Diego : Lequel mène à l’autre ?
Joseph : Probablement la peinture qui mène à la musique. Elle servent pour mes pochettes d’album même si mon premier disque représentait une photo de moi, « Big City Secrets » en 1997. Actuellement, je peins en direct sur scène en loopant mes instruments (NdA : technique permettant des boucles sonores) et pense être l’un des seuls à faire les deux en même temps. En musique comme en peinture, il y a plusieurs couches. Par contre, la peinture une fois terminée s’arrête dans le temps et reste figée.
Sonakid : En ce qui me concerne, la même chose. J’ai du mal à différencier les deux car je cherche un moyen d’expression, quel qu’il soit… musique, peinture, cuisine. Tant qu’il y a du sentiment, c’est valable. J’utilise tous les moyens de création pour exprimer mon ressenti.

Diego : Joseph, depuis 6 ans tu ne réalises que des singles. Est-ce un problème d’homogénéité dans les ambiances ou un choix commercial ?
Joseph : La période est difficile pour la musique. De plus, j’ai eu un enfant il y a quelques temps et je n’ai pas eu le temps de tout faire. Les singles permettent de garder un pied dans l’industrie musicale en l’absence de concerts. Néanmoins, j’ai continué à être prolifique et à écrire. J’ai du mal à vivre loin de ma fille mais sait qu’elle va bien, c’est le principal et une priorité.
(En mentionnant le tee-shirt de notre photographe) Je sais ce qu’est le « Rough Trade » (commerce brutal) et la vie en est pleine !
Diego : Sonakid, que dégagent les peintures de Joseph pour toi ?
Joseph : Je suis très heureux de cette question ! (rires)
Sonakid : J’ai eu des passages dans ma vie où j’ai écouté énormément Joseph Arthur, d’autres moins mais son identité est un marqueur dans le temps. Ce fil conducteur m’a suivi, que ce soit en musique comme en peinture et reflète nos évolutions respectives sans se connaitre. Ce sont des « re-love-ution » prouvant qu’on ne change pas mais on évolue.
Diego : Que trouve t’on derrière les masques que tu peins Joseph ?
Joseph : Je pense qu’il s’agit de figures de notre spiritualité, de notre aura et de nos âmes. Nos actions principales ont un effet « papillon ». La peinture représente ce que l’on à en soi lorsqu’on retire le masque.
Diego : C’est ce que l’on découvre dans le clip de « Rise » ?
Joseph : Non, c’était juste une blague correspondant à un spectacle à Paris simultané à une exposition de toiles. Avec Amélie, nous avons eu l’idée d’en faire un clip fun. Même lorsque tu réalises quelque chose de simple et d’amusant, cela peut aboutir à une interprétation plus personnelle.
Diego : D’ailleurs le visuel de CCQUEEN a t’il un rapport avec Joseph Arthur ?
Sonakid : L’influence visuelle des productions de CCQUEEN n’a pas de rapport conscient avec Joseph. Nous sommes le résultat de toutes nos expériences qui forgent une vie et Joseph est une de ces aventures inconscientes qui participent, parmi d’autres, à ma propre identité.
Diego : Joseph, quel retour d’experience fais-tu de ta collaboration avec Peter Buck ?
Joseph : Superbe expérience et nous avons une suite qui sort cet automne ! « Arthur Buck 2 » sera publié en octobre et les premiers singles sont disponibles. C’est un disque très cool de rock n’roll.
Diego : La bonne nouvelle ! Et je trouve que physiquement, vous avez le même profil !
Joseph : Exact ! Comme deux frères !
Diego : Et quel souvenir gardes-tu d’avoir interprété récemment ta chanson « In The Sun » avec Peter Gabriel et sa fille à l’un de tes concerts ?
Joseph : C’était en mars 2025 et ce n’était pas prévu. Un moment fantastique car je pense faire partie de sa famille musicale et nous avons une connexion profonde ensemble. Ce fut mon mentor il y a une vingtaine d’années. Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps mais correspondons par mail, j’ai joué sur plusieurs tournées avec sa fille Mélanie.
Diego : Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Joseph : Oui, je fais des exercices de respiration et des points d’acupuncture durant 15/20 minutes. Je me rappelle en boucle que « je suis le meilleur chanteur du monde ! » (rires)
Il faut donner et recevoir de l’énergie sans égo particulier, avec amour. La paranoïa est d’oublier les paroles et de casser une corde de guitare ! Une tournée est remplie de moments stressants.
Sonakid : Je n’ai pas de rituel particulier car j’arrive facilement à passer du derrière au devant de la scène. Néanmoins, j’ai besoin d’avoir un « moment à moi » lorsque je suis sur scène, comme un oiseau en pleine liberté durant quelques secondes. Cet instant est important et émerge peut-être de ma formation thérapeutique. Après je n’ai malheureusement pas l’expérience de Joseph et ne fais pas assez de concerts. Parfois je retrouve les spectateurs après le concert suite à un regard.
Joseph : Une seconde de grâce synonyme de présence !
Diego : Pour finir, quels sont les plus beaux concerts que vous ayez vus en tant que spectateur ?
Joseph : A Brooklyn – New York, l’un des derniers concerts de Leonard Cohen. C’était une première et j’ai trouvé un ticket pas cher assis à côté de Michael Moore ! Une ambiance détendue et très efficace durant 3 heures. J’ai vu énormément de concerts mais celui-ci était incroyable.
Sonakid : LCD Soundsystem à la Nef d’Angoulême vers 2008/2009. Egalement ma première rencontre avec Jean-Louis Murat que j’adore. Enfin le plus beau concert QUE JE N’AI PAS VU : Laura Veirs qui fut invitée par Milos (programmateur musical Bordelais) et dont j’ai raté la date d’une semaine ! Je lui avais demandé de la faire venir et j’ai oublié le concert…
Diego : Séance de rattrapage en février 2026 pour Laura Veirs ! Merci à vous !
Joseph & Sonakid : Merci !
- Remerciements : Sonakid / Amélie
- Photo : Laurent Robert
- Relecture : Jacky G.
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