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INTERVIEW #147 – ZERO + ZERO @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW ZERO + ZERO PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

ZERO + ZERO est un duo composé de Don RIVALDO (Hervé) et Vincent BOSLER (chanteur de THE HYENES) qui, en 2021, ont décidé d’associer leurs talents respectifs pour produire un “folk & roll de la muerte !”
 
En utilisant des instruments du monde (ukulélé, bouzouki, guitare, violon, cigare box et stomp), les anciens membres du VERY SMALL ORCHESTRA proposent un voyage original et surprenant qui ravira les amateurs d’Espagne, de spaghettis et d’alcool. Les très sympathiques ZERO + ZERO ont accepté de recevoir MUSIQUES EN LIVE juste avant un concert en sud-gironde. L’album sort le 16 avril, voir lien en bas de page.
 

DIEGO : Vous êtes-vous rencontrés avant THE VERY SMALL ORCHESTRA ?
DON RIVALDO : Non. Nous nous sommes rencontrés pendant le VERY SMALL ORCHESTRA ! J’étais ami avec Kiki GRACIET qui joue de l’harmonica et ne connaissait pas Vincent. Au cours d’une soirée, nous nous sommes convenus qu’il serait sympathique de jouer ensemble… initialement je ne devais participer qu’à un ou deux morceaux du collectif.
VINCENT : Le VERY SMALL ORCHESTRA est un trio. Créé en 2010, nous sommes 6 (NdA : Denis BARTHE, Don RIVALDO dit RV, Kiki GRACIET, Pascal LAMIGE, Jerome BERTRAND et Vincent BOSLER) et avons enregistré 3 albums mélangeant compositions originales et reprises. Pour l’instant le format trio est arrêté, néanmoins il arrive que nous jouions en formation complète baptisée le VERY BIG SMALL ORCHESTRA pour des pièces de théâtre.
 
DIEGO : Et Denis repart sur le projet KARTEL avec Olivier MATHIOS des HYENES !
VINCENT : Exactement ! Avec des gars de Mont de Marsan et de Pau qui jouaient dans le projet WE ARE THE BAND, un concert avec “1000” musiciens.
 
DIEGO : Alors d’où vient l’idée ZERO + ZERO ?
DON RIVALDO : Vincent souhaitait baptiser le projet THE LONESOME ZERO. Après discussions, on a constaté que j’avais du mal à prononcer le nom du groupe… ça là foutait mal ! Nous avons gravité autour du 0+0 et avons trouvé ce nom.
VINCENT : Et quand tu démarches au téléphone pour te présenter afin de te produire sur scène, c’est plus facile ! (rires)
DON RIVALDO & VINCENT : Après nous avons ressenti naturellement l’envie de travailler ensemble sans le prévoir de longue date. Le confinement a permis de produire cet album de chansons originales. 
 
DIEGO : Où a été enregistré cet album ? Vincent tu fais toujours les textes ?
VINCENT : Il sort le 16 avril 2022 (plateforme Chez SIMONE) et a été enregistré chez Don RIVALDO. A cette occasion, Hervé a investi dans un home-studio et nous nous sommes débrouillés seuls. Nous avons fait une résidence en janvier afin de tourner un clip qui s’appelle “L’Espagne”. Celui-ci sortira probablement après “La Classe Internationale”, titre plus rigolo qui sera disponible mi-avril. 
Je te confirme avoir écrit les textes de l’album excepté sur “L’Espagne” qui est une collaboration avec Olivier DAGUERRE.
 
DIEGO : Et tu conserves ta voix désabusée ?
DON RIVALDO : Une culture de la loose ! 
DIEGO : Excellent ! On la garde ! Comme dans “The Lonesome Zéro” qui ouvre l’album ! J’espère que ce n’est pas une basse estime de toi-même… 
VINCENT : C’est marrant parce que rétrospectivement je constate que mes textes sont “plombés”. Je ne me force pas et ce n’est pas autobiographique. Les histoires racontées sont une synthèse des gens que tu croises à un moment donné de ta vie. 
DON RIVALDO : C’est pas “Je” mais “Il” ! Comme Alain DELON… (rires)
 
ZERO REGARDS
 
DIEGO : Quelle lecture peut-on avoir du titre “L’Espagne”, probablement la plus belle composition de cet album ?
DON RIVALDO : Au sens large, on peut penser à l’actualité qui concerne les migrants mais plusieurs lectures sont possibles.
VINCENT : Cette chanson avait pour but de retrouver le côté Eldorado de l’Espagne dans un sens large. Pour les Français aussi, aller en Espagne était salvateur à une certaine époque. Malheureusement, la merde semble mondialisée et tu n’es plus à l’abri de rien dans aucun pays. 
 
DIEGO : On pourrait même transposer ce texte pour l’Ukraine… mais que faut-il faire ?
VINCENT : Arrêter de leur vendre des armes…
DON RIVALDO : Changer les paroles de la chanson ! (rires)
 
DIEGO : (mort de rire…) Comme le film “Lord Of War” avec Nicolas CAGE ! Le but est de faire du pognon. Par contre musicalement vous produisez des cordes qui apportent un côté dramatique ! 
DON RIVALDO : C’est vrai. Quelques notes suffisent parfois à étayer le texte. 
VINCENT : Complètement d’accord, le solo de violon te saisit recto-verso ! 
 
DIEGO : Et comment nait une chanson de ZERO + ZERO ?
VINCENT : On prend un verre, un volume de Ricard et 7 volumes d’eau ! (rires)
Plus sérieusement, aucune recette miracle… par exemple “Une Fille de L’Industrie” c’est un rêve que j’ai fait. Il n’y a pas de vécu au sens “situation” mais simplement un vécu “dans mon imagination”. Parfois, trois phrases à la con griffonnées sur un coin de table apportent les bases d’une nouvelle chanson. 
DON RIVALDO : Avec l’écriture de Vincent, l’harmonie parait évidente même si elle peut-être initialement sommaire. Nous avions une contrainte : celle de pouvoir jouer les morceaux composés à la maison, à deux sur scène. 
VINCENT : Malgré les arrangements, il fallait que l’ensemble tienne debout pour une présentation devant un public. 
DON RIVALDO : Il y a deux morceaux où je joue du violon et les parties ont été ajoutées ultérieurement. Avec le VERY SMALL ORCHESTRA, je jouais uniquement du violon. Dans le projet ZERO + ZERO, j’ai eu envie d’explorer des sonorités nouvelles comme celle du Bouzouki qui est une grosse mandoline. J’ai également une guimbarde Indonésienne.
VINCENT : Une prise de son tardive sur un canapé… un instant mémorable !
DON RIVALDO & VINCENT : Nous avons une harmonie de base tout en jouant des textures différentes avec des instruments différents. 
 

 
DIEGO : Le fait d’être moins nombreux est-il un avantage ?
VINCENT : Pas forcément. La richesse vient des arrangements et plusieurs musiciens auront plus de couches sonores qu’en duo. ZERO + ZERO c’est presque deux fois guitare/basse/batterie en fonction des morceaux. Il faut remplir toutes les fréquences, un titre comme “Sait-On Jamais” comporte du bouzouki et du ukulélé et ce n’est pas évident à jouer.
DON RIVALDO : Un morceau “serré” et haut perché en tessiture. On se l’approprie avec le temps mais au départ il n’était pas simple. Le confort du studio et du live n’est pas le même…
 
DIEGO : Le home-made à cet avantage : ce que je ne fais pas aujourd’hui, je le finirai demain !
DON RIVALDO & VINCENT : Exactement ! Pas besoin de forcer et on peut passer à autre chose… 
DON RIVALDO : Nous sommes même tombés sur une faute d’accords en écrivant en “coin de table” et cela à mené à conserver l’esprit d’une chanson. Tu profites d’une erreur pour créer une mélodie.
VINCENT : Comme le titre “In The Air Tonight” de Phil COLLINS !
DON RIVALDO : Tiré d’un film vidéo amateur où le mec tombe à vélo dans des poubelles… la rythmique vient de là ! (rires)
DIEGO : Vous aviez parié de glisser le terme “Phil COLLINS” dans cette interview !
VINCENT : C’est pas une connerie… c’est l’ingénieur-son du studio d’enregistrement qui avait oublié de couper le micro de sa table de mixage !
 
DIEGO : Comme STING sur l’intro de “Roxanne” avec POLICE ! Musicalement vous aimez les titres qui partent doucement et qui montent en puissance ?
VINCENT : On aime cet exercice genre “montagnes Russes”. L’intensité monte progressivement. 
DON RIVALDO : Et ces morceaux nécessitent d’être épurés en concert car nous jouons sans machine. Les arrangements discrets ne sont pas présents en live.
 
ZERO GUITARE
 
DIEGO : C’est quoi avoir “La Classe Internationale” ?
VINCENT : C’est ironique et cette chanson représente la différence entre les petites gens et les grands de ce monde. D’ailleurs le confinement a prouvé que les personnes les moins bien payées sont essentielles à notre pays, c’est ça avoir la classe internationale !
On peut être looser et indispensable. Néanmoins ce morceau n’a rien de militant et est marrant.
 
DIEGO : D’ailleurs j’adore le jeu de mots entre “squatter l’hypothalamus et lécher la main” dans ce titre… Pour paraphraser vos chansons, en 2022 qui est le “grand gourou”, le “chef de file” ?
VINCENT : Celui qu’on va malheureusement réélire ! Inutile de dire son nom. La précarité sentimentale peut dépendre des décisions politiques. On peut-être misérable aussi parce qu’on en chie dans sa vie personnelle… le personnage de cette chanson rappelle que le chef de file nous met des bâtons dans les roues dont on a pas forcément besoin. 
 
DIEGO : Des voyous en costume ! Le titre “Sait-On Jamais” pourrait-il avoir un lien avec “Tu Peux Dormir Tranquille” des HYENES ? L’homme est-il si mauvais que ça avec les femmes ?
VINCENT : Nous sommes dans la même thématique. En fait cela vient d’une lecture sur la femme Africaine qui est considérée comme le dernier maillon de la chaine. L’Africain est socialement la dernière marche au monde, et en dessous on trouve la femme Africaine… Une soumission et un manque de considération qui sont extrêmes.
Au départ, cette chanson parle d’un homme qui est un looser et qui va dérouiller sa femme parce qu’il a passé une journée de merde… comme si on avait besoin de trouver plus bas que soi. Effectivement une histoire pas gaie…
 
DIEGO : On retrouve quelques titres en Anglais sur cet album ! 
VINCENT : C’est plus difficile d’écrire en Anglais et “Dancing Alone” et “Like a Good Boy Should” sont chantés dans la langue de Shakespeare. Tout est question de sonorité et les mots viennent en Anglais, je ne traduis pas ! En fait c’est la première phrase qui va sortir avec les bribes de musique qui va définir la langue de chant d’un texte.
 

 
DIEGO : Une question sur les HYENES, avez-vous prévu une tournée électrique de “Verdure” ?
VINCENT : Nous préparons la sortie de l’album acoustique pour la rentrée, il a été enregistré au Krakatoa mais sans public lors d’une résidence de trois jours. Nous allons probablement donner quelques concerts en privilégiant l’acoustique lors de la sortie de ce disque “unplugged”
Actuellement pas de suite prévue mais nous restons un peu frustrés de ne pas avoir pu tourner avec “Verdure” en format électrique pour cause de pandémie. Cette tournée acoustique est née “grâce” à la COVID et l’album contiendra d’autres titres que ceux de “Verdure”.
 
DIEGO : La Peur”, la frousse, les chocottes, la phobie… et ZERO + ZERO quel est le programme ?
VINCENT : Pour l’instant nous démarrons une tournée de rodage. Les retours sont bons, nous devrions nous produire sur quelques festivals d’été et l’avantage de ZERO + ZERO est la polyvalence. Nous ne sommes que deux et pouvons performer dans des bistrots comme en première partie d’artistes plus importants. C’est flexible et agréable, nous nous sommes bien amusés durant les sessions à la maison et projetons d’enregistrer les reprises que nous jouons régulièrement.
 
ZERO VIOLON
 
DIEGO : Vous en jouez beaucoup ?
VINCENT : Nous avons un set d’une vingtaine de morceaux dont 10 sont des reprises. Nous n’avons sorti qu’un album ! 
DON RIVALDO : Et nous sommes susceptibles d’en ajouter ! Nous jouons BILLIE EILISH, PRINCE, KIM CARNES, BOWIE, GEORGE MICHAEL… en mode revisité car nous sommes un duo mais rien n’empêche que les copains qui sont passés lors de l’enregistrement du disque nous rejoignent sur scène de temps à autre. 
VINCENT : Néanmoins ça fonctionne bien et c’est un challenge de faire un groupe de rock à deux.
DON RIVALDO : On pense même reprendre du BRITNEY SPEARS et c’est pas une connerie ! 
DIEGO : Ah oui effectivement ! 
DON RIVALDO : Oui sur le titre “Toxic” on retrouve de la guitare, du violon et une rythmique au pied. Ça peut fonctionner à deux. 
DON RIVALDO & VINCENT : Parfois cela part des apéros avec les copains et y’en a un qui balance une idée… comme “Walking On The Moon” de POLICE jouée avec une flûte traversière faite de bouteilles de bières…
 
DIEGO : Si vous la jouez en concert, le plus difficile est d’être obligé de boire des bières pour avoir un instrument ! 
DON RIVALDO : Tout est question de logistique… (rires)
 
DIEGO : Question plus sérieuse, VINCENT toi qui est très “optimiste” (rires) dans tes textes, qu’est-ce qui doit faire rêver notre jeunesse ?
DON RIVALDO : Je réponds pour lui, l’insouciance ! Pour rêver il faut être léger, sortir des codes sociaux. Internet nous a mis une baffe et le paraitre numérique fait grandir le mal-être chez les plus jeunes. C’est révolutionnaire mais nous n’avons pas eu de mode d’emploi. 
Vincent toi et moi avons à peu près le même âge, comment nous serions nous comporter à 12 ans avec Instagram ? Le virtuel bouffe l’insouciance. 
 
DIEGO : Une comparaison-compétition permanente entre les adolescents ! Pour finir, quels étaient les motivations dans votre jeunesse pour devenir musiciens ?
VINCENT : Perso c’est pas glorieux, c’était pour plaire aux filles ! Je m’ennuyais et lorsque j’étais jeune, je vivais à Biscarrosse. Pour m’occuper et pour pallier ma timidité, j’ai appris la guitare entre deux séances de surf. J’ai trouvé ma porte de sortie…
DIEGO : Perso j’aurais dit une porte d’entrée… (rires)
VINCENT : Effectivement ! Sinon l’artiste qui m’a donné envie d’apprendre est HENDRIX, il était gaucher comme moi. J’ai appris vers 17 ans. 
 
DIEGO : Et toi Hervé ?
DON RIVALDO : J’ai commencé la musique à 6 ans au conservatoire. Une année d’éveil pour apprendre le solfège. Enfant, j’adorais les tourne-disques avec le capot incluant le haut parleur. J’adorais sentir la vibration sur mes cuisses en écoutant les 45 tours de l’époque. J’étais à Bayonne et j’y passais des heures…
DIEGO : Juste avant le mange-disque ! 
DON RIVALDO : Le mien était orange ! Adolescent, j’adorais le reggae. Après j’ai écouté YES avec l’album “Relayer” qui m’a branché sur l’électrique. Je préfère le progressif au rock classique. 
 
DIEGO : HENDRIX et YES, de bien belles références ! Merci à vous pour cette interview et longue vie à ZERO + ZERO
DON RIVALDO & VINCENT : Merci Diego, à bientôt ! 
 
Pour acheter l’album : https://chez-simone.fr/produit/zero-zero-album-numerique-zero-zero-2022/
 
 
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  • Remerciements : Vincent BOSLER / RV TOUKOUR
  • Facebook : @thelonesomezero
  • Photos : Diego
  • Relecture : Jacky G.