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INTERVIEW MANUSCRITE #46 – LAST TRAIN @ DIEGO ON THE ROCKS @ CAROLYN CARO

INTERVIEW DE LAST TRAIN PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Inutile de tourner autour du pot… LAST TRAIN est devenu un groupe majeur dans le paysage musical rock Français. Après un premier effort en 2017 (« Weathering »), le quatuor récidive avec « The Big Picture » reflétant une qualité artistique indéniable qu’ils appliquent sur scène avec ferveur. Jean No (guitare/chant), Julien (guitare), Timothée (basse) et Antoine (batterie) ont accepté de répondre aux questions de Diego sous le regard photographique de Carolyn. Les copains d’enfance relatent leur tournée actuelle, l’industrie du disque et quelques anecdotes sur leurs récentes compositions.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci les gars d’accepter cette interview pour Musiques En Live. Pourriez-vous me faire un bilan de la première édition du festival « La Messe De Minuit » que vous avez créé à Lyon en septembre 2019 ?
LAST TRAIN : (Timothée) : C’est marrant que tu commences par cette question qui généralement arrive plus tard mais justement ça change, c’est cool!
Cela arrive dans la lignée d’une multitude de projets que nous avons en commun. En fait tu as d’abord eu LAST TRAIN puis COLD FAME (agence de diffusion et de production de concerts) pour arriver au festival. C’est un rêve et une envie devenus réalité, le but était de rassembler à Lyon des groupes qui jouaient live. Les groupes sont Français ou internationaux et le bilan humain est très positif. C’est Jean No qui est le programmateur.
(Jean No) : Nous avons des envies comme une « wish-list » des artistes que l’on aimerait voir dans notre festival. Nous contactons les agents pour solliciter les groupes désirés.
(Julien) : C’était la première édition même si certains connaissent déjà. Les artistes étaient Américains, Anglais ou issus de la scène indie-rock Français.
(Jean No) : Le bilan est très satisfaisant.

LAST TRAIN ©Carolyn.Caro 34

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quel regard porte LAST TRAIN sur la production musicale actuelle ? Lorsque vous écoutez la radio, quel est votre sentiment ?
LAST TRAIN : (Julien) : Ce qu’on entend à la radio à vocation à être populaire car c’est ce qui marche! Nous sommes ouverts à beaucoup de choses et on se rend compte qu’il y a énormément d’artistes en France. Y’a toujours des disques à écouter, je pense instinctivement à LYSISTRATA qui sort son album ces jours-ci… ce sont des styles qui ne passent pas sur les radios. D’ailleurs on ne l’écoute pas! (la radio)
(Timothée) : Je suis tombé sur un sondage concernant les 20 artistes les plus programmés en 2019 sur MTV avec un comparatif d’il y a 20 ans. Aucun n’est le même mais comme disait Julien on peut se retrouver dans plein d’artistes.
(Antoine) : Tu as ceux qui sortent des disques et ceux qui tournent. Tu regardes la programmation de la salle ou nous jouons ce soir (le Krakatoa de Mérignac), elle est trop cool! Il y a beaucoup d’artistes qu’on connait et qui sont très bons. Pour résumer, tu as un public qui écoute la radio et un autre qui va aux concerts.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tout à fait! D’ailleurs l’issue du rock actuel ne passe t’elle pas par une indépendance discographique ?
LAST TRAIN : (Jean No) : Ta question est large car elle influe sur beaucoup de paramètres différents. L’industrie discographique ne va pas nécessairement bien mais les labels ont encore leur rôle à jouer dans les carrières des groupes. Dans le développement et la réflexion, ces partenaires sont importants. Le modèle dit du « 360 » où tu fais tout : live, disque et tout ce qui va autour… l’histoire à montré que cette méthode n’était pas nécessairement la bonne. Il faut faire du cas par cas. LAST TRAIN a monté sa propre maison de disques et aujourd’hui nous ne sommes plus acteurs de cette maison! On s’est plus orienté sur le live car c’est un choix de carrière mais je ne diaboliserais pas les maisons de disques, bien au contraire.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Parlons de « The Big Picture » votre dernier album. Le choix de morceaux plus longs (minimum 5 minutes) reflète t’il vos influences musicales ?
LAST TRAIN : (Jean No) : C’est un peu un luxe en 2019 de prendre son temps et ce n’est pas valable que pour la musique! Beaucoup se force à produire des morceaux courts et efficaces, le playlistage radio y est pour quelque chose. Il faut être productif et pro-actif. Nous préférons prendre notre temps, nous ne sommes pas très prolifiques et faisons beaucoup de concerts. Nous retournons les morceaux dans tous les sens afin d’en être satisfait. Nous avons besoin de cette longueur pour s’exprimer, on aime les morceaux lents qui se construisent sous forme de « montagnes Russes ». C’est une dynamique dans laquelle il faut avoir du temps, je ne vois pas « On Our Knees » ou « The Big Picture » dans des versions de 3 minutes!
(Julien) : On ne se pose pas trop la question. Nos morceaux deviennent naturellement longs.
(Antoine) : On les a chronométré pour les versions live afin d’être dans les clous lorsque tu as un temps imparti mais nous n’avons jamais calculé lors de l’enregistrement du disque le temps des pistes.
(Timothée) : D’ailleurs on était même surpris des durées lors de ces chronométrages!

LAST TRAIN ©Carolyn.Caro 10

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Comment concevez-vous une chanson ?
LAST TRAIN : (Antoine) : Dans la méthode générale, Jean No arrive avec soit une chanson toute faite, soit des idées de parties que nous retournons dans tous les sens. On trie les passages pour servir au mieux la chanson.
(Julien) : On mixe les chansons parfois aussi!
(Antoine) : Ensuite on s’approprie nos parties musicales respectives en les jouant beaucoup afin de trouver le feeling qui colle au titre. Pour les textes c’est aléatoire.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous avez quelques titres qui sont extraordinaires, je citerais « On Our Knees », « Idea Of Someone » pour les récents et « Fragile » pour les vieux dont la version live est dantesque. Vous les jouez ce soir ?
LAST TRAIN : On verra tout à l’heure!!! (rires général)
(Timothée) : C’est vrai que « Fragile » faut qu’on la refasse!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Bon vous y pensez alors! Dédicace à Diego : « Fragile »! (rires) Plus sérieusement, comment sont nées « Idea Of Someone » et « On Our Knees » ?
LAST TRAIN : (Jean No) : L’ensemble de l’album est plus personnel et introspectif que le précédent. Nous étions plus jeunes et tâtonnions pour trouver notre voie. Ces dernières années nous avons eu la chance de vivre des hauts et des bas, cela nourrit les textes de nos chansons et « Idea Of Someone » en fait partie. « On Our Knees » est un sujet totalement différent et très personnel. On a bien vécu les 3 ou 4 dernières années et sommes devenus de jeunes adultes qui faisons une différence marquante entre « Weathering » et « The Big Picture ». Pour le premier, nous cherchions à définir de quoi nous étions capables, nous découvrions la scène (grosse ou petite) en France et à l’étranger. Finalement nous l’avons assimilé et nous sommes recentrés sur notre projet de musicien. Je pense que cette maturité se retrouve dans le deuxième album.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Les versions que vous jouez live sont calquées sur les versions studios ? Y’a t’il une place à l’improvisation ?
LAST TRAIN : (Timothée) : Plutôt les versions studios sont nées de versions-live! Contrairement à « Weathering », pour le deuxième disque nous n’avions rien joué live avant d’enregistrer. On jouait ensemble dans un local de répétitions et les morceaux se façonnaient ainsi. Tout est né de nos instruments, 2 guitares, une basse et une batterie qui ont ensuite donné les versions studios. Le tout a été agrémenté, embelli. Pour préparer la tournée cela a été simple car nous sommes revenus sur l’optique de base de préparation de l’album.
(Julien) : Concernant les solos, lorsqu’on enregistre l’album il y a de l’improvisation et tu ne feras jamais deux fois la même prise! On l’a en live et c’est toujours différent.
(Jean No) : J’étais pas au courant! (rires général)
Non, y’a des morceaux que l’on joue depuis longtemps et il est sympathique de les revisiter. C’est drôle car parfois on se rend compte que plus personne ne joue!
(Antoine) : « Fire » ne ressemble plus du tout à la version originale.
(Jean No, Timothée & Julien) : Si on l’a joue!!! (rires général)
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : C’est un choix aussi de jouer des morceaux longs… lorsque tu as 1h30 et que tes versions sont longues, tu sais que tu ne joueras pas 20 titres!
LAST TRAIN : (Timothée) : C’est ça! Lorsqu’on faisait des premières parties, on jouait 4 morceaux en 30 minutes!

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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Vous utilisez toujours des musiques de western pour arriver sur scène ?
LAST TRAIN : On verra ce soir! (rires)
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Ça a changé, ce n’est plus « Le Grand Duel » ?
LAST TRAIN : (Antoine & Julien) : Y’a pas eu que ça! Chopin et « Game Of Thrones » aussi.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Ça va être difficile de battre les WAMPAS qui ouvrent avec « 30 millions d’Amis » ou Jean Claude Borelli!!!
LAST TRAIN : Ah oui effectivement! On pourrait essayer « L’Exorciste » ou « C’Est Pas Sorcier »!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Y’a t’il des chansons des autres que vous aimeriez interpréter ?
LAST TRAIN : (Tous) : Non. Les chansons sont personnelles et on aime pas les covers. Le procédé est nettement moins naturel lorsque tu tentes de te réapproprier les chansons des autres. Quitte à prendre du temps pour bosser quelques chose, autant que ce soit neuf! Nous sommes tous d’accord sur ce principe. Cela n’empêche pas les belles reprises.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Le 10ème album de LAST TRAIN en 2045 sera peut-être un disque de reprises! (rires général)
LAST TRAIN : Pas certain qu’on soit encore là!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quels artistes vous ont donné envie de faire de la musique ?
LAST TRAIN : (Jean No) : Ce qui est interessant c’est qu’on a appris et découvert la musique ensemble.
(Timothée) : On a eu un début de culture similaire.
(Jean No) : On pourrait te citer LED ZEPPELIN, THE RACONTEURS et MUSE. Même si on a gardé des atomes crochus avec ces groupes, ils ne sont plus nos influences d’aujourd’hui. On serait plus dans la pop, le classique, les musiques de films et le hip-hop. Des influences pas nécessairement évidentes en écoutant notre disque ou en regardant notre concert.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Julien en tant que réalisateur, parle moi du clip de « The Big Picture » qui dure plus de 10 minutes ? Un bilan visuel de LAST TRAIN ?
LAST TRAIN : (Julien) : Exactement. On se connait depuis l’âge de 11 ans, j’ai rassemblé des images et ce clip est le résultat de beaucoup de travail. C’est une de nos chansons préférées et j’ai réalisé le clip en deux semaines. 581 plans pour un total initial de 35 heures de rush. C’est comme tout ce que nous entreprenons, on fait tout à fond! J’ai pas dormi pendant deux semaines et je ne comptais pas mes heures. J’ai récupéré les images de tout le monde pour ne rien rater. Je voulais un clip fidèle à ce que nous sommes.
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Plusieurs phases de la tournée sont prévues ?
LAST TRAIN : (Jean No) : Oui, nous allons tourner toute l’année prochaine en France et à l’étranger.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : PHILIPPE MANOEUVRE a dit il y a 15 ans que BB BRUNES était l’avenir du rock Français. DIEGO a dit il y a 3 ans que c’était LAST TRAIN. MANOEUVRE ne devrait-il pas prendre sa retraite ? (rires général)
LAST TRAIN : (Jean No) : Il te manque les lunettes de soleil!
(Antoine) : Le premier album de BB BRUNES, on l’a bien aimé. Après nous étions jeunes, on était en 5ème!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Ça doit être pour ça! Désolé d’être vieux…
LAST TRAIN : (Timothée) : Nous étions dans les personnes « ciblées »!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Exactement! J’emmène prochainement ma fille voir ANGELE qui remplit les Arenas de France, elle a 14 ans!
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LAST TRAIN : Voilà!
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Dernière question, l’adage de LAST TRAIN pourrait-il être « Unis comme les 4 doigts de la main » ?
LAST TRAIN : On retire lequel ?
DIEGO*ON*THE*ROCKS  : C’était juste pour faire référence à la pochette de votre EP « Fragile » où vous vous enlacez comme à l’issue de vos concerts, preuve d’une cohésion qui fait votre force! Merci les gars, bonne et longue tournée. A bientôt.
LAST TRAIN : Merci Diego.

Remerciements : Marie Britsch / Jean No / Alice du Krakatoa
Photos : Carolyn Caro