1.Joe Jackson Toulouse 2019 020

JOE JACKSON TOULOUSE 2019 – PHOTOS & REPORT @ D.DAROTCHETCHE & L.RIBEIRO

Joe Jackson au Bikini le 4 juillet 2019

Exactement 40 ans après la sortie de son premier album, Look Sharp, en janvier 1979, Joe Jackson décide d’offrir au public un nouvel album, intitulé Fool. C’est donc tout naturellement que démarre le « Four Decade Tour », à travers l’Europe et les Etats-Unis, et jusqu’à nos oreilles.
Après être déjà passé par la France en avril dernier, Joe Jackson revient et s’arrête cette fois le 4 juillet du côté de la banlieue de Toulouse, au Bikini de Ramonville-Saint-Agne.
On est impatients de savoir ce que l’on nous prépare. Sur le site officiel de l’artiste, il explique vouloir fêter les 40 ans en prenant pour pièces maîtresses un album de chaque décennie : Look Sharp (1979), Night And Day (1982), Laughter and Lust (1991), Rain (2008) et Fool (2019) tout en y ajoutant quelques autres morceaux ainsi que des reprises.

Joe et ses artistes arrivent sur scène un par un tandis qu’un enregistrement de batterie occupe l’espace sonore. Le chanteur s’installe devant son clavier qu’il ne quittera pas de la soirée, il nous rappelle ainsi qu’il est aussi très bon musicien. La batterie présente sur scène prend la suite de celle enregistrée presque sans qu’on s’en rende compte. Période de fortes chaleurs oblige, un ou deux ventilateurs sont présents au milieu des musiciens.
À la vue de leur costume respectif, on devine le thème visuel. On est clairement sur un camaïeu de violet. Teddy Kumpel, guitariste du groupe, est sans doute le plus attrayant pour l’oeil : pantalon et veste de costume violet vif, chemise rose et cravate verte à rayures. Le costume de Joe Jackson reste sur du violet mais dans des tons bleutés, son fidèle bassiste, Graham Maby, à ses côtés depuis 40 ans, arbore un pantalon pourpre et une chemise rose pâle. Enfin, Doug Yowell, assis derrière sa batterie, sort un peu du lot en ne portant que le gilet de violet ainsi que son foulard, sans lequel on le voit rarement et qui termine cette considération vestimentaire.
On entame les festivités, sans tarder, avec le dernier album en date, Fool, qui se trouve être le vingtième de l’artiste. Le morceau Alchemy nous offre quelque chose d’envoûtant, sentiment appuyé par un superbe solo de guitare, et qui se termine par le piano maîtrisé de Joe.
Directement à la suite, on revient sur le tout premier album, Look Sharp!, qui fête donc ses 40 ans, avec le tube Is She Really Going Out With Him ? et l’excellent One More Time. Pour le premier, le chanteur laisse la parole au public sur le refrain, un moyen de tisser le lien dès le début du concert et de se rassurer sur la fidélité des présents. On se plaît à retrouver cette époque où l’influence post-punk et new-wave donnait une énergie fabuleuse aux sons caressants et rythmés de l’artiste.
Après cela, retour sur le nouvel album avec le single Fabulously Absolute et le jazzy Strange Land. Grâce au premier, le passage entre les deux albums se fait en douceur, Joe revient sur toute sa carrière avec ce nouvel album, et on reste ainsi dans le rock frappant de Look Sharp!. Le deuxième titre nous renvoie à des albums plus récents dans son style plutôt World Music avec un piano sublimé.
Durant tout le concert, Joe Jackson bavarde beaucoup et nous présente quasiment chaque morceau. C’est ainsi qu’il lance la fameuse rétrospective : « des morceaux de chaque décennie ». D’abord, le Night and Day des années 80, avec Another World, puis les années 90 de Laughter and Lust avec Stranger Than Fiction et Goin’ Downtown. Puis on retourne dans le passé, retour aux années 80 avec les Real Men de Night and Day.
Joe aimerait passer aux années 2000 mais nous explique que l’album Rain de 2008 ne contient pas de morceau éponyme. Qu’à cela ne tienne, c’est tout naturellement qu’il emprunte aux Beatles leur titre Rain pour le revisiter à la sauce Jackson. Suit un morceau cette fois bel et bien sorti de l’album Rain de 2008, Invisible Man.
Le groupe enchaîne avec un parfait mélange de titres des premiers albums et des derniers: It’s Different For Girls, 1979, Fool (qui revêt la scène de lumière multicolores), 2019, Sunday

Papers (au melodica), 1979, You Can’t Get What You Want, 1984, Ode to Joy, 2015 et I’m the Man, 1979, qui conclut le concert, hors rappel. Et au milieu de tout ça, une reprise de King of the World, de Steely Dan, dont les membres font partie des compositeurs préférés de Joe, selon ses dires.
Malgré le fait qu’il reste assis, une belle énergie se dégage du chanteur. Que se soit lorsqu’il tire la langue sous la puissance de chacun de ses « same », sur It’s Different For Girls, ou lorsque les pans de son costume flottent superbement sous le souffle du ventilateur. De petites mises en scène viennent relever le tout, par exemple sur Ode to Joy, où tout s’arrête le temps de quelques secondes, les musiciens prenant une pause figée réussie.
Le moment du rappel est arrivé, et Joe commence par une petite initiative amusante. Il souhaite jouer Steppin’ Out, sorti sur l’album Night and Day en 1982, en étant le plus proche possible des conditions d’enregistrement originales. Il sort ainsi une boîte à musique d’époque, amenée sur scène par un complice « spécialiste » en gants et blouse blanche. Teddy Kumpel et Graham Maby troquent eux la guitare et la basse pour un clavier et un xylophone. En plus d’être drôle, cette petite mise en scène est réussie.
Le groupe laisse tomber la boîte à rythmes, mais empruntent cloche, maracas et autres pour Got the Time.
La toute dernière chanson du concert sera en fait la première puisque le groupe reprend différemment une de ses propres chansons, Alchemy, avec laquelle ils avaient commencé la soirée.
On observe ainsi la même mise en scène qu’à l’entrée des musiciens, mais cette fois à rebours. Ils disparaissent les uns après les autres. Le batteur sort en dernier et laisse après lui le fameux enregistrement de batterie qui colle parfaitement aux dernière notes jouées sur scène. La boucle est bouclée. Cette boucle temporelle que voulait tant nous offrir le chanteur le temps d’une soirée.
En somme, le défi est relevé. Ce sont bien 40 ans de Joe Jackson qui ont revécu à nos oreilles. Le dernier album en est d’ailleurs le parfait reflet. L’artiste se retourne sur sa carrière pour y puiser l’énergie et les rythmes emblématiques de son oeuvre, et on l’en remercie. Laurine.