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INTERVIEW DE FEU! CHATTERTON – KRAKATOA @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW DE FEU! CHATTERTON AU KRAKATOA – MERIGNAC le 28/03/2018 à 18H30

Le 28 mars 2018, j’ai pu m’entretenir avec Arthur, talentueux chanteur du groupe Parisien FEU! CHATTERTON quelques heures avant leur concert au Krakatoa de Mérignac (6ème show de leur nouvelle tournée). Je remercie Annaïg Harnois d’ASTERIOS SPECTACLES, Steve (régisseur) ainsi qu’Alice et sa collaboratrice du KRAKATOA pour l’accueil chaleureux.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : POURQUOI CE TITRE ENIGMATIQUE « L’OISELEUR » POUR VOTRE 2EME LP ? VOULEZ VOUS PRENDRE L’AUDITEUR « AU PIEGE » DE VOTRE TALENT ?

ARTHUR : C’est un peu un accident. Parfois des chanteurs trouvent un nom qui sera le « rail conducteur » de leur disque. Concernant le « piège » de notre talent, ce serait être trop sûr de soi et ce n’est pas notre genre. Par hasard, « l’oiseau » revient régulièrement dans cet album, « l’oiseau qui veille », « l’oiseau qui rode », « un pigeon »… Sans être le centre des chansons, les oiseaux traversent ce disque. Sans vouloir représenter le côté menaçant d’un oiseleur, nous voulions parler de conservation, de garder vivant quelque chose. Les oiseaux ont cette image de venir d’un autre temps, revenir du passé, de l’au delà… comme une lettre, un signe, comme des moments cristallisés que l’on garde en soi.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : D’APRÈS LA LEGENDE LE DEUXIEME ALBUM EST DIFFICILE, HASARD OU RÉALITÉ SCIENTIFIQUE ?

ARTHUR : Oui, il y a peut-être des artistes pour qui c’est simple. Nous concernant, cela a été une inquiétude parce qu’à la fin de la tournée précédente nous étions secs. Le partage fut intense, nous étions vidés et tu te poses des questions sur l’origine d’un début de reconnaissance (hasard ? fulgurance de la jeunesse ? Vais-je être capable de recommencer ?)
Tu prends conscience que c’est un métier, tu crées des accidents qui apportent des idées pour aboutir à une chanson.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : C’ETAIT UNE ÉVIDENCE QUE SAMY OSTA SOIT RÉALISATEUR DE CE DEUXIÈME ALBUM ?

ARTHUR : Oui, nous avons une relation intime avec Samy, du premier EP en 2012 à aujourd’hui. A l’issue de l’enregistrement de notre premier disque « Ici le jour (a tout enseveli) », nous étions un peu frustrés d’avoir fini rapidement cet album mis en boite en Suède. Nous aurions aimé aller plus loin sur la fin et le peaufiner davantage. Après cette tournée, nous avons amélioré notre jeu de scène et avons continué avec Samy car le chapitre n’était pas bouclé.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : DANS CE DISQUE, VOUS AVEZ DES SONORITÉS TOTALEMENT DIFFÉRENTES. COMMENT DÉFINIRAIS-TU VOTRE STYLE ?

ARTHUR : Ca c’est une question piège! Ca c’est un truc d’oiseleur!!! (rires). Je ne saurais pas le dire. Si nous nous sommes permis ces largesses et diversités, c’est que notre style est cinématographique. On ne s’interdit aucun genre, comme un film. Cet album est une narration, une histoire avec des vitesses, de l’action, du calme. Il ne s’agit pas d’une playlist à tenir un engagement stylistique. Je définirais notre style comme une narration autour de ma voix.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : CONCERNANT TA VOIX, TU L’ENTRETIENS AVEC COMBIEN DE CIGARETTES PAR JOUR ? (rire général)

ARTHUR : Non, non j’ai arrêté! J’ai gardé ça en souvenir, j’ai beaucoup fumé, c’est vrai, mais pour être endurant quand tu fais trois ou quatre concerts par semaine il faut tenir le rythme. J’ai arrêté pour l’amour de la chanson et dans l’objectif précis de faire de bons concerts. Cela a été ma force, pour les gens et donner du plaisir.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : APOLLINAIRE C’EST UNE INFLUENCE REVENDIQUÉE ? 

ARTHUR : Pour ce disque là oui. Avant nous avions des influences plus baroque, XIXème siècle, Baudelaire, Rimbaud que je considère plus lyriques. Là, c’est le début du XXème siècle avec la poésie d’Apollinaire qui est d’une modernité absolue. Je suis tombé dedans et cela a fait avancer mon écriture, comme s’il me montrait la direction. Un horizon simple et symbolique.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : NE SOMMES-NOUS PAS DANS L’HUMANISME ? CETTE RECHERCHE D’UN BUT IDÉAL ?

ARTHUR : Ce que j’aime dans les poèmes, c’est la résonance d’une voix intime en nous. Cela devient une fraternité. L’humanisme est l’espoir alors que l’intimité de chacun demeure universelle. Je retrouve çà chez Apollinaire, des prénoms de filles, de rues qui donnent l’impression d’avoir déjà vécu ce qui est relaté. Ces moments là me font sentir proche des gens, sans pessimisme. C’est comme manger un bon gâteau où regarder un bon film, y’a certain poème qui touche directement l’humain. Universalité, fraternité.

ARTHUR DIEGO

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : COMMENT CHOISISSEZ VOUS VOS RÉALISATEURS DE CLIPS ?

ARTHUR : Ce sont des copains qui ont du talent. On les prend pour leurs qualités. Ce disque est familial, de la pochette, au communiqué de presse, aux clips. Nous avons besoin de sincérité dans notre musique. L’intégrité est primordiale. Nos proches nous connaissent et la relation existante ne peut-être la même avec des prestataires. Nous avons travaillé le jour, la nuit sans compter nos heures. C’est la raison pour laquelle Samy, le réalisateur fait partie de cette « famille ». L’engagement est total. Ils sont embarqués avec nous sans hiérarchie. Aucun dévouement, ils s’approprient notre musique et tout est histoire de proximité.
Sincèrement nous préférons être maladroits-honnêtes plutôt que faux. C’est « nous » et j’espère que cela transparait.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : DERNIERE QUESTION, LE 13EME ET ULTIME TITRE DE VOTRE ALBUM S’APPELLE « LE DÉPART ». ÇA PROMET POUR L’AVENIR ?

ARTHUR : C’est marrant car l’album parle de ça. C’est circulaire, comme s’il s’agissait d’une suite qui peut-être une fin et qui repart. C’est une boucle de « Je ne te vois plus » au « départ ». C’est l’idée, être en partance pour quelque part, rester en mouvement sur le chemin. On va voir où tout cela nous mène.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : MERCI ARTHUR, BONNE TOURNÉE DES SALLES ET DES FESTIVALS CET ÉTÉ.

ARTHUR : Merci beaucoup Diego. A bientôt.