INTERVIEW 215 : aRnane

Ancien membre du groupe Idwan formé en 2006, le guitariste Ronan Le Borgne fait désormais cavalier seul au sein d’aRnane. Un projet qui relate son adolescence et des vacances en Bretagne dans un album baptisé « Trevignon » publié en juin 2023 mixé et masterisé à Gradignan par Paul Magne, batteur de Cocoon.

Pour Musiques En Live, aRnane a accepté de rencontrer Diego dans un pub Bordelais afin de  parler de ses chansons, influences, travaux musicaux et accessoirement boire une bière…

Diego : Pourquoi avoir arrêté Idwan, groupe de rock qui a sorti un premier EP en 2011 avec Bruno, Alain et Grégoire ?

aRnane : Le groupe s’est arrêté de lui-même. Ayant chacun nos priorités familiales ou personnelles, je me suis tourné vers d’anciennes compositions en m’aidant d’un « looper » (NdA : séquenceur musical destiné à être répété) afin de me présenter au public en solo. Une expérience différence car dans Idwan j’étais le guitariste principal mais le chanteur était Bruno (sauf exceptions). Ce dernier a arrêté la musique alors qu’Alain joue de la batterie dans le groupe Subotica et Grégoire a monté un nouveau projet.

Diego : Plus proche de nous, que veut dire aRnane ?

aRnane : C’était mon surnom lorsque j’étais à la fac. Lors d’une soirée déguisée Ronan est devenu Ronane puis aRnane… parfois il ne faut pas chercher loin ! A une époque je faisais un peu de peinture et signais mes tableaux aRnane, j’ai trouvé naturel de le garder.

Diego : Dans ta jeunesse, comment es-tu venu à la musique ?

aRnane : Par la clarinette ! J’ai commencé avec la flûte à bec en primaire comme tous les gens de notre époque puis me suis tourné vers la clarinette. Dans les années 90, j’ai découvert Nirvana et me suis mis à la guitare vers l’âge de 16 ans.

Diego : Ton premier album solo s’appelle « Trevignon », un hommage à la Bretagne ?

aRnane : Oui ! Je passais mes vacances d’été dans le secteur de Pont Aven en Bretagne au lieu dit Trévignon. Mes premiers amours, la fête, les copains… Toute ma famille est originaire de Lorient même si j’ai toujours vécu en Gironde. J’ai été marqué par cette époque aux saveurs particulières et certaines chansons sont inspirées de cette période. Une introspection des sentiments ressentis pour broder une histoire autour de mes souvenirs.

Diego : En abordant quels thèmes ?

aRnane : Les classiques comme les histoires d’amour qui se finissent mal, les premières relations, l’amitié et l’espoir. Il est plus facile d’écrire sur ce qui ne va pas !

Diego : Musicalement, tu mélanges une rythmique métronomique avec un vocal nonchalant. Est-ce un gage de mélancolie ?

aRnane : Probablement. J’assume mon chant nonchalant sans qu’il soit voulu, la rythmique vient du looper nécessaire lorsque tu joues en solo. C’est une première étape et j’aime ce format très singulier qui parfois fait ressortir des relents hip-hop.

Diego : Dans tes influences, on ressent tes goûts musicaux orientés vers Eiffel, Deportivo et Noir Désir !

aRnane : Totalement ! J’étais fan de ce rock Français très qualitatif. J’aime également Dominique A et j’écoute Radiohead.

Diego : Effectivement « Le Parfum Des regrets » sonne comme Dominique A ! D’ailleurs tu préfères Romain Humeau ou Mass Hysteria ?

aRnane : Romain Humeau. Il y a quelques années, nous avons fait la première partie de Mass Hysteria avec Idwan. Concernant Dominique A, j’avais adoré un concert au Théatre Barbey de Bordeaux lorsqu’il jouait seul avec son looper à la fin des années 90. Inconsciemment, cela a nourri mon envie de faire la même chose 20 ans plus tard !

Diego : Une belle influence ! Le titre « Summer Bye » est une ancienne chanson remise au goût du jour ?

aRnane : C’est le premier titre de mon album qui a donné naissance à un EP sorti en 2018. C’est le point de départ de « Trevignon ».

Diego : Un titre sonne totalement différent dans ton univers, « Would You Fly To The Moon ». Peux-tu m’en parler ?

aRnane : L’original était sur l’EP de 2018 en version guitare. Mon épouse joue du piano et nous avons collaboré pour enregistrer chez Paul Magne une version différente. C’est elle qui a construit les arrangements, le but était d’ajouter de l’émotion à ce titre. Je voulais une chanson piano-voix dans l’album pour diversifier les sonorités. Pour le contenu de mes compositions, parfois je mélange des couplets en Français avec des refrains en Anglais car c’est plus chantant.

Diego : Est-ce difficile de s’auto-produire en 2024 ?

aRnane : C’est une bonne question ! La période est difficile et j’ai fait appel au financement participatif pour payer le studio, le pressage, la promo et la distribution. Paul Magne s’est calé sur mon ambition solo mais c’est un cercle vicieux pour pouvoir sortir un disque tout en se produisant sur scène. Petit à petit tu te professionnalises par obligation et je suis en pleine période de prospection pour me produire.

Diego : As-tu un rituel avant de monter sur scène ?

aRnane : Non je n’ai pas de rituel. J’aime me concentrer et m’isoler, tout simplement.

Diego : Pour finir la question que je pose à tous les artistes, quels sont les meilleurs concerts que tu as vécus en tant que spectateur ?

aRnane : J’ai vu beaucoup de concerts. Dans ma jeunesse, j’ai assisté à la prestation de Muse, Pj Harvey et Noir Désir aux arènes de Nimes le 19 juillet 2001 dans le cadre d’un festival, un très grand souvenir. Sinon mon premier concert, il s’agit d’Hubert-Felix Thiefaine au début des années 90. J’ai aimé son univers et cette découverte poétique. Il m’a donné envie de monter sur les planches.

Diego : Merci Ronan et bonne chance pour la suite de tes aventures.

aRnane : Merci à toi.

• Remerciements : Ronan
• Photos : Bertrand Lafarge / Alain Koenig
• Relecture : Jacky G.