La comédie musicale initiale « Les Dix Commandements » a été créée en 2000 sur une musique de Pascal Obispo, des textes de Lionel Florence et Patrice Guirao, une mise en scène d’Elie Chouraqui et une chorégraphie de Kamel Ouali. Cette belle brochette de talents résume la qualité du spectacle qui revient avec une nouvelle troupe depuis l’année dernière et sera en tournée jusqu’en 2026 dans l’hexagone et à l’étranger.

 

Le scénario plonge le spectateur dans l’Egypte antique alors que le peuple Hébreu en est l’esclave. Bithia, sœur du pharaon Séthi ne peut avoir d’enfant et va récupérer un nouveau-né dans un berceau le long du Nil, il sera baptisé Moïse (« sauvé des eaux ») et élevé comme le frère de Ramsès sans connaître son véritable passé. Nefertari qui est promise au futur pharaon a le cœur qui se déchire entre Moïse qui l’a conquis et Ramsès synonyme d’un mariage de raison. Les protagonistes grandissent avec leurs destins respectifs jusqu’à la confrontation sanguinaire du tyran roi d’Egypte avec celui qui doit libérer son peuple et le mener à la terre promise. Le destin de « deux frères » rattrapés par leurs origines.

 

 

Le spectacle qui dure 2 heures 45 (en incluant un entracte de 20 minutes) est une succession de tableaux historiques. La version originale est revisitée avec une nouvelle mise en scène de Giuliano Peparini (« La Légende du Roi Arthur », « 1789 ») qui apporte une ambiance moderne dépoussiérant le duel entre Ramsès et Moïse. Le récit biblique est une odyssée divine qui éblouit le public tant par ses projections visuelles qui sont somptueuses qu’avec ses lumières calibrées. J’avoue avoir suivi cette épopée avec plaisir et même si la musique est jouée en playback, l’interprétation vocale est grandiose et les intervenants qualitatifs. 26 chanteurs / danseurs dont Tony Bredelet, Benjamin Bocconi, Leelou Music, David Lempell, Julien Arcuri et Awa Sy tiennent les rôles principaux. Les scènes les mieux représentées demeurent les plus célèbres comme la séparation des eaux aux environs de Port-Saïd et l’ascension du mont Sinaï par Moïse après que Ramsès a libéré le peuple juif suite aux 10 plaies qui se sont abattues sur l’Egypte, tuant le fils aîné du pharaon.

 

 

Les deux actes sont remplis de chansons « d’amour » et les tubes « La Peine Maximum », « Mon Frère » et bien entendu « L’Envie d’Aimer » sont interprétés avec classe. Tout le monde pense à Daniel Levi décédé à l’âge de 60 ans en 2022 et qui était passé en concert intimiste au Théatro Bordelais 4 ans auparavant. Grâce à ce titre imparable, la représentation côtoie le succès et la renommée d’autres spectacles comme « Starmania » ou « Notre Dame de Paris ». On peut reprocher l’absence de dialogues entre les nombreuses chansons plutôt basiques textuellement et les noirs-salle récurrents lors des transitions qui se rapprochent plus d’un concert que d’une comédie musicale. Néanmoins, les chanteurs font le taf et Yokebed, Ramsès et Moïse sont les maillons forts de cette nouvelle version aux chorégraphies très modernes et rythmées. Visuellement les projections sont réussies permettant un minimalisme dans les décors pour un résultat convaincant. Standing ovation sur « L’Envie d’Aimer » qui clôt ce voyage introspectif aux émanations de liberté dans le contexte sociétal actuel. L’introduction du spectacle projetait des images de guerre de toutes les époques, l’épilogue laisse au public le sentiment que tout est possible en y mettant beaucoup de volonté et de sacrifices. La troupe sera de retour à Arkea Arena le 8 février 2026.