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INTERVIEW MANUSCRITE #22 – BERTRAND BELIN @ DIEGO ON THE ROCKS @ CAROLYN

INTERVIEW BERTRAND BELIN PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

A 48 ans, le chanteur guitariste écrivain BERTRAND BELIN entame une nouvelle tournée hexagonale pour défendre son dernier effort « PERSONA » sorti en janvier 2019 chez CINQ/7 WAGRAM MUSIC. Quelques heures avant son concert au Krakatoa de Mérignac, le Breton a accepté de répondre aux questions de DIEGO*ON*THE*ROCKS sous l’oeil photographique de CAROLYN. Un remerciement particulier à VIRGINIE PARGNY ayant rendu cette rencontre possible et à ALICE du Krakatoa.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Bonjour Bertrand, merci d’accepter cette interview. Tu as envie qu’on parle de quoi ? (rires)
BERTRAND BELIN : Ah non, c’est toi qui fais l’interview!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : On a approximativement le même âge, quelles ont été tes années 80 musicales ?
BERTRAND BELIN : Ma soeur aimait bien JEANNE MAS, mon frère écoutait EDDIE COCHRAN et GENE VINCENT, mon père aimait MAURICE RAVEL et ma mère DALIDA. Tu vois le bordel! J’ai commencé à apprendre la guitare vers 12/13 ans puis j’écoutais ce que je pouvais, sans moyen. J’ai commencé par HENDRIX et DIRE STRAITS tout en restant autour de la sempiternelle virtuosité de la guitare.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Sacré mix! Et dans les groupes POP-ROCK ?
BERTRAND BELIN : THE CURE ! La new wave est arrivée et tout a changé. En 1984/1985 j’étais au lycée, tout le monde écoutait CURE et JOY DIVISION. D’un côté j’écoutais les songwriters légendaires comme JOHNNY CASH ou HANK WILLIAMS et de l’autre je découvrais de nouveaux artistes grâce à mes camarades de lycée.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Pas DEPECHE MODE ?
BERTRAND BELIN : Non pas du tout, ni THE DAMNED. Néanmoins lorsque je réécoute leurs titres actuellement je me dis qu’ils en avaient « sous le capot »!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Précurseur!
BERTRAND BELIN : Carrément! Mais je n’étais pas particulièrement réactif au synthétiseur à l’époque. Ça faisait variétés et n’y étais pas sensible par “bête corporatisme”.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tu as déjà vu THE CURE en live, tu es un « spectateur » de concert ?
BERTRAND BELIN : Non jamais concernant THE CURE. Je ne suis pas fan et ne me précipite pas. Je suis plus adepte des petites salles et bars que des festivals. Je n’aime pas lorsqu’il y a trop de monde.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Revenons à ton dernier album « PERSONA ». Tes textes sont tout en suggestions et l’auditeur peut s’en faire son interprétation. Pourquoi autant de mystère autour de BERTRAND BELIN? Difficile de te cataloguer dans une case définie!
BERTRAND BELIN : Je n’ai pas d’explication et ne cherche pas à fuir quelque influence que ce soit. J’ai de l’affection pour tous les domaines de ce métier, chaque moment de la vie peut avoir une correspondance musicale.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : BERTRAND BELIN est-il tourmenté et mystérieux?
BERTRAND BELIN : Je ne pense pas. J’ai des moments de joie comme beaucoup, à plus ou moins grande fréquence. J’interroge ma présence au monde. J’ai un fond permanent d’interrogation mais ce n’est pas nécessairement un tourment, cela peut-être une joie, une excitation ou un émerveillement. Mais oui, j’ai l’esprit qui travaille.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tant que c’est pas compliqué, ça va ?
BERTRAND BELIN : Parfois c’est nuancé mais ce n’est pas obligatoirement compliqué ou non! On peut trouver un juste milieu…

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment définis-tu cet album « PERSONA »? Qu’à t’il de différent ?
BERTRAND BELIN : Bien! A tort ou à raison je suis fier de tous mes disques. J’ai toujours été très content de mes productions. Je m’aperçois que les chansons sont singulières et sonnent plus pop que les précédents.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Certaines chansons sont parfois accessibles de suite, d’autres beaucoup moins. Par exemple « Chose nouvelle » est un titre qui mériterait plus de diffusion radiophonique ?
BERTRAND BELIN : Faut pas toujours chercher à comprendre tout le temps et laisser une place à l’émotion. Beaucoup de chansons auxquelles on ne comprend rien trustent les radios et sont pléthoriques!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : On en revient à JEANNE MAS!
BERTRAND BELIN : Ah non! JEANNE MAS à côté c’est MOZART ! (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quelle est ta méthode de composition pour créer un morceau?
BERTRAND BELIN : A la guitare. Musique et paroles sont simultanées. J’aime que les deux arrivent en même temps. J’aime que les choses se forment comme une réaction chimique.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : As-tu des héros musicaux ? JOHNNY CASH par exemple ?
BERTRAND BELIN : Non, JOHNNY CASH n’est pas mon héros. Néanmoins ils sont innombrables. Comme pour beaucoup de monde : BOWIE, MICHAEL JACKSON, NINA SIMONE, ELVIS PRESLEY sont mes héros morts. Parmi les vivants, je cite souvent l’Américain BILL CALLAHAN et le Néerlandais DICK ANNEGARN. J’aime énormément ces hommes.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Que penses-tu de cette comparaison que l’on fait de BERTRAND BELIN avec le regretté BASHUNG, parti trop vite ?
BERTRAND BELIN : Il est pas parti, il a gagné la victoire de la musique du meilleur album rock cette année!!! C’est plaisant d’être comparé à lui mais je n’ai rien à y ajouter.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Qui est le vrai BERTRAND BELIN, l’écrivain ou le musicien ?
BERTRAND BELIN : J’ai commencé la guitare à 13 ans. J’ai toujours eu un intérêt particulier pour les mots mais n’étais pas un lecteur précoce. J’ai lu à 16, 17 ans. C’est à cet âge que j’ai également commencé à écrire. L’un complète l’autre. Le vrai BERTRAND BELIN est aussi celui qui dort la nuit et mange des patates… (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : « GRANDS CARNIVORES », ton troisième roman vient de sortir aux éditions P.O.L. Peux-tu nous en dire plus ?
BERTRAND BELIN : Difficile de se transformer en VRP de mon livre! Le synopsis raconte une situation de péril et de terreur dans une ville où vient d’arriver un cirque. Des fauves s’en échappent et errent librement ce qui inquiète la population. Les protagonistes vont afficher des positions morales et éthiques inattendues. En parallèle, deux frères vont se confronter sachant que l’un est ambitieux et l’autre un simple peintre. C’est une fable qui fait apparaitre des lignes de tension politique et morale.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Ce n’est pas un « WALKING DEAD » avec des animaux? Tu as suivi cette série ?
BERTRAND BELIN : Je connais de nom mais cela n’a rien à voir.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment est née la rencontre avec LIMINANAS menant à cette belle collaboration qu’est le titre « Dimanche » ?
BERTRAND BELIN : Le hasard. Nous sommes partis de Roissy-CDG direction Sydney. J’ai repéré un groupe d’hurluberlus avec des guitares dans la file d’attente et nous nous rendions au même festival en Australie pour y jouer, sans le savoir. Les escales ayant beaucoup de retard, nous nous sommes liés d’amitié comme des adolescents! Tu rencontres des gens en vacances, vis avec eux un moment et les vacances s’arrêtent! C’est pareil à part que nous avons continué à correspondre avec LIONEL. Il m’a envoyé une musique, j’ai mis ma voix après avoir rédigé un texte. Je pensais qu’ils chanteraient eux-mêmes le texte mais ils ont préféré garder ma version. C’est une belle rencontre qui a mené sur la chanson « Dimanche ». Parfois je la joue sur scène avec eux ou avec mon groupe actuel.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Une question pour moi et attention, aujourd’hui c’est la journée de la femme ! Tu es un crooner, dandy qualifié nonchalant. Est-ce que cela plait aux femmes ? (rires)
BERTRAND BELIN : J’en sais rien! Non, tous les gouts sont dans la nature, certaines choses plaisent plus ou moins à des femmes très très différentes.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Ton aspect esthétique est primordial. Photos, clips ou récemment le live filmé au studio HARCOURT sont classieux. qu’en penses-tu ?
BERTRAND BELIN : C’est leur esthétique! Tu penses que j’ai un côté Hollywood ? JEAN GABIN ?

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Je te le souhaite et oui cela te va comme un gant!
BERTRAND BELIN : C’est vrai qu’HARCOURT à un style d’image qui renvoit à une mémoire collective.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Dernière question, cette année tu sors un roman, un disque, tu apparais dans un film et tu es en tournée. Et si 2019 était l’année BERTRAND BELIN?
BERTRAND BELIN : Pourquoi pas mais « l’année BERTRAND BELIN » voudrait dire qu’en 2020 c’est terminé! En tous les cas, l’année commence très bien et je la partage avec mes camarades en tournée, en souhaitant qu’il y en ai plein d’autre! Mon rêve serait que ce soit l’année de chacun pour toujours!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci beaucoup BERTRAND, bon concert à Mérignac et à bientôt sur toutes les scènes Françaises!
BERTRAND BELIN : Merci bien.

Remerciements : Virginie Pargny / Alice du Krakatoa
Photographies : Carolyn Caro