

INTERVIEW FRANÇOIS AND THE ATLAS MOUNTAIN @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW #247 : FRANÇOIS AND THE ATLAS MOUNTAIN

FRANÇOIS AND THE ATLAS MOUNTAIN présenteront l’album « L’Age Fleuve » le samedi 17 mai 2025 à la salle du Grand Parc de Bordeaux. Avant ces festivités où seront également présents TAHITI 80, François a accepté l’interview de Diego pour Musiques En Live. 
 

Diego : En 20 ans de carrière et 7 albums sous le nom « Atlas Mountain », comment se porte François Marry ?
François : Plutôt bien ! Je m’estime très chanceux et ne pas avoir trop changé depuis toutes ces années. La démarche de ma musique dite « alternative » reste similaire et je perdure dans les chemins de traverse…
Diego : Par contre, tu as changé de label en passant de l’Anglo-Saxon « Domino Records » au Français « In Finé ». Pourquoi ?
François : Durant les années 2000, j’ai vécu quelques années en Angleterre ce qui explique le choix de « Domino ». Récemment, j’ai développé mon projet dans l’hexagone avec le modèle économique actuel des maisons de disques et tourneurs. Je suis plus en adéquation avec « In Finé » malgré toute la respectabilité et l’estime que j’ai pour « Domino ». Une bureaucratie différente, en plus j’ai pas mal collaboré avec des artistes français comme Rone et Seb Martel expliquant un glissement logique vers ce nouveau label.
 
Photo Francois The Atlas Mountains 2 © Marco Dos Santos
Diego : Depuis 20 ans tu as exploré plusieurs univers mais dans « L’Age Fleuve » publié en janvier 2025, on découvre un univers doux, frais et très pop. Est-ce le cap de la quarantaine qui fait écrire des chansons comme « Aïeul Inconnu » ou « Fleuve Des Ages » ?
François : On sent l’effet des âges ! Oserais-tu le terme d’ « album de la maturité » ? (rires)
Diego : Non parce que logiquement c’est le deuxième et toi tu en as fait 7 sans compter tes autres collaborations ! (rires)
François : En tant qu’artiste, il est toujours difficile de trouver la signification d’un album par rapport à un autre. Néanmoins, j’ai exploré plusieurs styles et pour ce dernier il y a un effet « tous les ruisseaux et les rivières se rejoignent sur ce disque là ». J’ai la certitude que le producteur de l’album m’a encouragé à rendre le propos plus lisible. Sa gestation et conception ont duré 4 ans et « L’Age Fleuve » exprime un temps long rien que dans son titre, une maturité. L’après pandémie permet le retour du fleuve dans son lit avec un débit plus tranquille suite aux nombreux remous.
 
Diego : Dans cet album on trouve également des featurings avec Thomas de Pourquery, Malik Djoudi et Rozi Plain ?
François : Effectivement je n’avais pas fait beaucoup de featurings auparavant malgré de nombreuses collaborations en live. J’ai enregistré un album autour de Baudelaire avec Juliette Armanet, Barbara Carlotti, Fishbach et croisé souvent Voyou… nous avons des musiciens en commun. Malik et Thomas sont des copains de route, rencontrés au fil des concerts. J’ai vécu avec Rozi à Bristol durant une période… j’ai une vie riche en collaborations qui n’était pas nécessairement visible autour de François & The Atlas Mountain.
 

Diego : D’ailleurs la version du titre « Le Fil » en single est différent de l’album. Elle est revisitée en duo avec Cassandra Jenkins ?
François : Oui. C’est une version anglaise de Cassandra qui est New Yorkaise. Mon manager Amaury a senti que la vision de Cassandra pouvait apporter un nouveau souffle au titre, c’est le cas.
Diego : Je confirme ! Il a eu le nez fin car la version anglaise est excellente !
François : Merci. Je me suis fendu d’un beau clip animé en plus !
Diego : Parlons-en car c’est du « Do It Yourself » ?
François : Complètement. Depuis mes débuts, je dessine et pense que je vais arrêter au dernier en date. C’est très chronophage et je passe des nuits entières à dessiner. Les délais étaient courts pour le clip et je voulais exploiter l’idée du minotaure et du fil d’Ariane dans le labyrinthe… le dessin était la solution idéal et le clip est la jonction de 154 dessins.
 
Diego : N’as-tu jamais envisagé de publier un recueil de tous tes dessins ?
François : Non mais l’idée est bonne. Mon dernier disque est accompagné d’un livret de coloriage incluant les paroles et les accords des chansons.
Diego : Quel parallèle peut-on faire entre l’art de dessiner et l’art musical ?
François : C’est un geste créatif issu d’un média différent. Lorsque je chante, les sons sont partagés dans l’air ambiant avec le public et les autres musiciens. Dans le dessin, c’est plus solitaire.
 
Diego : C’est assez rare de dessiner à deux même si cela existe ! Au fil de tes albums, tu t’orientes plus facilement vers des compositions en français et moins en anglais ?
François : C’est le cas du dernier. Quelques versions anglaises existent pour des singles alternatifs. J’aime m’exprimer en anglais mais par souci de lisibilité, « L’Age Fleuve » est uniquement en français. Avec Lysistrata, nous avons monté le projet « Park » en 2022 et c’était excellent dans la langue de Shakespeare.
 
Photo Francois The Atlas Mountains 1 © Marco Dos Santos
Diego : J’ai en mémoire un passage remarqué au Krakatoa de Mérignac ! Concernant les concerts, tu présentes ton album en formule trio avec Laure Sanchez et Colin Russeuil ?
François : Exactement. Il y a 10 ans, je jouais à 5, puis récemment à 4 et actuellement nous sommes 3.
Diego : Fais gaffe tu vas finir tout seul ! (rires)
François : Finalement en jouant à 3, une puissance et une certaine vivacité naissent de ces collaborations. Une formule complémentaire, Colin vient du pop-rock avec Gaetan Roussel, Dominique A et Mademoiselle K, Laure est Bordelaise et a étudié le jazz avec un esprit soul / rythm and blues. J’apporte ma touche narrative expérimentale.
Pour cette tournée, nous jouons les 2/3 du nouvel album et 1/3 de vieilleries qui font du bien… d’ailleurs j’ai vécu à Bordeaux et suis heureux d’y revenir en concert prochainement !
 
Diego : Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
François : Oui, un petit « Hug » après avoir revêtu nos habits de scène. Nous restons terre à terre et l’équipe est plutôt restreinte.
 
Diego : Pour finir, quels sont les meilleurs concerts que tu as vécus en tant que spectateur ?
François : J’en ai vu beaucoup ! Question cruciale… en 2024, BCUC (Bantu Continua Uhuru Consciousness) à l’Atabal de Biarritz, j’ai eu la chance de voir Joanna Newsom en 2004 dans une petite salle de Bristol. Steve Reich dans « Music for 18 musicians » qui est de la musique contemporaine, un truc répétitif très puissant. Enfin, le concert le plus incroyable que j’ai vu est probablement le Malien Toumani Diabaté à Dakar, un show en plein air extraordinaire. Une convergence du climat et de la musique unique. Il me semble que c’était en 2016.
Diego : Toumani qui nous a quitté l’an dernier ! Merci François et on te retrouve le samedi 17 mai à la salle du Grand Parc de Bordeaux !
François : Merci Diego, et merci pour cette interview. A bientôt !
 
DRAP 1 © Marco Dos Santos
 
  • Remerciements : Nicolas Humbertjean
  • Photos : Officielles
  • Relecture : Jacky G.