INTERVIEW #206 – PIERRE PERRET @ DIEGO ON THE ROCKS
INTERVIEW 206 : PIERRE PERRET
On ne présente plus monsieur Pierre Perret ! A 89 ans, l’infatigable auteur-compositeur-interprète a publié une trentaine d’albums originaux dont le dernier en date baptisé « Ma Vieille Carcasse » est sorti le 14 avril 2023.
Diego a pu effectuer une interview de l’artiste qui était en concert au Théâtre Fémina de Bordeaux le 17 octobre dernier. Remerciements particuliers à Solène de 4ème sens.
Pierre Perret : Salut jeune homme !
Diego : Bonjour monsieur Perret et merci d’accepter cette interview pour Musiques En Live ! Effectivement je suis un jeune quinquagénaire… qu’est-ce qui vous motive encore à 89 ans, âge plus qu’avancé de la retraite ?
Pierre Perret : Retraite n’est pas un mot de mon dictionnaire et pourtant j’en ai souvent parlé dans mes chansons ! La passion est ma motivation principale, l’écriture des chansons est primordiale.
Diego : Vous êtes originaire de Castelsarrasin et l’avez chanté, quelles affinitées avez-vous conservé avec le sud-ouest ?
Pierre Perret : Durant toute ma vie j’ai été baigné par le souvenir de mes premières brasses dans la Garonne. D’ailleurs au mois de septembre dernier, je suis allé inaugurer une aire de repos qui porte désormais mon nom entre Castelsarrain et Moissac. Anciennement « aire de Garonne », elle a été rebaptisée « Garonne – Pierre Perret » avec deux statues de moi ! La première enfant, la deuxième adulte avec une guitare. Un très beau travail.
Diego : Comme vous le dites dans un titre récent qui s’appelle « Ma Vieille Carcasse », est-ce si difficile de vieillir ?
Pierre Perret : C’est amusant et terrifiant. Tous les jours au réveil, il faut surveiller ses abattis pour voir si tout est en place !
Diego : Et pour rester en forme, l’humour et la dérision sont vos fils conducteurs ?
Pierre Perret : Sans cela, ma vie aurait été monotone. C’est un élixir de jouvence qui me permet de survivre à 89 ans. Sans l’humour je n’aurais pas traversé tout cela… c’est le plus difficile à magner et peu de mes collègues s’y risquent. Cela peut faire peur et j’ai une pensée à mes amis de Charlie Hebdo.
Diego : D’ailleurs les « confinis » du Covid sont devenus des spécialistes de la guerre en Ukraine et plus récemment, du conflit Israélo-Palestinien !
Pierre Perret : Malheureusement un évènement mène à l’autre ! On les entend, on les lit et on ne peut qu’en souffrir ! La bêtise est une denrée impérissable et demeure éternelle.
Diego : Pierre Perret est-il un solitaire ou un homme très entouré ?
Pierre Perret : Exceptée mon épouse qui a été la bénéficiaire de mes premières émotions tout comme la victime… c’est délicat de vivre avec un auteur. Je pense avoir été solitaire dans ma vie de créateur car je suis auteur-compositeur-interprète. Lorsqu’on est uniquement chanteur, on dépend des autres et on risque d’être dépourvu dès lors qu’on manque de plumes.
Diego : La chanson « On Vient Habiter Chez Vous » n’est-elle pas un prétexte expliquant la vague de migration Européenne que nous subissons actuellement ?
Pierre Perret : Vous avez tout compris ! Ces chansons récentes sont testées actuellement sur scène. L’émotion est à couper au couteau tout comme les éclats de rire sur « Ma Vieille Carcasse ». C’est la magie de l’écriture pour parfaire les mots et ciseler les textes. J’essaie de penser au bon et d’oublier le dur.
Diego : Probablement la plus belle façon de faire passer un message !
Pierre Perret : Je n’en connais pas d’autre et c’est une tâche de grand solitaire d’avoir l’outrecuidance de coucher des mots sur une feuille depuis 70 ans.
Diego : Je n’ai pas connu le Paris des années 60/70 et comme vous le dites dans votre chanson « Paris Saccagé », madame Hidalgo a rendu la situation dramatique ?
Pierre Perret : Paris était magnifique à cette époque et je ne l’ai jamais quitté ! Promenez-vous dans Paris et vous verrez l’assassinat de la beauté effectuée par la mairesse actuelle.
Diego : J’ai lu que le texte original de la chanson « Mon P’tit Loup » a été édulcoré afin de pouvoir passer en radio. Est-ce vrai ?
Pierre Perret : C’est une légende et l’info est mauvaise. Je n’ai jamais changé un mot, j’ai déclaré à certains de vos confrères qui était « Mon P’tit Loup » en répondant un nombre incalculable de possibilités. Dès son brouillon, cette chanson représentait la soumission involontaire d’un enfant. Il aura fallu une trentaine de relecture durant les 4 ans de conception pour la terminer et présenter la seule version connue. A la fin j’ai conclu par « oublie-les, les petits cons qui t’ont fait ça », mais on ne sait pas ce qu’ils lui ont fait. Les brouillons restent les brouillons.
Diego : Au moins la vérité est rétablie ! A quoi doit s’attendre le spectateur qui viendra vous voir prochainement en concert ?
Pierre Perret : Le spectateur aura un panorama de mon récital incluant les grands classiques. Je suis accompagné de 5 musiciens et certaines chansons comme « Castelsarrasin » sont intégrées aux nouveaux titres où le public est déjà réceptif. La tendresse et l’humour sont de mise comme dans « Ma Vieille Carcasse » où « Les Larmes Des Pauvres » qui sont des titres récents pour ne citer que ceux-là. Toutes les époques sont évoquées pour les 4 générations présentes dans la salle, de 8 à 90 ans !
Diego : Avez-vous un rituel avant d’entrer en scène ?
Pierre Perret : Le calme ! J’ai besoin de concentration durant quelques minutes après mes vocalises.
Diego : Dans les chanteurs disparus, certains vous manquent-ils plus que les autres et pourquoi ?
Pierre Perret : Probablement Brel et Boby Lapointe qui étaient des vrais copains. Après, les chansons de Trenet et de Brassens ne sortiront jamais de mon coeur.
Diego : Dernière question, quels sont vos plus beaux concerts vécus en tant que spectateur ?
Pierre Perret : J’en ai vus beaucoup et les premiers qui m’ont éblouis sont Les Frères Jacques puis Brel, Brassens, Barbara et Boby Lapointe. Tous pour le contenu de leurs chansons et l’interprétation des artistes. A cette époque l’art périssable n’existait pas ! (rires)
Diego : Nous sommes bien d’accord ! Merci à vous et j’espère à bientôt.
Pierre Perret : Merci jeune homme ! N’hésitez pas à venir me voir pour me serrer la louche !
- Remerciements : Solène de 4ème SENS
- Relecture : Jacky G.