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PAPILLONS DE NUIT 2018 – NORMANDIE (50) #LIVE REPORT @ MICHAEL RAGUENEZ

Pour la deuxième année consécutive, j’ai eu le plaisir de couvrir le festival normand « les Papillons de Nuit », en mai dernier, en compagnie de Delphine Leplatois au shooting photo…

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Photo Delphine Leplatois

Organisée dans un cadre naturel magnifique, verdoyant et vallonné, sous un beau soleil, cette 18ème édition m’a au départ posé question : la programmation était bien plus pop que l’an passé, certainement en raison des goûts musicaux du temps… ? Et puis peut-être aussi en raison de la non-venue tant polémique de Bertrand Cantat… ? Pour autant, certains noms d’artistes programmés m’ont dès le départ mis en mode excitation et impatience : claques assurées avec Shaka Ponk et Suprême NTM … Mais aussi avec des groupes d’un moindre standard, mais tout aussi voir encore plus talentueux, comme Nova Twins, Idles, HMLTD… Comme à son habitude le festival des Papillons de Nuit s’arrête aussi sur des artistes issus des musiques du monde… On allait pouvoir en profiter avec Calypso Rose ou encore Bernard Lavilliers… Au total 39 formations connues ou pas allaient ravir près de 60 000 festivaliers pendant 3 jours de fête.

VENDREDI 18 MAI


Cette première journée du festival a été l’occasion de profiter des prestations des artistes suivants : Shaka Ponk, Petit Biscuit, Mome, Rilès, Roméo Elvis, Jahneration, Diva Faune, Thérapie Taxi, Max Jury, Théo Lawrence & The Hearts, et Nine Million Witches.

Ce qui caractérise le festival c’est bien son ambiance : détendue, conviviale, festive, familiale… certains festivaliers sont attifés pour l’occasion, en mode combinaisons jaune pétant, ou en panthères roses… Tout le monde est muni d’un bracelet Pay & Play, d’un gobelet la plupart du temps au logo du festival… Et ça y est c’est parti… On va de scène en scène, on s’arrête aux bars, les stands de restauration sont pris d’assaut…

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Shaka Ponk (Photo Delphine Leplatois)

C’est vers la grande scène, la fameuse Vulcain, que je vous propose de démarrer… 23h15, le site est plongé dans le noir. Des samples nous emplissent les oreilles, le fond de scène s’illumine, on distingue une gueule d’animal derrière la batterie… Pas de doute, Goz, la mascotte virtuelle des Shaka Ponk, vient d’apparaître…!!! Les 6 musiciens sont toujours là, bien réels eux, avec leur attitude et leur look si caractéristique, mélange entre Mad Max, les Village People, et les Sex Pistols… Sam, la jolie chanteuse d’origine anglo-égyptienne, électrise les 20000 spectateurs présents par sa voix juste et énergique, et aussi par sa crête digne des plus beaux punks anglais… Frah, le chanteur et leader historique du groupe, casquette à l’envers, agite son micro en forme de calumet et parcoure la scène de gauche à droite en permanence… Au bout de quelques minutes, le même Frah improvise un slam dans le public… La sécurité encadre tout cela, Frah remonte sur scène visiblement pas calmé… Puis soudainement, Frah saute par-dessus les gars de la sécu et les barrières, pour atterrir aux premières loges… du public ! Gros délire, et il a toujours le micro en main ! Tout cela sonne bien rock, ça bouge partout dans le public, les rythmiques de guitare ragent et nous entêtent… La batterie et la basse fonctionnent bien, à la manière des métronomes. Les tubes s’enchaînent, le public est aux anges… My Name is Stain, Let’s Bang, How we Kill Stars, Palabra mi amor… L’équipe est en grande forme ! Pour leur second passage aux P2N, ils ont tenu toutes leurs promesses, bien aidés il est vrai par la qualité de leur dernier album dont de nombreuses chansons ont été jouées (The Evol), jusqu’à cette magnifique version de Smells Like Teen Spirit des Nirvana, ainsi que par la qualité de leur show autant musical que visuel.

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Shaka Ponk (Photo Delphine Leplatois)

A peine le set des prêtres zen punk achevé, direction la scène Thécia. Roméo Elvis, révélation du rap belge, poursuit les hostilités. C’est à 00h30 que le duo Roméo Elvis / Le Motel va dérouler ses sons envoûtants et rythmés, martyrisés par une verve teintée d’auto-dérision et d’humour… ça prend, le public y est, certains iront même jusqu’à lancer un pogo en plein milieu du set… Roméo Elvis est l’une des révélations musicales 2017 2018 et l’on comprend pourquoi, il sait mettre le feu !

SAMEDI 19 MAI


On a hâte de remettre le couvert ! Au programme : Juliette Armanet, Django Django, Suprême NTM, Bafang, Petit Fantôme, HMLTD, Inuït, Findlay, Jake Bugg, Idles, Offenbach.

C’est sur la scène Thécia qu’on retrouve les anglais de Findlay. Le groupe, dirigé par Findlay elle-même (chant et guitare), propose un rock garage qui pioche dans le blues, l’acid rock, voire le hip-hop. Nous avons une batteuse, une guitariste et un bassiste qui accompagnent l’ anglaise de 26 ans. L’énergie est bien présente, les musiciens causent souvent avec le public qui lui prend son temps pour se pointer… Quelques effluves de fumée exotique arrivent aux narines du bassiste… Il prend la parole et invite les fumeurs des premiers rangs à se retrouver après le concert histoire de passer du bon temps et d’offrir quelques CDs du groupe. Sympa ! On compare souvent Findlay à PJ Harvey ou à Alisson Mosshart des Kills… Et bien c’est une jolie comparaison, fort justifiée ! Ce groupe pourrait aller bien loin !

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HMLTD (Photo Delphine Leplatois)

Direction la scène Erebia, toujours synonyme de belles trouvailles. Les HMLTD – ou encore Happy Meal Limited – font leur apparition devant un public plutôt surpris, et il y a de quoi… 7 gaziers se partagent le chant, les guitares, la basse, les claviers et la batterie. Voici une formation délurée, qui avance en mode ouragan, à coups de bourrasques rythmiques et d’éclairs électriques. Le band a de l’allure, le maquillage est à l’honneur, quand les fringues sont elles toutes plus déjantées les unes que les autres… On est replongés dans l’une des scènes cultes du Rocky Horror Picture Show. Le chanteur a même un petit côté Billy Idol… Les sons s’enchaînent: ça va vite, c’est électrique mais aussi très électronique. Les HMLTD nous offrent un rock aux frontières de la new wave, du punk et de l’acid pop. Priscilla en aurait été folle, même dans son désert ! Et dans l’attitude c’est plus que punk : les instrus claquent, ça gesticule en mode démantibulé, ça frappe… Tout cela sur fond de consommation de Jack Daniels sur scène… Rock’n’Roll !

Cette deuxième journée tient toutes ses promesses… Et pour les amateurs de rock que nous sommes, il y avait un groupe à ne surtout pas rater… C’est à 22h que nous nous rendons vers la scène Thécia. Le public s’y retrouve en nombre, on attend avec impatience les britanniques de Idles.
Idles, c’est 5 bonhommes – dignes héritiers des Killing Joke – qui nous offrent un rock archi musclé et très frais. Leur dernier album « Brutalism » sorti fin 2017, était donc un beau prétexte à leur venue aux P2N. Très vite, le groupe envoie du gros son : une voix rauque et virile, une basse présente et sèche – très linéaire et efficace – qui appuie bien la batterie, un duo de guitares complémentaires, qui passe sans soucis de rythmiques foudroyantes à des lignes plus mélodiques, et une batterie des plus puissantes… On est sur un registre rock garage, mais l’esprit est clairement post-punk… Et les titres s’enchaînent avec notamment « Mother » qui est certainement l’hymne de la bande… C’est du très lourd que nous proposent les Idles, et le public le lui rend bien ! Ca pogotte, ça gesticule, ça hurle… A tour de rôle, les deux guitaristes slamment dans la fosse, tout en continuant de jouer de leur instrument… Le concert finira même par la destruction des dits instruments, comme à l’ époque des Hendrix ou des Who…

Pendant le set des Idles, la formation Petit Fantôme se produisait sur la scène Erebia… Petit Fantôme tourne déjà depuis quelques temps, et a même quelques albums à son actif : 3 opus proposés depuis 2011, dont le dernier « Un mouvement pour le vent », contenant « Easy Come Easy Go », qui le propulse dans la droite lignée de La Femme ou encore Fauve… En tout cas, le public aura été réceptif à l’univers acidulé de Pierre Loustaunau… C’est très aérien, les guitares saturent, le synthé enrobe… Le son est ici aussi d’une fraîcheur bienvenue, à la limite de l’hypnotique !

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Suprême NTM (Photo Delphine Leplatois)

23h. Il est temps de revenir vers la grande scène. Il y a un évènement à venir… Suprême NTM va être dans la place ! Pour les 30 ans de la création du groupe, les charismatiques Kool Shen et Joey Starr font une pause à Saint-Laurent de Cuves. Enorme !!! On se rend compte du monde qui va assister au set des rappers… Il y a là bien plus de 20000 personnes présentes ! La scène a été complètement réaménagée : les trois lettres N T M sont en fond de scène, faites de tubes lumineux, et à gauche et à droite, des platines de DJ surplombent de près de 5 mètres cet ensemble… Bruit d’éclair ou d’explosion… Les lettres NTM s’illuminent sur fond de décharges électriques. Ca chauffe !!! Le duo mythique fait son entrée ! On est ravis, ils ont clairement la gnake ! Et les titres s’enchaînent, à chaque fois repris par le public : « Qu’est-ce qu’on attend », « Assassins de la Police », « Ma Benz », « La Fièvre »… Les années 95 remontent à la surface, et c’est vraiment plaisant de voir que leur son est toujours d’actualité… La dénonciation des injustices sociales et la description du quotidien de ces années fait écho avec notre actuelle société… Kool Shen est précis, en mode incisif et piquant, Joey Starr est lui en grande forme : son rap est juste, ça rugit comme il faut, l’attitude physique est là aussi pour rappeler que ce sont de « mauvais garçons »… Joey lâche un « Kénavo la Bretagne »… Dans le public on se marre. Curieuse notion de l’espace pour le Jaguar ! NTM met le paquet, jusqu’à leurs featurings : « Aiguisé comme une lame » sera jouée en présence de Raggasonic. D’autres sont invités, à tour de rôle : Bustaflex, Lord Kossity… Et comme toujours, les « Faîtes du Bruit » auront rythmé leur set. Enorme !

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Suprême NTM (Photo Delphine Leplatois)

DIMANCHE 20 MAI


Voici un programme plus éclectique… Ca s’en ressent au niveau du public présent, bien plus familial que pour les deux jours précédents. En perspective : Slimane, Bernard Lavilliers, Robin Schulz, The Hits, Cannibale, Nova Twins, Cabadzi & Blier, Calypso Rose, Lee Fiels & The Expressions, et Gauvain Sers.

Curieux, nous nous rendons sur la scène Thécia à 16h pour la Calypso Queen… Calypso Rose est une musique qui nous arrive de Trinidad & Tobago, ça sonne chaud, on est là peinards, à s’imaginer sur une plage des Caraïbes à déguster un ti ponch sous un soleil de plomb… La reine entre sur scène sous les ovations d’un public déjà conquis. Il faut dire que la dame a gardé une belle énergie, du haut de ses 77 ans ! C’est un véritable band qui l’accompagne : de la basse, de la batterie, de la guitare, des claviers, des percussions, une section cuivres, des choristes… Waaaooou !!! Musicalement, c’est parfait : chaque musicien apporte sa patte, les mélodies sont rythmées, appuyées comme il se doit par chacun à tour de rôle, mais sans trop en faire… Quelle orchestration! Et puis Calypso Rose nous aura ravis en se lançant dans des danses du ventre saluées par les quelques 10000 festivaliers présents… Les messages fusent, autour des injustices et des inégalités sociales, sur la condition de la femme aussi… En cette période c’est bienvenu ! Le set de Calypso Rose aura mis tout le monde d’accord : la joie et les sourires sont bien là !

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Calypso Rose (Photo Delphine Leplatois)

C’est à 21h que Georgia South (basse et chœurs) et Amy Love (chant et guitares) nous donnaient rendez-vous sur la scène Erebia. Les Nova Twins, avec leur rock punk hip-hop militant, y étaient programmées… C’était certainement l’un des groupes à ne surtout pas rater… On a assisté à un concert des plus énergisants de cette 18ème édition. Nova Twins, c’est un trio : une chanteuse charismatique, au flow hip hop, qui envoie des missiles vocaux à tout va… une bassiste surdouée, jouant tantôt au doigt, tantôt au médiator, en maîtrise de ses pédales d’effet (fuzz, overdrive…), qui assène des coups de boutoir des plus incisifs, et un batteur maître de la métronomie. En gros ça décoiffe ! Les tigresses sont en grande forme : elles emmènent dès le début de leur set le public dans une sorte de transe énergique collective… La petite scène des P2N s’est transformée en arène du punk rock. De la scène à la régie c’était noir de monde. De la scène à la régie, ça dansait, ça pogottait, ça slamait. La révélation des Transmusicales 2016 a confirmé, et est devenue certainement la révélation des P2N 2018 ! Un signe qui ne trompe pas : les Nova Twins ont été demandées 2 fois au moment des rappels. Qu’elles ont honorées, tout sourire et visiblement ravies du moment passé… Une tuerie !!!

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Nova Twins (Photo Delphine Leplatois)

C’est avec Cabadzi & Blier que nous décidons de conclure ces 3 belles journées. Performance hors normes : était-ce véritablement un concert ? La vidéo et les effets visuels prennent une place certaine dans le show de cette formation electro hip-hop qui joue beaucoup avec l’esprit slam… Et quand on parle de vidéo, ce sont bien des extraits de films de Bertrand Blier qui défilent en fond de scène… Ces extraits viennent appuyer les sons envoyés et les textes clamés par Cabadzi, très personnels, qui touchent forcément si l’on a l’envie de tendre plus finement son oreille… Belle trouvaille !!!

C’est ainsi que nous terminons ce festival… certains groupes auront été pour nous des confirmations, d’autres des découvertes… On retiendra sans nul doute la magnifique prestation de Shaka Ponk, mais plus encore de Suprême NTM… Et le must pour nous cette année, c’était bien sur les concerts de Idles et des Nova Twins. Merci les P2N, à l’année prochaine !

 

Report : MICHAEL RAGUENEZ
Des Riffs du Kiff

Photos : DELPHINE LEPLATOIS
Delphine Leplatois Photographie