INTERVIEW #146 – RAPHAËL @ DIEGO ON THE ROCKS
INTERVIEW RAPHAËL PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS
A 46 ans, RAPHAËL a publié 9 albums originaux et connu la consécration en 2005 avec « Caravane » lui permettant d’obtenir 3 victoires de la musique. En 2021, l’artiste propose « Haute Fidélité » au public et part (enfin) en tournée pour défendre un disque qualifié de « brut et innovant » par la critique.
RAPHAËL a accepté de répondre aux questions de Diego pour Musiques En Live. Il sera en concert le 14 avril à Villenave d’Ornon (33), le 27 avril à Vannes (56), le 5 mai à Istres (13), le 20 mai à Béthune (62), le 11 juin à Caluire et Cuire (69) et dans toute la France jusqu’à la fin de l’année.
DIEGO : Le public connait vos origines Ukrainiennes de par votre grand-mère née à Odessa. A cet effet vous avez touché les spectateurs en publiant une photo d’elle sur Twitter. Que peuvent faire les Français contre cette guerre sagement assis dans leurs canapés à part prodiguer d’habituels bons conseils ?
RAPHAËL : Franchement je suis désemparé comme tout le monde de la situation entre Russes et Ukrainiens. Il me reste de la famille très éloignée sur place. Malheureusement je n’ai pas de solution miracle et nous sommes désarmés…
DIEGO : Pour revenir à la musique et positiver, l’amour est-il le sujet principal de votre dernier album « Haute Fidélité » ?
RAPHAËL : Oui c’est le thème principal. C’est probablement la chose la plus intéressante à développer dans la musique, un puits sans fin qui aborde des sujets comme l’érotisme, l’amour, la séparation. Dans une chanson, nous avons 3 ou 4 minutes pour exprimer un sentiment et lorsqu’il s’agit d’amour, le mystère doit tenir dans cette intervalle de temps là !
DIEGO : Outre Arthur TÉBOUL de FEU CHATTERTON, vous avez deux featurings de charme dans votre nouvel album avec POMME et Clara LUCIANI. Comment sont nés ces duos ?
RAPHAËL : Un peu par hasard. Clara était en tournée avec moi en 2015-2016 car elle faisait partie de mon groupe, nous sommes très proches et nous appelons souvent.
Concernant Claire (POMME), il s’agit d’une rencontre sur les réseaux sociaux.
DIEGO : Qu’exprime un titre comme « Tout Le Monde Te Connait » ? Peut-être le rejet de l’autre comme le fit GOLDMAN dans « Peurs » en 1991 ?
RAPHAËL : Je dirais plutôt le rejet de soi-même. Cette chanson reflète l’état destructeur dans lequel on peut malheureusement parfois se trouver dans l’indifférence générale.
DIEGO : Musicalement votre album est très actuel avec les sonorités de « La Jetée », « Haute Fidélité » ou « Personne N’a Rien Vu ». Comment créez-vous vos chansons ?
RAPHAËL : L’idée de base vient toujours du texte car les chansons sont écrites avec une guitare ou un piano/voix, en toute simplicité. Ensuite je produis et travaille le son pour obtenir le résultat escompté.
DIEGO : Résultat qui parait plus brut que sur vos livraisons précédentes ?
RAPHAËL : Probablement parce qu’il a été composé à la maison durant ces périodes de COVID imposées. J’ai du mal à juger mes compositions mais j’aime les choses brutes et artisanales. Je n’aime pas les choses trop lisses et l’immédiateté apporte une énergie directe.
DIEGO : Votre spectacle « Bande Magnétique » est un conte que vous avez récemment proposé aux Parisiens durant 15 jours aux Bouffes du Nord. Quels souvenirs en gardez-vous ?
RAPHAËL : Génial ! Le public était présent et c’est la première fois de ma carrière que je jouais aussi longtemps au même endroit. Ce théâtre est magique et mon dernier spectacle étant une histoire racontée autant qu’un concert musical, nous avons communié avec les spectateurs. Un grand souvenir !
DIEGO : A quoi doivent s’attendre les spectateurs qui vous verront prochainement en province ?
RAPHAËL : C’est original et particulier. Cela commence comme un concert puis un ingénieur du son arrive sur scène, en retard, et le spectateur assiste à un conte fantastique. Au départ je suis le seul musicien présent puis un pianiste-virtuose vient me rejoindre. C’est très intimiste.
DIEGO : Qui est Benjamin LEBEAU avec qui vous avez collaboré ?
RAPHAËL : C’est un bon copain qui m’a aidé à réaliser mon dernier disque. Il vient du groupe THE SHOES et m’a apporté une sonorité électro-rock sur « Haute Fidélité ». Benjamin a donné une énergie particulière à cet album.
DIEGO : D’ailleurs j’ai constaté que vous aviez collaboré avec Gail Ann DORSEY (bassiste de BOWIE, actuellement en tournée avec Matthieu CHEDID) et Adrian UTLEY (PORTISHEAD) en 2008. Quels souvenirs conservez-vous ce ces collaborations ? Y’en a t’il d’autres envisagées ?
RAPHAËL : Ce sont de très bons musiciens que j’ai eu la chance de côtoyer parmi d’autres. En plus Gail Ann a l’avantage d’avoir une superbe voix et faisait la choriste ! En général j’adore les musiciens… vous verrez dans mon nouveau spectacle, je me balade avec des bandes magnétiques sur lesquelles sont enregistrées certaines parties musicales des artistes que j’ai côtoyés.
J’admire les musiciens et leur méthode de communication qui passe par les notes est passionnante. Par contre je n’ai pas de gradation particulière entre eux ! En ce moment je travaille sur scène avec Marc CHOUARAIN qui est un pianiste extraordinaire. Il est compositeur de musiques de films (NdA : « Stars 80″, « L’Élève Ducobu », « Qu’Est-Ce Qu’On a fait Au Bon Dieu »…) et je préfère son jeu à celui de n’importe quel autre pianiste. Après, tout est question de caractère et de charisme.
DIEGO : CHRISTOPHE fut l’une de vos références. Vous lui dédiez « Norma Jean » en fin d’album. Pourquoi ce titre ?
RAPHAËL : C’est un code que nous avions entre-nous. Il s’agit d’un type de fleurs qu’il offrait souvent ressemblant à des roses. Les albums racontent notre vécu et CHRISTOPHE est décédé alors que j’enregistrais ce disque, l’hommage semblait évident.
DIEGO : Musicalement peut-on retrouver une ambiance « CHRISTOPHE » dans ce titre ?
RAPHAËL : Dans tous les cas ce n’était pas le but. Après, la chanson parle de lui et on peut supposer que j’ai musicalement été influencé… comme un clin d’oeil involontaire.
DIEGO : Après avoir repris Gérard MANSET dans un album live en 2015 et d’autres artistes comme GAINSBOURG, BASHUNG et LAVILLIERS en 2007, envisagez-vous un album studio de reprises d’autres artistes ?
RAPHAËL : Actuellement non. Je n’ai pas de projet de reprises programmé et suis concentré sur la tournée.
DIEGO : Est-ce difficile de renouveler en concert la chanson « Caravane » qui fut un énorme succès en 2005 ?
RAPHAËL : Non, ce n’est pas difficile. Je partage l’amour de cette chanson avec le public et c’est même amusant de renouveler les versions qui ont tendance à se bonifier avec le temps. Après « Caravane » était dans mon 3ème album et je n’ai pas été au top immédiatement. Je pense qu’il est difficile de rester au sommet et ce n’est franchement pas mon but.
DIEGO : Côté littérature, vous avez publié « Retourner à La Mer » en 2017 et « Une Éclipse » en 2021. Un troisième livre est en préparation ?
RAPHAËL : Oui, je sortirai le prochain en janvier 2023. Il est pour l’instant trop tôt pour en parler.
DIEGO : Ma dernière question : Quels sont les concerts qui vous ont marqués en tant que spectateur ?
RAPHAËL : Sans hésiter c’est NEIL YOUNG qui m’a le plus impressionné ! Peut-être LOU REED aussi…
DIEGO : Deux monstres sacrés du rock ! Merci pour cette interview, on vous retrouve le 14 avril 2022 au Cube de Villenave d’Ornon et en tournée dans toute la France.
RAPHAËL : Merci à vous !
<
- Remerciements : Elodie d’ASTERIOS
- Photos : Mathieu César
- Relecture : Jacky G.