ERIC JEAN JEAN MeL 1

INTERVIEW #197 – ERIC JEAN JEAN @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW ERIC JEAN-JEAN PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

À l’occasion de la 8ème édition du festival ODP au parc Peixotto de Talence, notre chroniqueur a eu l’opportunité de rencontrer Eric Jean-Jean, animateur radio et parrain de l’évènement. Originaire de Blaye, le diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux mène une belle carrière radiophonique et anime (entre autres) le « Drive de RTL2 » depuis 2016. Écrivain, il est régulièrement sollicité pour commenter la vie des artistes à la télévision. Il a accepté l’interview de Diego qui remercie chaleureusement Nina et Laura de l’agence de communication SUZETTE.DIEGO : Quels souvenirs conserves-tu de ton passage et tes débuts sur WIT FM ?ERIC JEAN-JEAN : Un souvenir super, WIT FM a commencé en juin 1988 et j’ai été embauché en septembre de la même année. Je bossais en tant que DJ dans une boite de nuit à Saint André de Cubzac et ai échoué au casting initial pour WIT FM qui était à 9 heures du matin, juste après ma nuit en discothèque… Je travaillais sur la radio concurrente Studio 2000 et Christophe Sabot, directeur des programmes de l’époque m’a contacté à la dernière minute pour m’embaucher. J’ai commencé par les matchs de foot puis la matinale de 6 à 9 heures avant Julien Courbet qui prenait la suite. C’est un vrai Bordelais de Caudéran ! Perso je suis de Bourg/Gironde, il ne faut pas confondre… (rires)Ensuite, je suis parti sur Paris avec Christophe pour travailler sur NRJ en avril 1991.DIEGO : Entre NRJ et RTL, tu as commencé une carrière audiovisuelle ?ERIC JEAN-JEAN : Oui, j’ai bossé en 1991 sur NRJ et en 1998 sur RTL mais entre les deux, j’ai travaillé sur MCM en 1992, TF1 en 1996 pour les premiers NRJ MUSIC AWARDS qui s’appelaient les DANCE D’OR. Quelques émissions pour M6 et LA CINQUIÈME CHAINE.IMG 1722ERIC JEAN JEANDIEGO : Tu considères ton ADN musical comme radiophonique ou télévisuel ?ERIC JEAN-JEAN : Je suis un mec de radio. J’ai été sur la « rampe de lancement » sur TF1 notamment à l’époque où j’ai présenté les Victoires de la Musique de 2000 à 2002. Je ne souhaitais pas animer de jeux comme mon copain Bruno Guillon. J’ai fait des matinales pour FRANCE 3 quelques années mais j’ai eu le sentiment de faire de la TV pour de mauvaises raisons, à savoir satisfaire mon égo. L’argent ne faisant pas tout, cela ne me réussissait pas et j’ai préféré me réorienter sur la radio. Cela n’empêche pas quelques apparitions TV, je prépare actuellement un documentaire sur la bande son des années 90. De Nirvana à Guns & Roses en passant par les Boys Band, l’Eurodance, le rap, Radiohead et la Brit Pop. Sans oublier les Français Pascal Obispo, Zazie, Axelle Red et d’autres… c’est un film sous forme de prime musical très représentatif de la TV qui m’intéresse.DIEGO : Dans le drive RTL2, arrives-tu à mettre ta touche personnelle dans un espace radiophonique très formaté ?ERIC JEAN-JEAN : Bizarrement, les vraies radios libres sont les périphériques comme RTL et France Inter. Dans l’émission Bonus Track sur RTL, je programmais disque par disque à la main. Sur RTL2, je suis passé d’une radio de 12 à 4 points d’audience et je devais être bon. Guillaume Piau, le directeur des programmes de RTL2 m’ a fait confiance en me laissant une part d’initiative. Nous avons fabriqué un consensus de conducteur me permettant de choisir 3 disques par heure avec un réalisateur/producteur adapté (Thomas) en ayant une marge de manœuvre sur la durée de mes interventions. Je peux passer de 20 secondes à 2 minutes et étant très bavard, je déborde souvent ! Je bouge « les cases » en permanence et évite d’être dans l’obligation, Guillaume l’a bien compris. Je suis également producteur de mes émissions sur RTL (pas sur RTL2) et nous nous réunissons tous les trimestres pour mettre à plat les hauts et bas de mes émissions, comme des partenaires. J’étais le petit jeune de RTL (à 30 ans) pour devenir le vieux de RTL2 (à 48 ans) ! Cela m’a boosté de travailler avec des jeunes sur RTL2 et de retrouver un accès à certains artistes que je n’avais plus… Muse, Depeche Mode, The Cure, Springsteen… tous ces artistes que je rencontrais sur NRJ n’apparaissaient pas sur RTL.DIEGO : Comment es-tu devenu parrain du festival ODP ?ERIC JEAN-JEAN : Il y a 20 ans, Sébastien Lussagnet et quelques pompiers ont débarqué dans le grand studio RTL en me proposant d’être le parrain du téléthon. Le hasard fait qu’une quinzaine de jours plus tôt, j’ai appris que le fils d’un pote d’enfance était atteint de la maladie de Charcot. J’étais bouleversé par cette nouvelle et me suis rendu disponible. Quelques années de Téléthon avec Bernard Lavilliers, Bénabar, La Grande Sophie puis il fallait passer à une étape différente. L’idée d’un festival est née, Thomas Hugues qui était sur RTL m’a filé un coup de main et la transition s’est faite avec un concert unique de Renan Luce. L’année suivante, le festival ODP est officiellement né sur 2 jours, puis 3. RTL2 est entré dans la boucle avec M6 à la communication et l’aventure humaine actuelle est géniale.DIEGO : Arrives-tu à jauger l’attachement des Girondins à ce festival ?ERIC JEAN-JEAN : Non mais j’ai beaucoup de retours sur les réseaux sociaux ou lorsque je croise des gens. J’en suis fier, nous sommes là gratuitement pour une bonne cause et c’est super. Cela s’appelle de l’égoïsme-altruisme qui permet de prendre soin de ton entourage en te faisant du bien. Pour Sébastien et moi-même il est important de récolter un peu d’argent pour les orphelins des pompiers.DIEGO : Étant donné que tu participes à la programmation du festival, peut-on envisager Pascal Obispo en 2024 qui a été annulé en 2020 ?ERIC JEAN-JEAN : Ce ne sera pas lui pour l’année prochaine, j’adorerais qu’il vienne et suis persuadé que cela se fera un jour. Nous avons déjà signé deux très gros artistes pour la prochaine édition que je ne peux pas dévoiler actuellement.DIEGO : Quels sont les quelques disques de ton adolescence que tu citerais comme primordiaux ? Je compte sur toi pour me parler de Goldman dont ton bouquin « Une Vie En Chansons » est superbe !ERIC JEAN-JEAN : Merci pour le compliment ! Mes albums de chevet sont « Harvest » de Neil Young, « Hotel California » de Eagles, « Songs Of Faith And Devotion » de Depeche Mode, « Les Marquises » de Brel, « Morgane De Toi » de Renaud et « Entre Gris Clair Et Gris Foncé » de Jean-Jacques Goldman.DIEGO : Ah oui ! Ce Goldman est extraordinaire.ERIC JEAN-JEAN : Pareil ! Pour écrire mon livre sur ses chansons j’ai beaucoup réécouté « Rouge » qui musicalement est un très grand disque. Jean-Jacques fait ce qui lui plait après les années Top 50 où il était une machine à tubes.DIEGO : « En Passant » était très sympa également !ERIC JEAN-JEAN : Oui parce qu’il ressemble à « Entre Gris Clair Et Gris Foncé ». Comme toi, je suis plus touché par ces deux albums là que par ses premiers disques au début des années 80.DIEGO : Avais-tu vu la tournée des campagnes en mai/juin 1995 ?ERIC JEAN-JEAN : Malheureusement non. J’ai vu le concert du New Morning avant les concerts au zénith. J’ai vu deux fois sa dernière tournée en 2002, sans savoir que c’était fini. Tout le monde pensait qu’il ferait une pause pour revenir à 60 ans… 70 ans… aujourd’hui c’est compliqué. Il sait faire de bonnes chansons mais ne saurait peut-être pas produire un disque. Mon pote Bénabar lui a demandé mais il a répondu qu’il ne savait plus faire. J’ai la chance de côtoyer Bruno depuis une vingtaine d’années, c’est un de mes meilleurs amis.DIEGO : Pour revenir à Jean-Jacques, c’est dommage qu’il n’ait pas proposé une tournée à Celine Dion dans les années 90 !ERIC JEAN-JEAN : À la base, il n’aime pas monter sur scène. En arrêtant les spectacles, il était content de ne plus subir le phénomène « groupies » des années 80. C’est la plus belle anti-star du show business.DIEGO : C’est exactement ce que m’avait dit Maxime Le Forestier en parlant de lui. Il préfère regarder le journal TV à 20 heures chez lui plutôt qu’être acclamé au zénith…ERIC JEAN-JEAN : C’est ça ! Il arrive en moto juste avant le spectacle et repart aussi vite à l’issue. Pour revenir à ta question sur les disques, si je devais garder une seule chanson ce serait probablement « Get The Balance Right » de Depeche Mode, j’adore ce titre.DIEGO : Dans ta carrière, as-tu raté certaines rencontres ?ERIC JEAN-JEAN : Parmi ceux que j’aurais adoré rencontrer : Jimmy Page et Robert Plant. Je me considère comme un enfant gâté après avoir interviewé (entre autres) Prince, Madonna, Mc Cartney, Michael Jackson, Tina Turner, BonoBowie et bien d’autres… il ne faut jamais oublier que c’est l’artiste qui est dans la lumière pour le média que tu représentes. Il manque également à mon panel des chanteurs comme Beyoncé, Lady Gaga, Pink et Neil Young. Un jour peut-être…DIEGO : Et tes plus beaux souvenirs au festival ODP ?ERIC JEAN-JEAN : Le premier c’est en 2022 lorsque Grand Corps Malade est venu me voir pour me faire écouter les maquettes de « Éphémère » avec Gaël Faye et Ben Mazué. J’étais dingue et le concert qui a suivi était extra. Il est resté avec nous en backstage jusqu’à 3 heures du matin. Idem avec Bruno Bénabar au cours d’une soirée interminable dont parfois tu oublies la fin…Je retiens également la fraternité des pompiers. Ce sont des militaires qui ne se défilent pas quel que soit leur état de fatigue. C’est une des raisons pour lesquelles ce festival est différent, je côtoie Sebastien régulièrement mais les bénévoles que je ne vois qu’une fois par an représentent une famille. Hier soir, Juliette Armanet ne voulait pas partir et a fait la fête avec nous en dansant sur Céline Dion à 2 heures du matin. Un autre grand souvenir c’est la prestation de NTM car l’organisation avait peur compte tenu de l’image sulfureuse du groupe. Joey Starr a été énorme en enfilant un casque de pompier.IMG 1725ERIC JEAN JEANDIEGO : Pour finir, les meilleurs concerts que tu as vécus ?ERIC JEAN-JEAN : Je vais te donner mon TOP 3 et ce qui est marrant c’est qu’ils se sont tous passés à la Cigale de Paris ! Prince en 2009 après son concert au Grand Palais. L’after qui a duré 4 heures était incroyable. Ensuite les Red Hot Chili Peppers pour le retour de Chad Smith en 2006 lors d’un concert privé Europe 2, j’étais avec Nagui et le show a duré 2 heures. Enfin et probablement le meilleur, Muse en 2018 qui a fait un concert « on demand », ce sont les fans qui choisissaient les chansons. Un très grand souvenir.DIEGO : Merci beaucoup Éric pour ta disponibilité et longue vie au festival ODP ! Bravo pour les orphelins !ERIC JEAN-JEAN : Merci à toi, à bientôt.
  • Remerciements : Agence SUZETTE / Festival ODP
  • Photos : Diego / Béranger Tillard
  • Relecture : Jacky G.