INTERVIEW DE XAVIER LANCEL – REDACTEUR EN CHEF DE SCARCE @ALAIN SALLES
Scarce : une interview de Xavier Lancel
Scarce est LA référence en matière de comics dans l’Hexagone. Ce n’est pas tant la longévité du magazine qui lui confère cette légitimité, mais plutôt la richesse des articles, les interviews des auteurs, l’impressionnante masse d’informations que nous trouvons dans chaque numéro ! Il était donc temps que nous donnions la parole à son actuel rédacteur en chef, Xavier Lancel qui a gentiment accepté de répondre à quelques questions (ndr : cet entretien a été préalablement publié dans l’Avis des Bulles)
Si nous commencions par la partie « origines » de l’histoire de Scarce (je voulais dire saga, mais …) qui remonte à plus de trente ans maintenant ? Et le lien avec l’association SAGA ?
N’ayant pas été témoin des débuts de Scarce, je ne peux pas donner beaucoup de détails. Globalement, Scarce est né en 1982 d’une réunion entre passionnés de comics, à une époque où lire du comics en version originale était une originalité, et où ordinateurs, internet et téléphones portables n’existaient pas. Il y avait donc un réel besoin d’informations et de connexion entre fans. L’association SAGA (qui promeut globalement la bande dessinée américaine) est née pour pouvoir donner naissance à Scarce. Vers Scarce 78, une crise majeure entre les fondateurs de la revue a eu lieu, sur l’orientation et l’aspect à lui donner d’où est finalement sorti le Scarce que tout le monde connait.
Comment vous êtes vous retrouvé comme rédacteur (en chef)?
J’ai commencé à participer à la revue en 1999. J’ai d’abord proposé des articles, puis on m’a demandé de faire des traductions, des relectures, d’écrire des editos sous pseudo et enfin d’être président de l’association une simple formalité administrative. En 2008, constatant que la revue ne sortait presque plus, j’ai convaincu Olivier Thierry alors rédacteur en chef de me passer le relais plutôt que de la stopper. Aidé de Philippe Cordier, qui fut d’une aide primordiale à mes débuts de rédacteur en chef, j’ai repris la publication de Scarce, en la spécialisant encore plus.
Quelques noms de collaborateurs de la revue, passés et présents ? Voire des noms de futures collaborations ??
Alors, cela risque de vous surprendre, mais une des orientations de Scarce dont je suis à l’origine est d’accorder plus d’importance au contenu d’un article qu’à son rédacteur, de ne surtout pas starifier les collaborateurs de Scarce. Néanmoins, je dois avouer que je ne suis pas peu fier d’avoir ramené dans le giron de Scarce avec notre récent n°84 Jean-Paul Jennequin, un de ses fondateurs! Le sujet des articles est plus important que ses rédacteurs. Je peux quand même vous dire qu’on vient d’inaugurer une nouvelle rubrique En Toute Logique, qui décortique à chaque numéro une anthologie comics. Nous avons aussi récemment lancé Boom! Bang, une chronique régulière sur les séries de l’éditeur Boom!
Pour ce qui est des professionnels qui nous gratifient d’une couverture ou que nous interviewons, je peux déjà vous annoncer que Ben Basso va faire une couverture et que Carl Potts et Ramon Perez sont au programme.
Avec la disparition récente de comic box (qui était le complément idéal à Scarce à mon sens), même si elle est provisoire (c’est du moins ce que nous souhaitons !), Scarce devient le seul vrai magazine sur les comics dans l’Hexagone. Comment voyez-vous l’avenir pour une presse qui concerne surtout les passionnés ?
Je ne vois l’avenir d’une presse comics que dans la spécialisation, l’offre d’un contenu qu’on ne peut pas trouver sur le net. Ce qui signifie presque par ricochet que cela n’est possible que dans le milieu du fanzinat. Il y a sans doute toujours de la place pour une revue d’actualité sur les comics mais une bonne partie est déjà faite sur le net, en couvrant les sorties françaises. Ce qui démarquait Comic Box, c’était ses articles très pointus rattachés à des sujets d’actualité.
Plus généralement, comment voyez-vous le public français des comics aujourd’hui ? A-t-il évolué, que ce soit en terme de consommation, de produit (films, séries, VO etc.), de quantité …ces dernières années ?
Le public français des comics semble malheureusement suivre la tendance actuelle des USA, à savoir s’enticher du comics comme outil de collection et suivre aveuglément des modes et tendances parfois très courtes. Cela peut-être à long terme très dommageable à mon avis. Mais en même temps, un nouveau public s’ouvre aux comics, ce qui est positif. Il est juste dommage que celui-ci semble plus intéressé par les produits dérivés (statuettes, films, gadgets, tee-shirts…) que par le produit originel. Et si beaucoup de fans de comics s’intéressent par exemple aux adaptations en séries TV et films ce qui personnellement reste pour moi un mystère, les fans des séries TV et films tirés de comics préféreraient majoritairement perdre un bras plutôt que d’ouvrir un comics à l’exception des fans de la série Walking Dead.
Les thématiques des numéros à venir ? Des articles déjà bouclés ? Des changements dans la composition ? Une nouvelle aventure dans l’édition (d’un nouvel album ?) ?
Le Canada s’invite pour nos prochains numéros avec: Alpha Flight (et une grosse interview de Carl Potts), la maison d’édition Speakeasy & Ramon Perez, suivi peut-être d’un numéro sur le Canada. Et aussi en préparation un numéro sur les animal comics.
Scarce ne bougera pas d’un iota niveau aspect tant que nous n’aurons pas récupéré les aides dont profitait la revue avant les années 2000. A ce moment là, nous augmenterons sans doute la pagination. Il n’y aura plus jamais d’édition d’album ou de bande dessinée par Scarce: ils s’agissaient d’erreurs qui, en plus d’être des échecs retentissants, ont éloigné la revue de son orientation.
Nous allons continuer à produire annuellement des retranscriptions en petits livrets de nos conférences données lors de festivals. Nous devrions aussi commencer en fin d’année si tout va bien la sortie de gros volumes annuels reprenant les premiers numéros de Scarce, remaquettés et remis à jour. Une version anglaise annuelle de Scarce avec seulement ses interviews est aussi à l’étude.
Y-a-t-il un article dont vous êtes plus particulièrement fier ? Pour vous-mêmes ou la revue…
Je ne suis pas peu fier du travail titanesque qu’on vient d’achever sur la Legion des Super-Heroes (sur nos deux numéros 84 et 85). Néanmoins, les numéros centrés sur des artistes restent les plus gratifiants personnellement. Le retour des artistes sur notre travail reste notre plus belle récompense.
Un dernier mot pour la route ?
Je tiens juste à remercier vivement toutes les personnes qui nous ont soutenu ou nous soutiennent actuellement. Cela inclus nos lecteurs, les artistes nous donnant de leur temps et nos différents collaborateurs. Nous n’avons pas l’intention de stopper la revue mais de l’améliorer sans cesse. Cette année pourrait bien être la première depuis 20 ans où nous aurons proposé 4 numéros, sans compter les spéciaux !
Encore merci pour votre intérêt pour Scarce !
Alain Salles
Contact, abonnements :
Association SAGA-SCARCE
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