
INTERVIEW STONE OF A BITCH @ DIEGO ON THE ROCKS
INTERVIEW #251 : STONE OF A BITCH
Le duo STONE OF A BITCH est composé d’Alice et de Ludwig qui se répartissent les rôles pour assumer un punk / rock contemporain efficace et sans état d’âme. Ils ont récemment publié l’EP « Ludwigtory » et distille régulièrement sur les réseaux les méfaits d’une collaboration fructueuse. Pour Musiques En Live, Diego les a rencontrés au MECA de Bordeaux lors d’une sympathique interview.
Diego : D’où êtes-vous originaires et que veux dire Stone of a Bitch ?
Ludwig : Le projet est né dans les Alpes-Maritimes où nous vivons mais dont nous ne sommes pas originaires. Le groupe a été créé en 2017.
Alice : C’est la musique qui nous a rapproché. J’avais un groupe qui a joué dans un festival et Ludwig faisait parti de l’organisation.
Ludwig : J’ai entendu sa voix, un projet local avec une fille en leader qui tient sa place, ce n’est pas fréquent. Cela a fait écho à mon parcours musical et nous avons décidé de tenter l’aventure ensemble. Pour le nom « Stone of a Bitch », c’est le côté « sale gosse », les résidus du chaos que l’on retrouve dans nos textes. La liberté de la pierre qui roule conjuguée au résultat d’une mise à l’épreuve.
Alice : J’ai pour habitude d’annoncer en concert que nous sommes les enfants du chaos et que nous reconstruisons à partir de cette base.
Diego : Musicalement, vous avez plusieurs styles mélangés en un seul groupe. Punk, rock, électro, métal, garage…
Ludwig : Ce sont toutes nos influences que nous appelons le « rock métamorphique ». Un processus géologique qui met sous pression des roches pour une transformation plus stable. Cette fusion représente notre musique et si nous devions nous situer, ce serait un trip-power-rock.
Diego : Et dans vos jeunesses respectives, quelles furent vos influences ?
Alice : Je viens du rap, trip-hop, pop-rock.
Ludwig : Personnellement, plutôt grunge / métal. Stone of a Bitch est un mélange de toutes ces influences. Une rencontre entre Amy Winehouse et Norbert Krief ou Bjork avec Tommy Iommi !
Diego : On situe mieux l’ambiance ! Comment se passe votre tournée actuelle ?
Alice : Nous sommes en fin de cycle jusqu’en août mais de nouvelles dates vont être prochainement annoncées. L’objectif est de jouer jusqu’à la fin de l’année.
Ludwig : Il s’agit de la tournée la plus structurée depuis nos débuts. Nous avons découvert plein de salles et cela se passe très bien. Quelques invitations se profilent pour la fête de la musique et la rentrée de septembre.

Diego : Concernant les concerts, quels sont vos rôles respectifs ?
Alice : Nous avons opté pour une formule où je me consacre exclusivement au chant et aux échanges avec le public. J’ai besoin de ce contact et n’hésite pas à entrer dans la fosse.
Ludwig : Les machines sont préprogrammées, j’interagis si besoin et nous essayons d’être au plus près des gens. Je m’occupe des guitares en live. En duo, les machines te monopolisent physiquement et ne doivent pas devenir une barrière.
Diego : Depuis l’année dernière, vous avez publié un single par mois ?
Ludwig : Nous sortons régulièrement des singles radios de nos chansons qui sont plus longues dans leurs versions originales. C’est le cas pour notre EP « Ludwigtory ».
Alice : C’est dans l’air du temps et c’est important de pouvoir ressortir nos chansons de la période Covid afin de les faire connaitre.
Ludwig : Les formats courts se prêtent à l’époque.
Diego : Et cela permet une communication permanente et régulière. De quoi parle « Shacked to the Royal » ?
Alice : C’est un cri de colère suite à un constat. La démocratie dans laquelle nous pensons vivre n’existe plus. Ce titre commence par le discours d’acceptation d’un prix Nobel de la paix et relate la censure, les artistes qui essaient d’exister mais qui sont écrasés par des lois.
Diego : Un constat culturel ou global ?
Ludwig : Bien au-delà de la culture. Le contrôle des vies sous un aspect numérique. « Wasn’t that supposed to be our way ? » La représentation du peuple n’est plus.
Diego : Parlez moi du clip qui vient d’être publié ?
Ludwig : Réalisé par notre ami Seb Hona, ce clip est une construction commune. Il est difficile d’illustrer le délitement de la démocratie et nous avons imaginé un prisonnier qui recherche l’échappatoire en pointant du doigt le décisionnaire derrière cette déchéance. Il a été tourné non loin de chez nous sur la côte d’azur.
Alice : C’est un clip de potes. Une belle expérience.
Diego : Musicalement, les machines sont une partie intégrante de vos travaux ?
Alice : Complètement. L’image sonore est modifiable en permanence sur scène.
Ludwig : D’où le changement entre nos premiers titres et nos productions actuelles. Avant, nous composions en studio et la multitude d’instruments disponibles n’étaient pas applicables en mode concert. A deux, on ne peut pas jouer tous les instruments ! Actuellement, on se sert d’une machine qui nous suit en concert. Néanmoins, une place d’improvisation est possible avec les boucles et les séquenceurs que l’on adapte aux salles.
Diego : Y’a t’il un lien entre les titres « Lao Twin » et « A Twin » ?
Ludwig & Alice : Ah ! Cela ne t’a pas échappé… L pour Ludwig et A pour Alice !
Ludwig : Concernant le texte, il y a une recherche de l’autre. Un clin d’oeil différent, d’un côté il faut laisser de côté l’innocence, de l’autre il faut saisir la main tendue sans perdre le lien. Deux univers électro. Ces titres rappellent « TnBrs » dans notre premier album de 2017. Un triptyque que l’on pourrait enchainer sur scène.
Diego : Et concernant Narges Mohammadi, militante des droits de l’homme en Iran que l’on entend en introduction de « Shacked to the Royal » ?
Alice : Nous avions ce thème du totalitarisme masqué et l’histoire de Narges m’a touchée. En approfondissant, une journaliste femme Iranienne qui milite pour les droits humains semble représenter une histoire importante. Ces mots m’ont donné la chair de poule. Comme si nos destins étaient liés.
Ludwig : Une incarnation de la liberté qui est le thème central de notre disque. Des mots forts qui naturellement s’imbriquent. Le clip contient quelques clins d’oeil, notamment la présence du globe trotteur Olivier Grondeau. Le hasard fait qu’il a été libéré deux jours avant notre tournage en mars dernier.
Diego : Idem pour Boulaem Sensal dont toute la communauté culturelle se fout…
Alice : Tout comme une infirmière Russe pacifiste accusée de trahison ou Nudem Durak, artiste Kurde qui a chanté dans sa langue natale et est emprisonnée en Turquie…
Diego : Difficile de refaire les médias français à géométrie variable et intéressée ! De quoi parle le titre « Queens of the Sun » ?
Ludwig : C’est plus léger. Une anecdote de musiciens où nous avons perdu l’intégralité de travaux stockés sur des cartes SD. Nous avons pensé à une éruption solaire et mis à la poubelle 3 jours de boulot… le thème relate les menaces climatiques.

Diego : Vous avez mis en place une structure associative ?
Ludwig : Oui, « SoFab » qui veut dire So Fabulous. Son but est de développer le travail artistique local, un accompagnement qui soutient des projets dont Stone of a Bitch. Une aide à la production et aux tournées.
Diego : Un peu comme Last Train avec Cold Fame à leurs débuts et qui produit Bandit Bandit, le même genre de combo que vous ! Autre sujet, y’a t’il des métiers que vous n’auriez pas pu faire ?
Alice : Je n’aurais pas pu bosser dans l’administration, même dans le secteur culturel. J’ai besoin d’un contact, d’échanges, de voir du monde. Je n’envie pas les bénéficiaires du télétravail et je hais les maths !
Ludwig : Un job sans humain ou nature, je ne pourrais pas ! J’ai besoin de relations.
Diego : Quelles sont les 5 plus belles minutes du groupe ?
Ludwig & Alice : Les 5 dernières de nos concerts où le public reprend en chœur notre titre. Un accapela de « Ludwig’s March » par exemple… et on rallume la guitare pour les accompagner !
Alice : D’ailleurs c’est nouveau et surprenant de voir des gens qui assistent à nos concerts et connaissent certains titres. Parfois nous pensons faire découvrir mais le public actuel est curieux et c’est génial.
Diego : Question difficile, avec quelle personnalité iriez-vous au restaurant et de quoi parleriez-vous ?
Ludwig : Avec Joe Duplantier de Gojira. Nous parlerions de développement musical, d’expériences, de relations aux instruments. Leur musique est précise et magnifique.
Alice : J’aime Johnny Depp et j’adorerais le rencontrer. J’ai vu son sosie qui lui ressemble énormément et ai été bluffée ! Nous parlerions de sa filmographie et de ses difficultés pour continuer à croire au cinéma. J’admire les acteurs pour leur capacité à entrer dans ces nombreux personnages.
Ludwig : Et moi je ne te laisserais pas seule avec lui ! (rires)

Diego : Je te comprends… Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Ludwig & Alice : Un petit shot ! Cocktail maison relaté dans une de nos chansons…
Diego : Comme dans « Carribean Dive » ! Pour finir, quels sont vos meilleurs concerts vécus en tant que spectateur ?
Ludwig : Mes premiers concerts étaient très forts. J’ai des souvenirs de Therapy, Metallica à Vincennes dans les années 90 et Alice in Chains. Sinon j’aime l’ambiance des festivals comme les Eurockéennes où j’ai pu voir Daft Punk. Un énorme dancefloor !
Alice : Jeune, je n’ai pas pu sortir faute de moyens. Il y a une dizaine d’années, j’ai vu System of a Down à Milan avec Deftones. Une grosse claque. J’aimerais voir Bjork.
Diego : Et Johnny Depp avec Hollywood Vampires ! Alice Cooper et Joe Perry !
Alice : Evidemment !
Diego : Merci à vous pour cette interview.
Stone of a Bitch : A bientôt !
- Remerciements : Yann Landry
- Photos : Diego
- Relecture : Jacky G.