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INTERVIEW #191 – DEPORTIVO @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW DEPORTIVO PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Le groupe DEPORTIVO a terriblement manqué à la scène rock Française durant une décennie. Même si son chanteur Jerôme Coudanne a produit des projets très sympathiques (Navarre en 2017 et Vertige en 2020), la fougue du combo qui a sorti 4 albums entre 2003 et 2013 marqua durablement les esprits. A l’heure des retrouvailles et d’une série de concerts qui annonce de nouvelles productions discographiques, Diego a rencontré les chanteur et batteur au Krakatoa de Mérignac pour Musiques En Live. Les photos sont du fidèle Laurent Robert. DIEGO : Comment s’est passée votre tournée hivernale synonyme de retrouvailles ? JÉRÔME : Super ! Des moments incroyables qui font du bien. JULIEN : Non seulement content de nous retrouver mais également le plaisir de revoir les gens et les salles de spectacles. JÉRÔME : Plaisir, sourires, enthousiasme, retrouvailles joyeuses et bordéliques, c’était bien ! DIEGO : D’ailleurs avez-vous conscience que vous avez manqué à votre public ? JÉRÔME : Nous venons de nous en rendre compte en reprenant la route. Nous sommes surpris de l’accueil, les gens nous parlent après les shows, c’est touchant. Une idée d’un métier parfait lorsque ton travail manque à certaines personnes. DSC 0725 DIEGO : Jérôme quels retours d’expériences fais-tu des projets Navarre et Vertige ? JÉRÔME : Positifs. Navarre (dont Alex qui nous accompagne ce soir était le clavier) a permis de très grands moments de concerts car nous avions une belle équipe. J’ai adoré la composition et le mixage avec Stephane (Air, Phoenix) qui est un mec intelligent et inspirant. Vertige était un projet avec le bassiste de Louise Attaque (Robin) engendrant beaucoup d’allers-retours entre Brighton et Barcelone. Malheureusement à cause de la Covid nous n’avons pas pu jouer sur scène, raison pour laquelle nous intégrons au set de Deportivo quelques chansons. DIEGO : Et toi Julien, quel a été ton programme durant 9 ans ? JULIEN : J’ai posé mes baguettes un bon moment. Je suis retourné à mes premiers amours que sont l’image et le graphisme. Je n’avais pas réellement arrêté mais je suis dans l’impression d’affiches, de logos et de pochettes de disques. Concernant les nôtres, il demeure interessant de demander un regard extérieur à nos productions visuelles. DIEGO : Le succès soudain que vous avez eu dans les années 2000 était-il facile à gérer ? JÉRÔME : Pas difficile mais tu as l’impression d’entrer dans une sorte de frénésie. Comme un piéton qui serait d’un seul coup dans un TGV. Tu profites pas nécessairement du paysage… Les souvenirs restent incroyables, les maisons de disques t’appellent et tu comprends que c’est devenu ton métier à part entière. Une libération. Tu sais que tu ne seras pas le banlieusard qui travaillera tous les jours avec les trajets que cela implique mais que tu vivras de ta passion, comme un soulagement. Nous sommes chanceux. DIEGO : La chanson “Révolution Benco” récemment publiée parle de cette période où vous faisiez des plans pour parvenir à vos fins musicales. C’est toujours le cas avec ce nouveau chapitre qui s’ouvre ? JÉRÔME : L’état d’esprit est le même. A l’époque nous rêvions de jouer à la Cigale, une salle qu’on adore. Tu n’as jamais de certitude lorsque tu commences si ce n’est quelques concerts. Aujourd’hui nous avons un certain confort et “Révolution Benco” est un trait d’union passé-présent. DSC 0716 DIEGO : La révolution peut-elle venir de la jeunesse en ces périodes troublées ? JÉRÔME : La révolution vient de la bourgeoisie. Je te laisse avec cette réflexion ! (rires) DIEGO : C’est tellement vrai ! Le défouloir des fils à papa. Le clip de “Révolution Benco” a une histoire ? JULIEN : Oui, nous l’avons tourné à Vichy, région dans la laquelle mon père est né. Comme confirmé précédemment, il s’agit d’autant plus d’un retour aux origines grâce à cette symbolique familiale. JÉRÔME : Le clip a été tourné dans la cité où a grandi son père. JULIEN : C’est un endroit qui a changé car cette ville est surprenante. Vichy était splendide, je dirais qu’actuellement c’est plutôt “grandeur et décadence”. Nous avons tourné à plusieurs endroits avec le fidèle Christophe Acker, une belle expérience sur un morceau que nous apprécions particulièrement. Contrairement à Jérôme, j’ai arrêté quelques temps la musique et ai eu le sentiment de revenir à nos débuts. Une excitation sympathique. DIEGO : Par quels termes qualifieriez-vous votre amitié réciproque de très longue date ? JÉRÔME : Durable et même pendant l’absence de Deportivo nous avons continué à nous voir régulièrement malgré l’éloignement. Nous sommes de la même “famille”. JULIEN : Profond, durable, fiable, nourrissant. Avoir un pote comme Jérôme dans le contexte où nous le vivons professionnellement est une chance. Souvent durant les concerts je pense à notre enfance par des flashs, c’est fou d’en être arrivé là. Nous jouions déjà de la musique dans nos chambres et faisions les cons en bas de nos immeubles. DIEGO : Vous n’êtes plus des débutants, est-ce que cela vous arrive souvent d’être ivres ? (jeu de mots sur le titre d’un album sorti en 2011) JÉRÔME : Moins qu’avant ! Et plus raisonnablement. JULIEN : Nous n’avons plus envie de nous réveiller avec la gueule de bois ! JÉRÔME : L’idée du titre “Ivres et Débutants” permettait de souligner qu’il y a plusieurs types d’ivresses… pas toujours d’alcool. On peut être ivre de musique, de rencontres et de vie. JULIEN : C’est clair ! Les musiciens avec lesquels nous jouons durant cette tournée sont extraordinaires. Je ne les connaissais pas avant contrairement à Jérôme. Néanmoins la régie, le son et les lumières sont les mêmes personnes qu’aux origines du groupe. Ivre de sourire et de joie !  Lorsqu’on sort de scène, le public a “le smile” et c’est la plus belle des récompenses. JÉRÔME : Je pense que c’est un des changements importants comparé à notre jeunesse. Nous étions probablement un peu egocentriques et en vieillissant nous avons appris à partager, cette tournée nous a ouvert les yeux. DSC 0733 DIEGO : Le titre “Parmi Eux” pourrait être LA chanson la plus importante de Deportivo ? JÉRÔME : C’est la plus écoutée. C’est plaisant d’entendre les gens la chanter. Après si je devais définir une “carte de visite” de Deportivo, je penserais plutôt à “Intrépide”. JULIEN : “Parmi Eux” a fait plusieurs voyages entre ses auteurs et son public. “La Salade” est marquante et les chansons du premier album conservent un goût différent. JÉRÔME : C’est marrant car lorsque nous avons sorti “Ivres et Débutants”, les gens étaient déstabilisés. Parfois il est nécessaire que les chansons vieillissent pour être bonifiées. Elles peuvent inclure un répertoire que sur les tournées suivantes. On garde aussi les chansons parce qu’on les aime bien et qu’elles fonctionnent en concert. DIEGO : Quel est l’avenir de Deportivo en 2023 ? JÉRÔME : Au minimum il y aura un EP car nous avons quelques titres nouveaux composés. Fin avril nous devons enregistrer et voir le résultat. Nous resterons dans la veine du titre “Révolution Benco”. DIEGO : Le mixage de la voix de ce titre est différent des productions habituelles ? Une voix plus lointaine empreinte de réverbérations ? JÉRÔME : Tu es le deuxième à m’en parler mais ce titre est différent. Entre l’écriture d’une chanson, l’enregistrement et la version scénique, les versions différent. JULIEN : J’aime beaucoup ce titre qui trace un lien entre nos albums précédents. JÉRÔME : Un bon résumé. L’énergie, la musicalité et peut-être un peu de pop-acoustique dans un éventuel futur album. Dans tous les cas il y aura de la guitare. DIEGO : Le décès de Dominic Sonic t’a touché particulièrement Jérôme ? JÉRÔME : Oui… nous étions voisins et amis à Montmartre. On se croisait quasiment tous les jours. Une triste nouvelle que l’on imagine pas, il n’avait que 55 ans. Il a conservé son enthousiasme jusqu’à la fin de sa longue maladie. Un homme digne et intéressé par les autres. DSC 0710 DIEGO : Avez-vous un rituel avant les concerts ? JÉRÔME : Non. On se congratule vite fait pour se motiver. JULIEN : Moi j’en ai plein ! Comme des TOC, il faut que chaque choses soient à sa place avant de jouer. Cela me rassure sans me perturber outre mesure. Actuellement je change régulièrement de baguettes d’une marque inconnue alors que j’étais habitué à une marque plus solide. il y a 10 ans, je ne l’aurais jamais fait. C’est un peu un rituel à la con mais c’est comme ça, cela n’influe pas le concert qui est primordial. DIEGO : Quels sont les meilleurs concerts vécus en tant que spectateur ? JÉRÔME & JULIEN : Direct le concert de Sloy à l’Arapaho de Paris à la fin des années 90 ! The Psychotic Monks à Nantes il y a quelques années dans une petite salle. La Femme qui a un public de jeunes sympathiques. Également Manu Chao à la Cigale en 1998 pour son premier album, une déferlante d’énergie positive… une fête mêlée à un désespoir. DIEGO : Manu est passé des concerts festifs-bordeliques avec Mano Negra aux shows festifs-organisés en solo. JÉRÔME : En incluant un côté revendicatif et colérique assumé. DIEGO : Merci  vous deux et vivement la suite de vos aventures ! JÉRÔME & JULIEN : Merci à vous pour l’interview et les photos.
  • Remerciements : Marie & Barbara du Krakatoa
  • Photos : Laurent Robert
  • Relecture : Jacky G.