Psychotic Monks interview

INTERVIEW MANUSCRITE #50 – PSYCHOTIC MONKS @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW DE THE PSYCHOTIC MONKS PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Lors de leur premier passage au Krakatoa de Mérignac, les Parisiens de THE PSYCHOTIC MONKS ont accepté de répondre aux questions de DIEGO sous l’objectif de CAROLYN CARO. Paul, Arthur, Martin & Clément ont sorti leur deuxième album baptisé « Private Meaning First » le 29 mars 2019 et continuent de défendre sur scène un rock indépendant, puissant et transpirant. Voici l’entretien du groupe originaire de Saint Ouen (93) :

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Bientôt 30 ans que le Krakatoa existe et c’est un plaisir de vous recevoir dans ses loges qui transpirent le rock n’ roll. Après « Silent, Slowly & Madly Shine » sorti en 2017, est-il difficile de sortir ce fameux deuxième album ? Est-ce une légende ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Nous avons commencé tous les 4 en 2015. Deux frangins et deux potes réunis permettant de trouver notre voie musicale. Pour répondre à ta question, c’est aussi difficile d’enregistrer un premier qu’un deuxième disque. Nous avons eu autant envie de jeter l’un que l’autre!!! (rires)
A force d’écouter et ré-écouter tes chansons, il y a un moment ou tu ne peux plus t’entendre! Je suppose que c’est pareil pour toi avec tes interviews ?
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : C’est ça, je ne conserve aucune archive vocale!
THE PSYCHOTIC MONKS  : C’est rassurant. Si un jour on pense sortir le truc ultime qui n’a besoin d’aucune retouche, il sera temps de se remettre en question et de se séparer.

PSYCHOTIC MONKS @Carolyn.Caro 10DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Il faut une mise en danger ? Perfectible ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Oui. Après l’adaptation scénique est différente et l’humain reprend ses droits alors qu’en studio on fige la musique.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment avez-vous conçu ce disque ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Pas de pause contrairement au premier. Nous n’avons pas arrêté de tourner entre les deux, nous étions dans une temporalité, dans le rush et ne nous sommes pas demandés comment il allait être conçu. Nous voulions pouvoir nous concentrer. Après de nombreux jams et morceaux plus ou moins construits, nous avons trouvé une maison perdue dans la Creuse afin de s’isoler durant trois semaines. C’est le fruit de plusieurs mois de travail sur la route. La grande différence entre ces deux albums est la rencontre avec le label VICIOUS CIRCLE RECORDS dont nous remercions Philippe, son patron. Lors de notre première rencontre, la vie a pris le dessus sur la musique. Après un échange très humain, il a confirmé nous aider à enregistrer dans un studio professionnel (en plus de nos passages à Saint Ouen) et à sortir notre disque.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : L’expérimental est-il primordial dans vos compositions ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Plus expérimentation qu’expérimental. Comment chercher une texture qui nous parle ? Ce disque est moins instrumental, plus instinctif. Nous sommes sortis d’une zone de confort pour éviter les schémas classiques rock. Le but n’est pas de se comparer mais de savoir où nous sommes et où nous allons. Chercher en soi une musique que nous tentons de retranscrire.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Le troisième disque pourrait être du rap ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Tout est possible! Rap avec trompettes et musiciens additionnels!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous chantez tous les quatre. Comment choisissez-vous ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Dans les jams, une ligne de voix sort et nous conservons l’aspect instinctif. Celui qui la sent la chante! Parfois nous créons un personnage sur un morceau et nous établissons une ligne de conduite démocratique dans le groupe. Nous devons nous exprimer tous les quatre pour ressentir un titre valable, pas de leader.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Effectivement j’ai constaté en préparant cette interview que vous jouiez parfois sur vos personnes. L’entité THE PSYCHOTIC MONKS privilégie sur Paul, Arthur, Martin et Clément.
THE PSYCHOTIC MONKS  : Comme le personnage fictif RICK SANCHEZ! Si tu connais la série Américaine RICK AND MORTY, c’est génial et nous nous identifions à RICK SANCHEZ.

PSYCHOTIC MONKS @Carolyn.Caro
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment passez-vous du calme quotidien lors des interviews à la rage chaotique scénique ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Cela fait partie de nous. Même si notre musique peut paraitre sombre, cela ne veut pas nécessairement dire que nous le sommes! (dixit PIERRE DESPROGES)
Nous accumulons certaines choses en nous et pensons que la scène est l’endroit idéal pour l’extérioriser.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comme dirait DIDIER WAMPAS : « Le rock c’est tout à fond! »
THE PSYCHOTIC MONKS  : C’est ça, même en intention basse cela peut être joué à fond!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Les chapitres que l’on trouve sur vos albums servent-ils de guide à l’auditeur ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Pas nécessairement. Nous sommes fans de cinéma et de livres, on aime se raconter des histoires. Cela permet de structurer l’objet que tu crées et lui donner un sens. C’est effectivement un guide pour le lecteur et un fil conducteur pour nous. Sans prévoir quelle partie narrera quoi, musicalement nous tombons d’accord sur les débuts, les fins et les points importants. Notre culture englobe nécessairement plusieurs formes d’art.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Deux mots pourraient très bien vous représenter : LANCINANCE et HYPNOTIQUE. « Minor Division » et « Isolation » définissent le style de THE PSYCHOTIC MONKS!
THE PSYCHOTIC MONKS  : LANCINANT c’est la première fois qu’on nous le dit et cela nous correspond totalement, MERCI! L’hypnotisme vient peut-être de la longueur des titres. On aime entendre les sensations des spécialistes et des auditeurs qui écoutent notre musique. Nous préférons ne pas nous définir musicalement pour que chacun s’y retrouve. C’est hyper-cool.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Parlez-moi de la vidéo « Interzone » récemment publiée sur YouTube et qui dure 18 minutes!
THE PSYCHOTIC MONKS  : Une fois de plus, nous souhaitons que l’auditeur fasse son interprétation. Il y a trois titres live entrecoupés d’extraits filmés où nous sommes en Angleterre lors de notre passage en mai 2019. C’est basé sur le rêve dans le style de DAVID LYNCH, sans trop de description concernant la vie du groupe et de nos deux accompagnateurs. VINCENT BOURRE (le réalisateur) a voulu essayer quelque chose avec ses images sans tomber dans le documentaire. C’est un marqueur entre nos deux albums de 2017 et 2019.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Sans référence à votre idole DAVID CRONENBERG !
THE PSYCHOTIC MONKS  : C’est pour la prochaine vidéo! Un CRASH BIS! (rires)
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous retournez prochainement en Angleterre. Comment se préparent ces mini-tournées ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Il faut imaginer des Anglais qui souhaitent chanter du Brassens pour le jouer en France! Il y a un côté étrange pour un groupe rock Français de jouer en Angleterre en chantant en Anglais… l’environnement et la culture sont différents mais la musique nous rassemble. Celle qui vient de là-bas nous a toujours interpellée et influencée.

PSYCHOTIC MONKS @Carolyn.Caro 4La première fois nous pensions que les Anglais décèleraient l’imposture! Nous avons été très bien accueillis et nos émotions passent avec les groupes locaux. Cela nous donne une maturité et une humilité. Ne pas oublier qu’en France les intermittents touchent une indemnité, en Angleterre cela n’existe pas! Ils doivent bosser en plus de la musique et cela donne une force de caractère qui nous est initialement étrangère. Ce n’est pas le même confort. En Angleterre, la musique est plus un mode de vie qu’un métier.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : D’autres pays visités vous ont surpris ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Oui, la Belgique! C’est trop bien!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : D’ailleurs Clément le fan-club féminin Belge de THE PSYCHOTIC MONKS m’a demandé quand tu te coupais les cheveux ? (rires)
THE PSYCHOTIC MONKS  : (rires général…)
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Difficile en 2019 de sortir un disque et faire des concerts en France ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Nous sommes chanceux grâce à notre statut actuel puis notre rencontre avec VICIOUS CIRCLE RECORDS. Les musiciens des autres pays envient notre situation… en Angleterre tu peux jouer tout le temps dans les bars mais en Italie, il n’y a absolument rien!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous jouez sur scène « Every Sight » qui dure 15 minutes ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Oui! Il nous est même arrivé de ne jouer que cette chanson lorsque nous faisions des shows cases! Ce titre raconte notre histoire et nous souhaitons un équilibre et un fil conducteur dans nos prestations scéniques. Lorsque le temps de set est réduit, nous préférons montrer plusieurs facettes de notre musique en un seul morceau plutôt que de jouer 3 chansons pas nécessairement cohérentes entre-elles. L’histoire de « Every Sight » est riche et après son interprétation, nous avons le sentiment d’avoir tout donné.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous auriez fait quoi sans PSYCHOTIC MONKS ?
THE PSYCHOTIC MONKS  : Professeur d’histoire ou un truc utile! Nous nous sommes tellement construits dans ce projet qu’il est difficile de s’imaginer sans! Voyages, rencontres, artistes, journalistes…

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : La culture est très utile, croyez-moi! D’ailleurs VICIOUS CIRCLE est l’un de vos moteurs, comme pour LYSISTRATA et IT IT ANITA!
THE PSYCHOTIC MONKS  : C’est encourageant de constater que des gens s’investissent dans l’industrie musicale. Carte blanche et confiance. VICIOUS CIRCLE existe depuis 1993 et fait tourner actuellement 7 ou 8 groupes. Ils ont bossé avec CHOKEBORE, SHANNON WRIGHT et MANSFIELD.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci les gars, bonne tournée Anglaise en décembre et beaucoup de shows pour 2020!
THE PSYCHOTIC MONKS  : Merci DIEGO, à bientôt.

Remerciements : Guillaume de VICIOUS CIRCLE RECORDS et Alice du KRAKATOA.
Photographies : Carolyn Caro