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INTERVIEW MANUSCRITE #10 – TAHITI 80 @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW TAHITI 80 PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Xavier Boyer, guitariste-chanteur de TAHITI 80 est un homme très sympathique. Il a accepté l’interview proposée par Musiques-En-Live quelques heures avant la prestation de son groupe à l’IBOAT de Bordeaux. Leur nouvel album baptisé « The sunshine beat volume 1 » est sorti le 21 septembre 2018.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci de recevoir Musiques En Live sur cette superbe péniche qu’est l’IBOAT. C’est la première fois que vous jouez ici ce soir ?
TAHITI 80 : Oui, c’est une première. Nous connaissons bien les salles Bordelaises mais c’est la première fois que nous jouons à l’IBOAT.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Beaucoup de chemin a été parcouru depuis « Ping pong party à Papeete » en 1993. Quelles motivations trouve le groupe pour sortir un septième album après 25 ans de carrière et repartir sur la route ?
TAHITI 80 : Cela fait longtemps qu’on ne m’avait pas parlé de « Ping pong party », notre première démo!!! Il y a plusieurs raisons. Nous avons toujours envie de jouer et avons réussi à éviter la lassitude. Pas de « feuille blanche » ou plutôt de « disque dur blanc ». On ne réfléchit pas nécessairement et constatons que le groupe existe, de disque en disque et notre petit succès permet de jouer et composer. Notre métier est différent d’un job classique. Nous avons tout arrêté pour jouer et continuons en pleine conscience d’être chanceux de pouvoir en vivre.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Que peux-tu nous dire sur ce nouvel album « Sunshine beat volume 1 » très ensoleillé sorti le 21/09/2018 ?
TAHITI 80 : « Puzzle » est ressorti dans une édition spéciale récemment et nous nous sommes interrogés sur « Qu’est TAHITI 80 ? » avec l’envie d’écrire des chansons directes, ce que nous savons probablement faire le mieux. Les nouveaux morceaux sont de suite accrocheurs et comportent des petits arrangements qui se découvrent au fil des écoutes, comme les paroles. Le titre de l’album vient d’une description des morceaux mélangeant la « Sunshine pop » et « Le groove ».
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Pour rebondir sur « Puzzle », le label ATMOSPHÉRIQUES vous a propulsé il y a 20 ans. Penses-tu qu’en 2018 il soit aisé de signer sur un label et de trouver un tourneur ?
TAHITI 80 : Non. Pas en ces termes là. Le métier des maisons de disque a évolué et les musiciens sont directement touchés. Nous avons probablement eu de la chance par rapport aux groupes Anglais. Nous avons commencé en 1993, signé un premier EP en 1996 et un album en 1998. Nous avions quelques années d’existence et une quarantaine de morceaux en réserve. Aujourd’hui il faut arriver avec un produit totalement lisible et explicable. Nous sommes dans une culture de l’instant. Je pense que beaucoup de travail est demandé et, actuellement, la phase du deuxième disque doit être très difficile.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : A la limite il faut que le produit ne soit pas « A vendre » mais presque « Vendu »!
TAHITI 80 : Oui complètement. Avant un album avait une durée de vie d’un an. A ce jour, c’est de 3 semaines a 6 mois voire plus… Je ne suis pas certain que TAHITI 80 aurait pu enregistrer aux Etats-Unis, mixer en Suède et réaliser des clips avec autant d’argent en 2018. L’époque était différente et les maisons de disque avaient des moyens. Il y avait la French Touch et nous étions champions du monde de foot! (rires) Il y avait un élan particulier. Aujourd’hui le téléchargement illégal change la donne.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : L’album est récent et vous avez tourné en Asie en octobre. D’ou vient cette passion entre TAHITI 80 et le Japon ?
TAHITI 80 : C’est un mystère que nous éclaircissons au fil du temps. Les Japonais sont curieux et pointus, nous avons appris à comprendre leurs goûts. A l’époque où nous avons percé au Japon, nous avons dû combiner (sans le vouloir) des sons et arrangements que les Japonais aimaient. Les côtés indépendant, accessible, sophistiqué et les influences bossa-nova, pop Suédoise conjugués à de la chance ont créé cette alchimie non explicable.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Toi qui bouge beaucoup grâce à TAHITI 80, comment est perçue la musique Française à l’étranger ?
TAHITI 80 : On s’aperçoit que le « Label made in France » est synonyme de qualité comme la mode. A l’époque la MANO NEGRA a marché mais chantait en Espagnol. Le carrefour des musiques et influences Françaises a été reconnu. AIR, DAFT PUNK, PHOENIX et par conséquent TAHITI 80 profitons de cette notion qualitative. Plein d’autres DJ aussi s’exportent. Nous avons fait plein de tournées et réalisons notre musique afin que l’auditeur, quelle qu’en soit son origine, se retrouve dans nos titres.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : J’ai lu que vous étiez considéré comme les BEACH BOYS Français ?
TAHITI 80 : Ca me va! Il y a toujours de l’exagération mais je me reconnais dans les côtés solaire et mélancolique de ce groupe. « Pet sounds » est l’un de mes disques préférés.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quelles sont tes autres références ?
TAHITI 80 : C’est toujours difficile mais les années 60 restent la base. « Revolver » des BEATLES et « What’s going on » de MARVIN GAYE sont mes classiques mais je n’oublie pas TEENAGE FAN CLUB dans les 80’s. Les disques sont des compagnons d’un instant puis d’une vie. Il est toujours difficile de comparer.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : « London calling » de CLASH ? Lorsqu’on a pas connu une époque c’est difficile ?
TAHITI 80 : On a pas connu l’époque mais cela n’empêche pas d’aimer. J’adore CLASH. Cette période post-punk ouvre une musicalité différente. On va réécouter des disques qui ont été influencés par CLASH.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Y’a t’il des collaborations que tu aimerais faire ?
TAHITI 80 : Le principe d’une collaboration veut que l’on soit au moins deux! (rires) Un Hollandais qui s’appelle BENNY SINGS est très intéressant ou le quatuor Australien CONFIDENCE MAN sont des gens avec qui nous pourrions créer des chansons.

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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Lionel des LIMINANAS me racontait qu’il avait collaboré avec BERTRAND BELIN suite à une rencontre impromptue en Australie. C’est incroyable de devoir aller dans un festival aux antipodes pour trouver un partenaire ?
TAHITI 80 : C’est la magie de la musique. La conjonction des planètes fait ou non que certaines personnes doivent se rencontrer.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : ANDY CHASE (producteur) et TONY LASH (ingénieur du son) sont des gens importants pour TAHITI 80 ?
TAHITI 80 : Oui évidemment. Ce sont des collaborateurs du deuxième cercle. Ce sont des amis qu’on retrouve avec plaisir et ils ont la faculté de nous dire si nos productions sont bonnes ou mauvaises. Pour ce dernier disque, nous avions besoin d’une équipe connue, ANDY et TONY en font partie.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : « The sunshine beat volume 1 » est sorti en septembre, il y aura un volume 2 ?
TAHITI 80 : Pas certain! Peut-être un volume 3 ou 4! On verra car nous avons voulu la jouer compilation et il y aura une suite uniquement si elle ressemble au volume 1 et que c’est musicalement logique.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : TAHITI 80 est très discret. Votre marque de fabrique n’est-elle pas la simplicité et l’anti-marketing ?
TAHITI 80 : On ne s’affiche pas autre que musicalement. Nous avons grandi dans les 90’s et les looks et coiffures sont à l’opposé des 80’s. Pas besoin de s’afficher en dehors de la musique même si parfois dans les chansons nous parlons de nos vies privées. On ne se reconnait pas dans l’affichage personnel. Mieux vaut vendre moins de disque et demeurer à l’aise.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Dernière question, quels artistes en live t’ont tué par leur performance ?
TAHITI 80 : Dernièrement un artiste Japonais qui s’appelle CORNELIUS (musicien-producteur de 49 ans) qui mélange vidéo et live, le groupe de rock psychédélique Norvégien MOTORPSYCHO et le DJ rappeur Américain MAYER HAWTHORNE qui fait une superbe néo-soul.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci beaucoup Xavier pour cette interview, à bientôt sur Musiques En Live.
TAHITI 80 : Merci Diego, au plaisir.

Remerciements : Elodie Taillepé de Milk Production et l’Iboat de Bordeaux