RODOLPHE BURGER – 3 CONCERTS #LIVE REPORT @ NICOLAS S.

Rodolphe Burger concert au temple protestant à Rochefort le 22 novembre 2017.

“Bonsoir, c’est bien ici le concert de Rodolphe Burger?” Une Église au centre de Rochefort, 140 places sur les bancs des paroissiens face à l’autel élevé de quelques centimètres et sur lequel trône la chaire de vérité. “Oui, c’est bien là”, on ne nous avait pas mentit. La scène quelque peu austère est solennelle et petite, juste assez de place pour trois guitares , une batterie, une contrebasse. L’éclairage s’estompe et c’est Rodolphe qui va célébrer la messe.

Il entame le set par une version acoustique de “cheval-mouvement”, morceau issu de son premier album solo, après l’aventure avec Kat Onoma et qu’il remanie constamment depuis 20 ans. Cette version acoustique montre le cap, l’église résonne et l’interprétation sera contenue et délicate tout au long de la soirée.
Les concerts de Rodolphe Burger sont des rendez vous, l’artiste invite à travers ces textes, les poètes olivier Cadiot “poème d’or” TS Eliott, Goethe “an lili”, Mahmoud Darwich “le cantique des cantiques”. “Encore un texte sacré ou presque..” ajoutera t il avant ce dernier.
Rodolphe Burger convoque alors le son de ses guitares Gibson, hypnotisant et libre, on oublie la raideur des bancs de bois et on s’élève. Tantôt pop, rock, et souvent blues peu importe, c’est une musique actuelle et sans frontière. Des arrangements orientaux du cantique à la rectitude de “GOOD”, l’important reste l’émotion, le sentiment.
Adéquation parfaite de cet univers avec Christophe Calpini, batteur de Jazz electro Suisse qui rythlme le voyage à travers les chansons. Sarah Murcia à la contrebasse est très présente comme sur l’album, son instrument est idéal dans ce lieu, sa voix dialogue et équilibre celle du chanteur , quelque fois surprenante, les basses ne sont pas toujours là où on les attend. Rodolphe burger surfe entre musique traditionnelle (blues ou mélopée orientale) et boucle de samples électroniques.
Après plus d’une vingtaine d’albums en groupe ou en solo, ce soir c’est le dernier “GOOD” qui est présenté, quasiment entièrement. Le timbre de voix doux et épais de Rodolphe fait penser tantôt à Lou Reed ou Kraftwerk, ce chanté-parlé que Rodolphe Burger nomme “Rock Rhénan” et qu’il partage avec Stephan Eicher, entre autres.

Une soirée toute en délicatesse qui plaît, l’auditoire est rapidement conquis par l’artiste au sourire facétieux et espiègle. Artiste majeur de la scène française, Rodolphe Burger travaille en dehors des chemins balisés et commerciaux, musicien de territoire, il exprime à sa façon à travers ses albums son Alsace natale, mais aussi la Bretagne “batz” ou encore l’Allemagne “Psychofarmaka”. Son carnet d’adresse va d’Higelin à Fantasio ou stade et bien sûr comptait Alain Bashung dont il a joué ce soir le morceau “Samuel Hall” composé ensemble sur “Fantaisie militaire”.
On ressors toujours sonné de ce genre de soirée, Rodolphe Burger arrive à divertir et nous faire voyager avec des mots qui résonnent venant de textes anciens ou récents, de poésie, dans des musiques traditionnelles ou actuelles.

Rodolphe Burger concert au Trianon à Paris le 30 novembre 2017

“Une semaine plus tard, rendez vous dans la capitale pour cette soirÈe “parisienne”. A la fin du concert de Rochefort, Rodolphe m’avait confié que le set parisien réserverait des surprises et serait plus électrique. Effectivement, l’ensemble des titres sont présentés dans leur version “standard” , un peu plus électrique mais toujours cette même élégance. le son du concert sera parfait, ce théâtre est idéal. Après vérification auprès des techniciens, le concert a été enregistré, vous pouvez en voir des extraits sur youtube. La salle est pleine et les amis au rendez vous, je reconnais Yan Péchin le guitariste de Bashung parmi la foule, quelques autres visages connus, Rodolphe serait il “tendance”? L’album Good est parfaitement défendu, les versions plus incisives qu’à Rochefort plus blues, c’est un autre concert, génial.

Naturellement, on est à Paris, Rodolphe m’avait parlé de surprises et le chanteur Christophe en fait partie. Ils interpréteront “la chambre” , titre subtile qui laisse à Christophe la possibilité de placer son timbre délicat, presque suggéré qui se marie avec bonheur à la voix basse de Rodolphe. La soirée s’enchaînera avec “Lenz “, l’un de mes titres préférés du dernier album et ce sera Bertrand Belin qui l’interprétera, petit jeu d’acteur, basé sur un texte de Buchner, la scène se déroule dans la vallée voisine de “la ferme” , le lieu d’enregistrement alsacien de Burger. Le public en redemande, les rappels des grands soirs sont de sortie avec “Moonshiner c’est dans la vallée” et “Radioactivity” de Kraftwerk. Une belle soirée parisienne ou après le concert , les amis de Rodolphe seront trop nombreux et pas mon style, je préfère mes amis parisiens et le petit verre de rouge au bar du coin.

Rodolphe Burger concert à La Sirène – La Rochelle le 3 Décembre 2017

Retour en Charente Maritime pour mon dernier opus “Burger 2017”. “Cette guitare a une bouche” est le titre annoncé pour cette rencontre avec Serge Teyssot-Gay. Les deux guitaristes ont travaillé ensemble autour d’un projet consistant à mettre en musique des poèmes d’amour andalous du 14 ème siècle. Je retrouve pour la troisième fois Sarah Murcia à la contrebasse, clavier et voix. Le batteur Arnaud Diterlen est présent, cela fait bientôt 20 ans qu’il est présent auprès de Rodolphe. Le duo de guitariste converse musicalement, le son hypnotisant de Rodolphe se superpose à la précision cinglante de l’ancien guitariste de Noir Désir, on atteint des sommets tout au long de ce set d’1H20, plutôt court comme format , mais l’on assiste à une pièce de théâtre tant la musique est imagée. Entre rythme traditionnel de l’Europe du Sud mais aussi rythmes indiens ou samples de chant inuit et bien sûr teinté de blues…

Le son est un peu moins bien mixé ce soir, dommage car les titres sont des joyaux rares et précieux. Rodolphe récitera un poème Zoe Leonard en français , poème engagé “un président qui ne soit pas un moindre mal”. Le son prend de l’ampleur et le concert est une réussite. J’en discuterais avec Rodolphe qui sera encore sur son petit nuage après le concert, on évoquera ensemble une manifestation contre le front national à Strasbourg 20 ans plus tôt. J’y étais, et Rodolphe avait fait distribué un CD dans la rue “Egal Zero”, un titre qu’il avait enregistré en une nuit, quel souvenir…
Une petite dizaine de jours avec Rodolphe c’est la banane pendant un mois, planant, hypnotisant et captivant. Trois concerts et trois facettes, le même musicien pourtant, … et si c’était un peu ça un artiste.

Nicolas S.