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INTERVIEW MANUSCRITE #24 – VOYOU @ DIEGO ON THE ROCKS @ CAROLYN

INTERVIEW VOYOU PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Après avoir collaboré avec RHUM FOR PAULINE, ELEPHANZ et PEGASE, Thibaud VANHOOLAND crée VOYOU et sort son premier album baptisé « Les bruits de la ville ». Nous avons pu le rencontrer juste avant son concert au KRAKATOA de Mérignac dans le cadre du FAIR, association existant depuis 1989 dont le but est de soutenir les jeunes créateurs dans leur démarrage de carrière. Les photographies sont de CAROLYN.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Salut VOYOU, merci d’accepter cette interview. Ton vrai nom est Thibaud VANHOOLAND, es-tu d’origine Belge, Hollandaise ou « Chetemi » comme dirait GALABRU ? (rires)
VOYOU : Je suis chti!!! Un vrai né dans le nord! Néanmoins, il est possible que je sois d’origine Belge ou Hollandaise et je crois que la version la plus plausible serait que mes ancêtres viennent des Pays-Bas, puis de Belgique pour atterrir à Lille.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tu es originaire d’une famille d’envahisseur ? (rires)
VOYOU : C’est ma famille! Ils devaient être des gros barbares. Des vikings ou des trucs dans le genre… en plus j’ai le look adapté! Grand, cheveux blonds, yeux bleus…
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Il manque juste les cornes sur le casque, pas sur la tête!
VOYOU : Sur le casque à la limite… (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Plus sérieusement, pourquoi ton nom de scène est VOYOU. Tu étais un branleur à l’école ?
VOYOU : Pourquoi pas VOYOU! J’aime ce mot qui a beaucoup de significations. Ce terme peut représenter un gamin tendre comme un truand qui l’est beaucoup moins. Cette diversité me permet de chanter plein de personnages différents sans que cela soit bizarre.
Après dans ma jeunesse et peut-être encore aujourd’hui j’ai toujours été un branleur. J’ai fait beaucoup de conneries mais jamais de mal à personne. J’étais plutôt du style à faire rire les gens et je l’assume.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment est né ton premier album, « Les bruits de la ville » sorti en février 2019 ?
VOYOU : Il est né de plein de voyages, de discussions et de choses que j’avais à régler avec moi-même. Une envie d’ailleurs dont je ne connais pas nécessairement la provenance. Parfois mieux vaut ne pas savoir afin de pouvoir écrire d’autres morceaux!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Le syndrome de l’impasse et de la feuille blanche!
VOYOU : Exactement! A la base cet album a été enregistré sur mon ordinateur, ensuite je suis allé en studio chez ANTOINE GAILLET et nous avons retravaillé mes morceaux avec un musicien percussionniste Brésilien qui s’appelle DIEGO STRAUSZ. Son point de vue sur mes chansons « un peu typées Amérique du sud » a été important. J’ai trouvé cette notion primordiale d’avoir un réalisateur local qui différencie « le fantasme du gringo » et la cohérence d’un projet comme VOYOU.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Avec quel matos travailles-tu sur ordinateur ?
VOYOU : Je travaille beaucoup avec LOGIC PRO X (NdA : logiciel d’Apple) et ses plug-in pour le côté créatif. Je sample également des sons dans la nature et les synthétise ensuite avec le XS-24 de LOGIC pour re-texturer tout ça chez moi avec des « synthétiseurs boutique » (NdA : petit format). Une fois cette base posée, tout est retravaillé en studio avec des machines et des pédales d’effets bien plus performantes.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tu n’es pas un enfant du synthétique… au contraire tu as appris la trompette avec ton père ?
VOYOU : Oui, en fait j’ai commencé avec lui. Il est trompettiste et lorsque j’étais petit, nous étions envahi par cet instrument. Il jouait énormément dans plusieurs formations et quintettes de cuivres, travaillait souvent à la maison et j’ai été imprégné par le son de la trompette. Cela m’a accompagné dès mon plus jeune âge.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Cet instrument est réputé pour être difficile malgré l’aspect physique et sympathique de l’objet ?
VOYOU : C’est très technique mais une fois le « truc » trouvé, ça va. Très jeune, mon père me faisait des exercices en position allongée avec des dictionnaires sur le ventre… il m’apprenait la respiration avec l’instrument. J’ai commencé vers 3 ans à sortir mes premières notes. Etant asthmatique, cela m’a bien aidé à gérer les inspirations/expirations et d’un autre côté à contrôler l’anxiété de la vie.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quels instruments aimerais-tu apprendre ?
VOYOU : Je vais commencer le trombone et le violoncelle. Concernant le trombone cela n’a rien à voir avec la trompette, les techniques physiques et d’empreinte de bouche sont différentes. On passe du piston à la coulisse et les notes sont difficiles à trouver. J’aimerais également jouer du violoncelle pour la partie corde qui manque à mon autonomie dans l’enregistrement. La version synthétique est nettement moins persuasive.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tes chansons sont très optimistes, c’est une habitude ?
VOYOU : Oui elles sont pas toujours joyeuses mais restent optimistes. Je suis heureux et cela se ressent dans mes chansons. Comme tout le monde, nous vivons des instants moins sympathiques et il faut trouver un moyen de s’en sortir. Lorsque tu fais 150 ou 200 concerts, comme pour la sortie de mon premier EP, et que tu joues uniquement des chansons tristes, tu deviens comme tes titres! Etre optimiste permet de le rester et je pense l’être intrinsèquement.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tu as une chanson baptisée « Il neige » totalement décalée avec le reste de l’album ?
VOYOU : Oui, c’est un piano-voix sans arrangement. Elle reste cohérente sur l’écriture. Cet album est varié et comprend beaucoup d’instruments différents. Synthétique ou organique, je n’ai pas envie de me restreindre. « Il neige » m’est apparue en piano-voix et devait rester dans cette texture. Un morceau est une histoire qui tient dans un décor, avec ses couleurs, ses saisons et ses personnages. L’année où je suis arrivé à Paris il neigeait, le son devient étouffé et cotonneux et ce titre en est influencé.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : L’hiver prochain il faut que tu fasses le festival ROCK THE PISTES à Morzine! Manu l’ingénieur du son des MATMATAH m’a confié que le rendu sonore était totalement différent et unique!
VOYOU : Je suis chaud! La neige mange tout!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : PHILIPPE KATERINE est-il une influence assumée ?
VOYOU : Oui mais j’aime pas dire influence. KATERINE est un chanteur que j’écoute et j’aime, je m’en imprègne. Personnellement ce qui m’agace c’est le nombre de featuring qu’il fait avec les jeunes chanteurs. J’ai toujours suivi sa carrière faite de haut et de bas, il mérite toute cette reconnaissance. J’ai vécu à Nantes et il y est considéré comme une célébrité locale.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comme ELMER FOOD BEAT, DOMINIQUE A et bientôt ROMAN GAUME ?
VOYOU : Oui, KO KO MO, HOCUS POCUS et C2C! C’est une très belle scène musicale. J’ai beaucoup de techniciens Bretons, je les aime car ils sont formés à la dure dans les festivals locaux! (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quels sont tes disques du moment ?
VOYOU : Une rappeuse Américaine qui s’appelle NONAME. « Telefone » et « Room 25 » sont des superbes disques. Le pianiste KIEFER qui a sorti un album sur le label de hip-hop STONES THROW. Enfin JONWAYNE, un rappeur Américain qui a sorti « Rap Album 2 ». J’écoute aussi JORGE BEN, un musicien Brésilien qui m’a influencé comme certains Ghanéens, Nigériens et Maliens ont pu le faire. Je pioche dans pas mal d’influences différentes.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci Thibaud, longue vie aux « Bruits de la ville » sorti récemment. Bon concert au Krakatoa et au plaisir de te voir sur toutes les scènes Françaises.
VOYOU : Merci à vous deux.

Remerciements : Alice du Krakatoa et le très sympathique Thibaud VANHOOLAND 😉
Photographies : Carolyn Caro