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COGNAC BLUES PASSIONS – 26ème édition #LIVE REPORT @ DIEGO ON THE ROCKS

COGNAC BLUES PASSIONS – 26ème édition

Le soleil est au rendez-vous pour cette 26ème édition du CBP, de bon augure compte tenu de la programmation qualitative proposée par l’équipe de Michel Rolland, directeur du festival. Après la démonstration de Jazz-Manouche de Thomas Dutronc ainsi qu’une leçon de Blues avec (entre autres) Jean Jacques Milteau à Jarnac, c’est Louis Bertignac qui ouvre les festivités aux jardins de la ville de Cognac le vendredi 5 juillet. Légèrement malade mais jamais manchot, l’ex-Insus va proposer de larges extraits de son album récent (“Origines”) et distiller quelques classiques attendus par le public. Ainsi, “Coquine” et “I wanna hold your hand” côtoient “Ca c’est vraiment toi” (en ouverture) et “Cendrillon”, titre le plus célèbre de Louis. 3 reprises enchainées vont réellement convaincre le public des influences assumées du chanteur : “Et ma guitare”, “Gimme shelter” et “Ma gueule”. Le triptyque Beatles/Rolling Stones/The Who demeure incomparable. “Vas-y guitare” assassine l’amateur de l’instrument puis “Un autre monde” et “Ces idées-là” voient les 4 musiciens (dont le fidèle Nico) quitter le Blues Paradise. Sympa, simple, efficace.
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L’Américaine Rickie Lee Jones, 64 ans, investit la scène Experience à 21h45. Celle qui fût “Pirates” en 1981 vient de sortir un album baptisé “Kicks” dont elle propose quelques extraits (“Bad company”, “Lonely people”) entrecoupés de standards. Baskets oranges, veste noire et tee-shirt représentant des singes, le bout de femme blonde alterne guitare sèche et piano sous l’oeil attentif d’un public résolument averti. Pour connaisseurs sous peine d’ennui. La révélation de la soirée sont les Californiens de Tower Of Power, véritable bombe de cuivres et de basses parsemée de la voix du jeune Marcus Scott, 34 ans. Car le groupe affiche 51 ans de carrière qui font la différence dans un style Soul/Funk enflammant et communicatif! La douzaine de musiciens alternent chansons rythmées (dont un hommage à James Brown) et slows langoureux (“Sparkling in the sand”). Incroyable! Pour clôturer cette première soirée, PV Nova et ses 8 comparses recrutés sur le web (expliquant leur nom “Internet Orchestra”) ont la lourde tache de passer après un band légendaire. Le ninja Parisien va relever le défi en arborant lunettes fluorescentes et rythmes entrainants pour un set groovy efficace annonçant un super week-end!
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Dans les bureaux du CBP, ce samedi commence en douceur avec Kaz Hawkins en concert intimiste. L’Irlandaise accompagnée de Sam York (piano) dispose d’une voix qui capte directement l’auditoire. Plus tard dans la nuit elle reprendra les classiques d’Etta James sur une scène appropriée. En fin d’après-midi, le Mali et l’Amérique sont mélangés sous le nom de Griot Blues pour distiller une musique entrainante par l’intermédiaire de Baba Sissoko à la guitare et Mighty Mo Rodgers aux claviers. Comme le déclare justement ce dernier pour motiver les troupes, “The dead don’t move!” L’une des vedettes du festival entre en scène à 20h15 pour donner une messe aux nombreux adeptes présents.

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A bientôt 70 ans, le Supertramp Roger Hodgson (groupe qu’il quitta en 1983) va relater son amour de la France et remercier le public de la superbe vie qu’il lui a offert (comme Bertignac la veille). Sans John Helliwell ni Rick Davies, Roger et ses 4 musiciens enchantent Cognac malgré quelques problêmes sonores. Qu’il soit avec sa guitare 12 cordes ou son synthétiseur Roland RD2000, l’humanisme de l’artiste dont la voix demeure est extraordinaire et les nombreux hits interprétés savoureux (“School”, “Breakfast in America”, “The logical song”). Mention spéciale à “Child of vision” et “Fool’s overture” pour leur musicalité. Hodgson repart sous la chorale du public (“Give a little bit”, “It’s raining again”) et des applaudissements mérités. Entre les deux grosses têtes d’affiche du jour, Fantastic Negrito répend son blues/folk dans les jardins de la ville incluant leur récent single “Plastic hamburgers”. Transpirant, convaincant et l’un des shows les plus remarqués! Mais LE concert du soir restera la prestation incroyable de Garbage. Le rouleau compresseur Americano-Ecossais va bousculer le public pour un plaisir incommensurable! Durant 1H30, Shirley Manson et ses sbires (dont l’énorme guitariste Steve Marker) vont effectuer une démonstration sonore et scénique de haute volée. Les grands tubes sont présents (“Stupid girl”, “I think i’m paranoid”, “Cherry lips”, “Push it”) et la constance qualitative est de rigueur. La chanteuse (aux cheveux rasés mi-longs, moins sexy qu’avant)  s’excuse d’avoir négligé ses cours de Français dans sa jeunesse alors qu’elle arpente la scène en formant des cercles réguliers.
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La puissance de son regard est destructrice! Son charisme est indéniable, qu’elle soit assise près du batteur, allongée au sol ou embrassant le bassiste. “Wicked ways” et son sample de Depeche Mode (“Personal Jesus”) sont grandioses, tout comme “No horses”, “On fire” et “Only happy when it rains”. Célébrant les 20 ans de l’album “Version 2.0”, Garbage prouve que l’esprit grunge des années 90 est toujours présent et qu’il faut compter sur eux, même à 52 ans pour du grunge!

Calmement, ce dimanche après midi s’entame avec Gino Matteo et sa femme au son de leurs compositions et de reprises célèbres. Ainsi le mélomane appréciera “The way you make me feel”, “Crazy”, “I want you back” et le superbe final sur “Shine on you crazy diamond”. Les 5 Lyonnais de Da Break prennent le relais avec un Funk/Groovy saupoudré de Reggae. Le combo fait participer le public (“Touch the moon”) et l’heure est venue de rejoindre les bureaux du CBP pour un nouveau showcase : Catfish. Les 3 Jurassiens vont interpréter 5 titres en comité restreint. La voix d’Amandine monte en puissance pour exploser sur “Make me crazy” et “Death army” qui hérisse les poils! La Gretsch de Damien et le synthé de Mathis font monter l’impatience de voir le groupe en version rock. A l’heure de l’apéro, Chamad Shango mélange charme et ambiance ensoleillée avant l’une des têtes d’affiche du soir : Lavilliers. Superbe “Stand the ghetto” de 15′ pour entrer en scène! Le Stéphanois aux allures de capitaine de navire ayant arrêté la boxe va être fidèle à ses prestations récentes. Efficace, Bernard se raconte et mélange titres récents (“Scorpion”) et grands classiques (“Noir et blanc” revisitée au violon) pour présenter ses musiciens sur une “Salsa” langoureuse. Le public danse, chante et exulte sur le son 80’s de “Traffic” toujours aussi puissante.
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Après le rappel, “Travailler encore” annonce la dure tache des techniciens de la grande scène devant déménager le matériel de Bernard pour accueillir celui de Véronique Sanson. La septuagénaire (qui impose des conditions photographiques drastiques) récemment malade va donner toute son énergie pour combler les Cognacais. Heureuse et encadrée d’une douzaine d’artistes (musiciens, choristes), Sanson présente des titres méconnus (“Radio vipère”) et met en avant les personnes qui l’entourent (les cuivres sur “Mr Dupont”, le violon sur “Marie”) tout en restant assise derrière son piano. La foule exulte sur les tubes (“Vancouver”, “Amoureuse”, “Rien que de l’eau”) et un jeu s’instaure entre un solo de djembé et des applaudissements avant “Bernard’s song”. Il faut malheureusement vite quitter le rappel pour ne pas rater la star rock de la nuit, Yarol.
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L’ancien guitariste de Johnny va lier puissance et générosité dans un set rock n’roll plus mélodique que Garbage. Dès “Runaway”, le ton est donné et les 6 musiciens démontent la scène Tonic Day à coups de riffs de guitares sauvages et salvateurs. L’orgue bonifie les compositions de l’ex-FFF qui met une ambiance de folie… Contrairement à Veronique Sanson qui avait visiblement bien profitée de l’apéro lors du catering (et qui cache sa marque d’eau plate sur scène), Yarol apporte directement une bouteille de Cognac et s’en met quelques lampées entre 2 titres! La classe! “No filter” est dansant alors que “Sale” ravive l’électricité qui sommeille dans les chansons du héros. L’artiste descend en fosse avec sa guitare (“Black cat bone”) puis interprète l’unique titre calme du set, “Voodoo love”. Il finira porté par la foule avec une go-pro en main sur un “Boogie with you” de folie et transpirant. Préparant un second album pour 2020, il faudra compter sur Yarol dans notre paysage Français, et c’est tant mieux!
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Comme à son habitude, le dernier jour commence paisiblement avec un duo des Deux-Sèvres du nom de Vicious Steel. Instruments atypiques (guitare-bidon d’essence, slide-guitare tracteur) agrémentent le set d’un combo-blagueur blues-rock sympathique. Sur Experience, les victorieux Catfish arborent leur logo tête de chat/queue de poisson en fond de scène et proposent aux spectateurs un set rythmé résumant leur 7 ans de carrière. Damien a des médiators scotchés à tous les doigts, Mathis gère les nappes synthétiques alors qu’Amandine sublime les jardins de sa voix mélodieuse. Baguettes à l’envers en mains, elle assure la cadence en complément des deux grosses caisses gérées par les garçons. Charme et qualité sont au rendez-vous et le public présent ne s’y trompe pas… Un arrière goût de Doors très appréciable dont les meilleurs passages resteront “Mama got the devil eye” (en introduction) et l’incroyable “Death army”. Côté avenue 1715 dans le temple du Cognac, Tom Odell va religieusement satisfaire le millier de spectateurs huppés et ravis d’entendre le pianiste virtuose. En 3 albums, l’Anglais de 29 ans a su entrer dans le coeur des gens grâce à une voix prenante et des textes touchants, parfois écrits entre l’hopital et le commissariat à proximité d’où vivait précédemment Tom. Accompagné de Max, un guitariste qui va mettre un peu de pêche au set (trop) calme, il surprend en interprétant un inédit directement sorti de son songbook et en enchainant sur une belle reprise de Springsteen (“Dancing in the dark” de 1984). Le show se clôt avec son tube “Another love” et des applaudissements mérités. Sympathique.

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A 22h45, l’énorme tête d’affiche du week-end entre en scène. Après nous avoir accordé une conférence de presse, Toto livre un set calibré festival d’1H30. Un inédit en ouverture (“Devil’s tower” ressorti de la grande époque pour une compilation récente) avant de mettre tout le monde d’accord sur “Hold the line”. La confirmation qu’il s’agit d’un put*** de groupe en live est immédiate! Entre solos ravageurs et tubes planétaires, la prestation de Steve Lukather et sa bande va se révéler exemplaire. Amours comblés (“Lovers in the night”) ou triste, c’est la chanson inspirée (pour le titre) par “Rosanna” Arquette qui va enflammer le public. Elle eût une relation avec le clavier Steve Porcaro actuellement seul vivant de la fratrie originelle. D’ailleurs ce dernier rend un (court) hommage vibrant à Michael Jackson et Toto interprète “Human nature” que Porcaro composa en 1983, époque où “Thriller” rivalisait avec “Toto IV” au top album. Auparavant Joseph Williams (le chanteur) et Steve ont partagé le micro sur “Georgy Porgy”, une vieillerie de 1977. Le groupe avait annoncé une tournée avec quelques surprises (vieux titres, covers, inédits), c’est le cas! Percussions, rythmiques et basse conjuguées à la guitare sont d’une qualité affolantes.
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Les 8 musiciens présents sont des virtuoses, habillés classe et heureux d’être sur scène. L’esprit communicatif et joyeux déteint inévitablement sur les spectateurs et l’ambiance est palpable. Après un côté acoustique, Toto rallume la chaudière (“Girl goodbye” très fort) puis finira le concert par une reprise des Beatles faussement lente (“While my guitar gently weeps”) et l’extraordinaire “Africa”. Un jeu de voix s’instaure entre le percussioniste et le public pour une version de 10 minutes affolante. Tout comme “Sunday bloody sunday” et “We are the champions”, “Africa” est une chanson devenue un hymne pour plusieurs générations! A vivre une fois dans sa carrière de mélomane! Lumières éteintes, les festivaliers se dispersent, les engourdis en direction de leur domicile, les motivés vers Slim Paul Trio (au jardin) et Eugène De Rastignac (en ville). 

En conclusion, une 26ème édition réussie et diversifiée dont le bilan s’élève à 31 000 billets vendues hors invitations. Le pari d’un jour “Français” et d’un concert le lundi soir est un succès. Un grand merci à Michel Rolland, Marina Daviaud et tous les bénévoles pour ce magnifique festival. Cognac un jour, Cognac toujours…

Photographies : Philippe ARCHAMBEAU / Diego