ASTON VILLA MeL

INTERVIEW ASTON VILLA @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW #252 : ASTON VILLA

 
Alors que Noir Désir s’empare musicalement des années 90 pour devenir la référence, d’autres formations émergent de l’hexagone. Créée en 1994 dans la banlieue Parisienne, Aston Villa est de celles-là. Avec un premier album remarqué découvert grâce à un single remarquable (« Raisonne »), le groupe enchaine les albums durant 20 ans avant d’entamer une pause en 2014.
De nouveau sur la route et prochainement en concert le samedi 29 novembre 2025 à l’Iboat de Bordeaux, le chanteur et fondateur Fred Franchitti a accepté de répondre aux questions de Diego pour Musiques En Live.
 

 
Diego : Dis-moi, 10 ans d’attente entre « Joy Machine » et « Superspectives », ce n’est pas trop long ?
Fred : Tout dépend pour qui ! Je trouve que cette pause fut bénéfique pour sortir un nouvel album comme « Superspectives » et cela reflète le besoin de vivre. Il faut nourrir l’inspiration, l’écriture, la musique et repartir à zéro après 30 ans de carrière.
Diego : Donc qu’as-tu fais durant ces quelques années ?
Fred : J’ai fais du coaching scène, j’ai été manager d’un groupe basé dans le sud de la France puis j’ai appris la cuisine durant 5 ans afin d’ouvrir un restaurant. Celui-ci se trouve à Marseille.
Diego : Un Parisien qui ouvre un restaurant à Marseille ! Je dois savoir si tu es content que le PSG ait remporté très récemment la ligue des champions !
Fred : Absolument et même en ayant vécu 20 ans à Marseille ! Par contre étant donné que tu me lances sur le sujet, il faut se souvenir qu’en 1993 il n’y a eu aucun débordement, ni de police ni de bagarre après la victoire contre Milan. Il faut le souligner… on a les supporters qu’on mérite !
Diego : Et tu as raison d’en parler car le comportement de certains est inadmissible ! Concernant la musique, la scène t’a t’elle manqué ? Est-ce le début d’un nouveau cycle Aston Villa ?
Fred : J’avais perdu l’envie et les quelques concerts des années 2020 ont déclenché un nouveau départ puis la composition de ce nouvel opus. Le goût de la scène est omniprésent… il faut avoir testé pour comprendre, c’est une expérience hors norme que je recommande à tous.
Diego : Comme un déclic ! Et la tournée 2024 pour défendre « Superspectives » s’est bien passée ?
Fred : Oui. Une quarantaine de dates avec les retrouvailles d’un public fidèle. Je pense que nous avons une connexion particulière avec ceux qui nous suivent et les anecdotes fusent lorsque nous échangeons après les shows, tout comme lorsque tu m’as relaté ton souvenir de notre concert sur l’île de la réunion en 2007 avant d’entamer cette interview. Nous sommes un groupe de live, avons fait environ 1400 concerts et sommes la bande originale de la vie de certaines personnes. Aujourd’hui, il est drôle de voir des parents amener leurs enfants à nos concerts ! Une nouvelle génération de jeunes gens motivés !
Diego : Une « connexion » qui explique le « Love Connection Tour » à l’automne ?
Fred : Exactement ! J’ai ressenti un lien intime entre le public et notre groupe. La pause a généré une attente et l’ambition n’est plus la même qu’à nos débuts. La réussite est passée, le nom et le style demeurent. On passe un bon moment ensemble.
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Diego : Cette tournée à venir marque les 30 ans du premier album. Allez-vous le jouer en intégralité ?
Fred : Non. Nous sommes en pleine préparation et la teneur du set sera originale. Un mélange entre les vieux titres et des chansons plus récentes. Je ne peux t’en dire plus afin de réserver la surprise aux fidèles.
Diego : D’ailleurs, Aston Villa a su garder ce mélange pop-rock-électro qui a fait votre succès et des titres récents comme « Harem Japonais » et « Beat Génération » sont comme une marque de fabrique ?
Fred : Merci ! Nous recherchons un son reconnaissable et je prends ta remarque comme un compliment. Nous avons su fabriquer une « patte sonore » et c’est extrêmement gratifiant.
Diego : A la même époque, deux groupes qui tournent toujours ont également « installé » leurs styles musicaux : Matmatah et Louise Attaque !
Fred : Il sont un tout petit peu plus jeunes que nous et nous avons écumé les mêmes scènes.
Diego : 3 beaux groupes Français en 3 ans ! De 1996 à 1998.
Fred : Absolument. La scène est l’endroit de la passion, nous sommes au bon endroit sur scène lorsqu’on est passionné !
Diego : Et ta remarque est valable autant pour les artistes que pour le public !
Fred : Communiquer cette joie est indispensable. J’en suis fasciné et ai toujours le trac avant un concert !
Diego : A ce sujet, avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Fred : Non. Un échauffement personnalisé et une concentration dans les loges. Il est arrivé de boire un shot de rhum…
Diego : Je valide votre choix ! Dans le public aussi, on boit un coup en vous attendant… avez-vous prévu un nouveau clip après « Fallait-il » publié l’année dernière ?
Fred : Pas pour l’instant. Actuellement, nous préparons une autre façon de partager les souvenirs du groupe…
 

Diego : La version « rework » de « Raisonne » est-elle le passage à l’an 2020 d’un titre des années 90 ?
Fred : Très bonne formule ! Oui car c’était une façon de donner une troisième version (après l’officielle de 1996 et l’acoustique de 2001) à « Raisonne » et de permettre un éclairage nouveau sur le groupe avec une chanson connue.
Diego : Est-ce le ton des futures compositions du groupe ?
Fred : Non. Le rework est une photographie. Actuellement, je n’ai aucune chanson prête pour d’éventuelles futures publications. On verra ça à la rentrée.
Diego : Quelles sont les 5 plus belles minutes du groupe depuis sa création ?
Fred : Probablement les victoires de la musique en 2002. Sinon certains concerts comme l’Elysée Montmartre l’an dernier à Paris, un instant exceptionnel. Je n’ai pas dormi durant 2 jours. Plein d’énergie, d’adrénaline… cela ne m’était jamais arrivé.
Diego : Le batteur de Déportivo m’a sorti le même genre de flash après un concert à l’Olympia…
Fred : Et tu veux faire durer le moment car le souvenir a envie de persister. Un ressentiment unique.
Diego : Tu aimerais réaliser certaines collaborations ?
Fred : Oui. Dans les possibles Gaetan Roussel ou Alex Beaupain. Dans les improbables, Damon Albarn ! (rires)
Diego : Effectivement il n’est pas trop sollicité… j’ai interviewé Fatoumata Diawara qui a récemment bossé avec lui.
Fred : Très belle artiste. Sinon j’aime beaucoup Disiz La Peste qui revient avec de nouvelles compositions. Je l’ai vu aux Francofolies l’an dernier, superbe. Même si son univers est différent du mien.
Diego : Et pour finir, quelles sont tes plus beaux concerts vécus en tant que spectateur ?
Fred : Le dernier, Phoenix à La Rochelle ! J’ai récemment raté Idles, j’ai les boules car c’est un groupe que j’adore… J’ai beaucoup aimé Sophye Soliveau au Printemps de Bourges.
Diego : Merci Fred, on se voit à Bordeaux en novembre à l’Iboat !
Fred : No problemo !  Merci et bel été.
 

  • Remerciements : 4EME SENS (Solène)
  • Photos : Officielles
  • Relecture : Jacky G.