MATMATAH – ACCOR ARENA 11/10/2025

30 ans de carrière, premier Accor Arena, 18 000 spectateurs, 2 heures 40 de concert en 27 chansons. Voici, en une ligne, le bilan du show enthousiasmant de Matmatah pour fêter leur anniversaire.

En décembre 2023, j’ai la chance de rencontrer une nouvelle fois le groupe et la surprise est de taille : ils vont fêter leurs 30 ans à l’Accor Arena en 2025 ! Visiblement, le challenge vient d’une blague entre Stan et leur manager en début de carrière lorsqu’il disait en déconnant, « On fera bientôt Bercy » alors qu’ils écumaient les bars de Brest. Lorsque la question est posée d’un spectacle inhabituel pour les 30 ans, la réponse est toute trouvée…

À une époque où remplir l’Accor Arena n’est pas simple, les Bretons disposent d’un fidèle public. De toute la France, ils ont convergé pour vivre le samedi unique d’une formation qui avait fêté ses 10 ans à l’Olympia (avec une set-list classique) mais pas son histoire vicennale pour cause de séparation (2007-2017). 

L’Accor Arena vibre dès les premières notes d’ « Il Fait Beau Sur La France » qui parle de silence, d’insouciance pour enchainer sur « La Cerise », « Quelques Sourires » et l’incroyable « Marée Haute » (L’un de leurs plus beaux textes). Le quintette dont seuls Tristan Nihouarn (chant / guitare) et Eric Digaire (basse) sont les membres d’origine est extrêmement bien rodé grâce aux deux belles tournées récentes. Benoit Fournier est arrivé à la batterie à l’époque d’ « Archie Kramer », le claviériste Julien Carton a bossé avec Stan sur sa période solo et enfin le fougueux Léopold Riou est le dernier a avoir rejoint les rangs d’une formation épanouie.

Durant tout le spectacle, Matmatah va revivre sa carrière et donner un plaisir immense à ses fans. Les écrans géants présents sont d’une redoutable efficacité et les fidèles David Pasquet et Kevin Camus enrichissent les compositions aux consonances celtiques de bombarde et cornemuse. « Les Demoiselles de Loctudy » est un magnifique exemple de la qualité musicale des Finistériens. Beaucoup de titres bénéficient de réorchestrations et le groupe se permet quelques surprises… « An Den Coz » et « Le Souvenir » sont très rarement interprétées alors que la capacité de la salle est totalement exploitée avec une avant-scène en fosse et l’ajout musical de cordes et cuivres sur certains titres (« Au Conditionnel »).

Evidemment les grands classiques sont distillés tout au long du show : « Nous y Sommes » en première partie, « Emma » avec une introduction piano qui cache la version rock, « Brest Même » qui rend hommage à la plus belle ville humide du monde et l’incontournable « Lambe an Dro » sans lequel Matmatah n’aurait probablement pas eu la même envergure. Comme en 2023, « Hypnagogia » est une démonstration annoncée de solos de guitare du jeune Léo qui hypnotise les spectateurs. Ce passage est devenu un must dans leurs prestations. Le groupe prend le temps de se retrouver en acoustique au milieu de Bercy pour sacraliser l’instant. Certes ils sont habitués aux 50 000 spectateurs des Vieilles Charrues où ils ont performé à 6 reprises mais cet anniversaire est unique et l’ambiance bien différente du champ poussiéreux de Kerampuilh !

Perso, je conserve mes préférences pour « Crepuscule Dandy », à « L’Apologie » devenue l’hymne des quinquagénaires adeptes du ricard et du pétard ainsi qu’au moment intimiste proposé au coeur de la fosse. Autant dire que la fête est belle et qu’elle ne pouvait se clore autrement qu’avec l’accapela des « Moutons » hurlé par une foule en transe qui se jette sur les bières à 10 balles pour se rassasier. Même la gorge hydratée, l’extinction de voix du lendemain est inévitable et pour les plus téméraires, le mal de crâne…

Avec sobriété et efficacité, Matmatah a régalé son public et il faut féliciter leurs soutiens de toujours, Julien Banes (Upton Park) et Marc Ribette (Arsenal Production). Une fois l’émotion d’une « cousinade » inoubliable redescendue, j’espère qu’un nouvel album est envisagé et qu’on fêtera peut-être les 40 ans prochainement ! Happy birthday !

Photos : TKX Photography – Thomas Kerleroux