LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES-L’INTEGRALE-CHRONIQUE BD@ALAIN SALLES
PAR ALAN MOORE ET KEVIN O »NEILL CHEZ PANINI COMICS
La fin du XIXème siècle laisse présager un XXème agité, du moins selon Campion Bond, au service de la Couronne d’Angleterre. Il décide de réunir une équipe d’individus peu ordinaires ou du moins ayant démontrés des capacités peu banales afin de préserver le royaume. Il commence par Mina Murray, qui se rend au Caire récupérer un Allan Quatermain très diminué. Ils sont bientôt rejoint par le Capitaine Nemo et son Nautilus. L’aventure ne fait que commencer…
Troisième édition de l’intégrale de La Ligue des Gentlemen extraordinaires (sans parler des autres formats !) après celles de 2009 et 2013, soit un laps de temps assez court, est sans contexte un signe de la qualité de l’oeuvre du grand Alan Moore, dont les pages de notre magazine se sont largement fait l’écho….comme la majorité de la critique et du public !
Cette série est la première pierre de la ligne ABC comics qui finit par comprendre quatre titres, tous scénarisés par Moore, Tom Strong, Top 10 et Promethea venant s’ajouter à la liste. A l’instar de Filles perdues (bd érotique que Moore a écrit avec son épouse en 1991), les personnages principaux sont issus de la littérature populaire : le Capitaine Némo (tiré des oeuvres de Jules Vernes, considéré comme le père du Steampunk), (Wilhe)Mina Harker/Murray (dans Dracula de Bram Stoker), Allan Quatermain (Les mines du Roi Salomon, Henry Rider Haggard), l’Homme invisible (H.G. Wells), le Dr Jekyll/Edward Hyde (Robert Louis Stevenson). Celui qui les réunit ? Campion Bond (sans doute un ancêtre de James), membre imminent des services secrets britanniques, pour faire face au cousin de l’impitoyable Fu-Manchu (Sax Rohmer) ou encore au à un médecin un peu spécial qui rappelle implicitement le Dr Moreau (H.G. Wells). Et les références ne se limitent pas à ces quelques oeuvres, Nana d’Emile Zola, Edgar Allan Poe et son Double assassinat dans la rue Morgue, Arthur Conan Doyle (Son dernier coup d’archet) etc. Appuyé par un Kevin O’Neill (Marshall Law, récemment réédité chez Urban Comics) très appliqué au dessin, ces deux premières aventures s’imbriquent avec justesse dans l’époque, donnant une touche de modernité (et de steampunk) à ces romans populaires qui ont d’abord marqué les lecteurs.
Si La Ligue des gentlemen extraordinaires est un vibrant hommage à la littérature populaire de la fin du XIXème siècle, tout le talent de Moore est sa capacité à le sublimer. Comme pour Lovecraft dans Providence (intégrale sortie chez Panini), les récits d’origine se mêlent à la (nouvelle) fiction dans une hypertextualité très maîtrisée.
Du grand art !
Alain Salles