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INTERVIEW MANUSCRITE #76 – MATHIEU BOOGAERTS @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW DE MATHIEU BOOGAERTS PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

 

Agé de 49 ans, MATHIEU BOOGAERTS colore depuis 1995 la scène musicale Française d’une touche identitaire spécifique lui permettant d’avoir un public fidèle et fan de chansons à textes. De passage à Saint Macaire (33), l’artiste a accepté l’interview proposée par Diego pour Musiques En Live sous le regard photographique de Carolyn Caro. Une belle rencontre relatant la parution de son futur 8ème album studio.

 

 

DIEGO ON THE ROCKS : Pour te paraphraser, “Qu’en est-il” de ton 8ème album studio qui doit prochainement sortir ?

MATHIEU BOOGAERTS : Il est terminé, mixé et masterisé. Il “devrait” sortir en janvier mais je préfère employer le conditionnel car le monde dans lequel nous vivons depuis plusieurs mois est bouleversé et il est difficile d’avoir des certitudes. Sa singularité réside dans le fait qu’il soit chanté en Anglais. Même si j’ai déjà travaillé dans cette langue, cette fois le projet concerne un langage plus soutenu qu’à l’habitude où je mélangeais le Français et l’Anglais. L’idée n’a rien de stratégique, je vis à Londres depuis quelques temps et mon intention est que mes voisins puissent comprendre mes textes. Ces chansons restent naturelles et sont vécues de l’intérieur. C’est un challenge car ce n’est pas ma langue maternelle.

DIEGO ON THE ROCKS : Tu étais Anglophone avant de t’expatrier ?

MATHIEU BOOGAERTS : Oui. C’est un langage fin sans chercher volontairement dans le dictionnaire un mot pour donner un sens. Le chant lexical est étroit et je qualifierais l’exercice de “style”.

DIEGO ON THE ROCKS : Cela influe t’il sur les thèmes que tu abordes ? Quels sont-ils ?

MATHIEU BOOGAERTS : Je n’ai pas de projet lorsque j’écris un texte. Au départ une musique mène à une mélodie qui déclenche des mots qui sortent de ma bouche. Cette part de hasard me permet de retenir les mots qui me plaisent pour créer un début de formulation proche du sentiment. Il n’y a plus qu’à dérouler le “fil” de l’histoire pour obtenir une chanson. Les thèmes abordés sont souvent sentimentaux comme la frustration, le désir, la jalousie, le regret, l’espoir…

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DIEGO ON THE ROCKS : Aucun effet COVID dans les textes rédigés récemment ?

MATHIEU BOOGAERTS : Pas que je sache. A posteriori parfois on retrouve l’ambiance qui a mené à la rédaction d’un texte. Néanmoins et comme tout le monde, cette pandémie a créé chez moi des émotions qui pourraient éventuellement ressortir dans un futur projet mais involontairement.

DIEGO ON THE ROCKS : Etre autodidacte permet t’il d’être minimaliste sur la musique afin de révéler la puissance d’un texte ?

MATHIEU BOOGAERTS : Oui et non. J’ai l’impression que ma musique est sophistiquée et “assez” savante mais reste en économie. C’est ma façon d’être, si un arrangement fonctionne avec trois éléments, pourquoi en mettre douze ? En musique comme en texte, je fonctionne comme ça, expliquant pourquoi mes chansons sont courtes et font ressortir les paroles. La qualité n’est pas en rapport avec le temps.

DIEGO ON THE ROCKS : Néanmoins tu restes “simple” sans vouloir être péjoratif ?

MATHIEU BOOGAERTS : Oui, je cherche un truc fluide.

DIEGO ON THE ROCKS : Es-tu un chanteur Français conteur d’histoires comme l’est BENABAR ?

MATHIEU BOOGAERTS : Je ne conteste aucun référencement car chacun à une perception différente. Je ne pense pas nécessairement être conteur d’histoires, plutôt un chanteur sentimental.

DIEGO ON THE ROCKS : MATHIEU BOOGAERTS n’est-il pas un artiste à découvrir plutôt sur scène qu’en disque ?

MATHIEU BOOGAERTS : Je n’ai jamais été spectateur de moi-même ! (rires)

Il faudrait poser cette question aux gens qui ont écouté mes disques puis m’ont découvert sur scène, et inversement !

DIEGO ON THE ROCKS : Il y a 25 ans tu pensais être encore en activité en 2020 ?

MATHIEU BOOGAERTS : C’est une bonne question. Oui je crois mais en 1995 je n’aurais pas répondu ça… on ne peut pas être maitre de ses idées futures. J’ai déjà des chansons pour un prochain album après celui qui sortira en janvier. Par contre si tu me demandes ce que je ferai dans 5 ans, je n’en sais rien… peut-être que les idées ne viendront plus !

DIEGO ON THE ROCKS : Depuis ton premier album “Super“, comment a évolué ton écriture ?

MATHIEU BOOGAERTS : J’ai l’impression que c’est de mieux en mieux et c’est rassurant ! Je sens mes textes plus concis, plus assurés. Cela n’empêche pas certaines personnes de penser le contraire…

 

 

DIEGO ON THE ROCKS : Pour tes 20 ans de carrière tu t’étais produit spécialement à Paris. Qu’en sera t’il pour les 25 ans ?

MATHIEU BOOGAERTS : Effectivement j’avais joué au philharmonique de Paris plusieurs soirs avec des violons, des cuivres. Pour 2021, je ne ferai rien car on ne fête pas les 25 ans après les 20… peut-être les 30 en 2025 ! J’ai beaucoup de tendresse pour “Super” mais seulement un tiers des chansons seraient “jouables” aujourd’hui. Cela ne vient pas de leurs propos mais plutôt de leurs formes. Certains couplets ne sont plus d’actualités, pas dans le contenu mais dans la façon d’en parler. Si je devais en réécrire certaines en 2020, elles seraient différentes.

DIEGO ON THE ROCKS : Outre l’Angleterre, tu as également vécu au Kenya. Y’a t’il des voyages qui t’ont humainement marqués ?

MATHIEU BOOGAERTS : J’ai beaucoup voyagé et il est difficile de retenir un moment en particulier. Aujourd’hui nous sommes ensemble en Gironde, on ne se connaissait pas et je considère cela comme “un voyage”. On apprend beaucoup des autres, en France ou ailleurs. J’ai la curiosité de l’autre et suis toujours en voyage.

DIEGO ON THE ROCKS : En parlant de grand voyageur, tu as fait ton premier groupe baptisé TAM-TAM avec MATHIEU CHEDID. Pourrais-tu faire un album avec M qui enchaine les projets solo ou en groupe ?

MATHIEU BOOGAERTS : Nous sommes amis. Je pense que cela arrivera un jour.

DIEGO ON THE ROCKS : Dans le même esprit, ALAIN SOUCHON est important dans ton développement musical ?

MATHIEU BOOGAERTS : Oui et ce qui est marrant c’est que je m’en suis rendu compte après ! Lorsque j’étais adolescent, SOUCHON était comme SARDOU et pas dans la tête d’un ado de 14 ans. A 25 ans, j’ai adoré et je pense sincèrement qu’il m’a influencé.

DIEGO ON THE ROCKS : Je confirme, nous avons presque le même âge ! Quelles étaient tes musiques d’adolescent ?

 MATHIEU BOOGAERTS : Beaucoup de Reggae, INDOCHINE et DAHO avec l’album “La Notte, la Notte” que je trouvais moderne (Nda : 33 tours sorti en 1982). Ce disque n’a pas du tout vieilli !

DIEGO ON THE ROCKS : En 2010 tu as sorti un bouquin qui s’appelle “Je Ne Sais Pas” dans lequel tu expliques tes chansons. Le processus est si compliqué qu’il nécessite un livre ?

MATHIEU BOOGAERTS : On m’a sollicité pour une collection. Je suis pédagogue et j’aime décortiquer les choses, exercice d’autant plus valorisant lorsqu’il s’agit de tes compositions ! Cela a été très long et je ne le regrette pas. Le format est dans le style des publications “Que Sais-Je ?“.

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DIEGO ON THE ROCKS : Dans ta carrière, j’ai retrouvé une reprise de MICHAEL JACKSON. Tu as également travaillé avec pas mal d’artistes. Quels sont ceux avec lesquels tu ambitionnerais une collaboration ?

MATHIEU BOOGAERTS : Depuis 10 ans j’ai écris pour CAMELIA JORDANA, VANESSA PARADIS, LUCE, DICK RIVERS, ZAZ et d’autres… j’adore ça et cela sollicite un challenge différent qu’une écriture pour soi. J’aimerais en faire davantage sans nommer qui que ce soit. Je suis très ouvert. Musicalement, j’aurais du bosser avec YANNICK NOAH même si nos univers sont différents. Je le trouve tendre et “tropical” mais cela n’a pas fonctionné. J’ai bossé avec ZAZ et c’était très plaisant. Elle a une superbe voix.

DIEGO ON THE ROCKS : Un mot sur la situation culturelle actuelle ?

MATHIEU BOOGAERTS : Nous n’avons pas trop le choix. Nous sommes dans un pays riche et les subventions versées par l’état ont le mérite d’exister contrairement à nos voisins… pour ma part, une pause d’un an n’est pas dramatique après les 1000 concerts que j’ai déjà donnés depuis 1995. Je ne pense pas avoir le droit de me plaindre. Nous sommes tous contrariés dans nos projets, pourvu que cela ne dure pas trop longtemps…

DIEGO ON THE ROCKS : Et en 25 ans tu n’as jamais pris d’année sabbatique ! A bientôt sur la route MATHIEU et comme tu le dis dans l’album “Promeneur“, “Merci Pour Tout !”

MATHIEU BOOGAERTS : Merci à toi.

  • Remerciements : Mathieu
  • Crédits photos : Carolyn Caro
  • Page facebook : @MathieuBoogaerts
  • Relecture : Jacky G.