SOB 2

INTERVIEW STONES OF BABYLONE @ DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW #249 : STONES OF BABYLONE

Après « Crossing Path » publié en 2019, le quatuor Stones Of Babylone a pris son temps et surmonté quelques péripéties pour proposer de nouvelles compositions. Notre chroniqueur Diego a pu rencontrer Manu, Ludivine, Rolando et Ludo lors d’une répétition à Rock & Chanson sur la commune de Talence (33) pour une nouvelle interview et ainsi parler de « Hashtaal » sorti en novembre 2024. Les photos sont du fidèle Laurent Robert. 
 
c31e6707 0f73 44c3 a20d 400794f96eae
 
Diego : Quelles sensations avez-vous ressenties lors des concerts récemment donnés à Saint Loubes et Mont de Marsan ?
Manu : C’est toujours un plaisir même si la scène était partagée à Saint Loubes. A Mont de Marsan, nous avons joué plus de titres qu’il y avait de spectateurs ! (rires)
Ludivine : Il fallait se remémorer les titres du premier album et nous avions envie de jouer les nouvelles compositions. Pour les concerts, il faut trouver le bon compromis avec nos emplois du temps respectifs et ce n’est pas toujours évident. Saint Loubes et Mont de Marsan étaient sympas même s’ils étaient différents. Dans les deux cas, nous avons été bien accueillis.
Ludo : La sensation sur scène était plus agréable au Steady avec des lights et un retour plus professionnels.
 
Diego : Ludivine, n’as-tu pas failli quitter le groupe entre vos deux albums ?
Ludivine : A l’époque de la Covid, j’étais dans deux groupes, un de compositions (Stones of Babylone) et un autre de reprises. La musique ne m’a pas manqué durant le confinement et je me suis posée des questions. J’ai arrêté deux ans, sans concert prévu ni aucune animosité entre nous. Au bout d’un certain temps, cela m’a manqué, j’étais toujours en contact avec Manu et j’ai souhaité revenir.
Manu : N’étant pas professionnels, la période Covid ne nous a pas permis de jouer notre premier album dans de bonnes conditions. Quelque part, le départ de Ludivine a été dans le « bon timing » car la période était creuse musicalement. Néanmoins, nous avons auditionné plusieurs chanteuses/chanteurs sans trouver la bonne voix. Nous avons eu quelques perles…
c3286e9b 0f05 4dfd 8c7c 688ab8dd00ae
 
Ludo : Sur le coup, nous rigolions jaunes !
Manu : Difficile d’auditionner quelqu’un qui ne chante pas en anglais, préfère jouer seul à la guitare sans avoir de niveau satisfaisant et qui n’est pas à l’aise avec un micro…
Diego : Tu es en droit de lui demander : que fais-tu là mec !!!
Manu : C’est ça. Nous avons perdu un peu de temps…
Ludo : Malgré quelques contacts interessants, il n’y a jamais eu de suite probante.
Ludivine : Je suis revenue et je pense m’investir différemment aujourd’hui. Pour ce deuxième album, il s’agit plus d’un travail de groupe et j’ai le sentiment d’avoir trouvé une certaine légitimité.
 
Diego : Parlons-en ! Après le berceau et la tombe, on arrive à « Hashtaal » en 2024. C’est quoi ?
Ludivine : Tout d’abord, c’est un éléphant ! L’animal à la base de Stones Of Babylone nous suit sur cette nouvelle pochette.
Manu : C’est un dialecte Indien qui veut dire « chanter ». Je ne connais pas la prononciation. Le premier titre de l’album étant « Crying Shaman », nous souhaitions un lien entre l’éléphant, cette chanson et nos textes. Tristan, un ami passionné d’informatique de Ludivine a proposé la pochette.
Ludivine : Il a utilisé l’intelligence artificielle lors de ses prémices !
Diego : D’ailleurs « Crying Shaman » a t’elle été enregistrée après avoir visité une réserve indienne ou après avoir visionné « Little Big Man » avec Dustin Hoffman ? (rires)
Manu : La pochette mélange plusieurs styles et il n’y a pas d’éléphants en Amérique du sud !
Ludivine : L’indien se mélange avec le coté spirituel que l’on retrouve en Inde.
Manu : En bossant ce titre, j’avais dans la tête le film « La Forêt d’Emeraude » de John Boorman sorti en 1985. Un souvenir de jeunesse qui relate la perte d’une forêt par des indiens.
Diego : L’album est un « Do It Yourself » ?
Rolando : Oui. Comme pour le premier disque, l’enregistrement et le mixage ont été réalisés à la maison. Les prises ont été séparées en commençant par les basses pour permettre à Ludo d’avoir un support. L’avantage du « home studio » est l’absence de délai et la possibilité de refaire les prises à notre guise. Je travaille avec le logiciel Studio One Pro développé par PreSonus.
Diego : Cela permet de se rendre compte de l’évolution de la musique grâce à l’informatique ! 50 ans plus tôt, il fallait se payer un studio !
Manu : Et tu enregistrais comme Springsteen, « Nebraska » sur un 4 pistes !
Diego : Exact. Un album incontournable de 1982 avec le mythique « Atlantic City ».
e7c413d3 2ac4 41e0 a78d 1906301393ca
Rolando : J’ai commencé à m’intéresser aux logiciels avec un pote dans les années 90. Cubase en version midi avec des sons pourris. Ensuite sur un 4 pistes puis Cubase a sorti des produits plus sérieux.
Manu : Perso, j’ai du mal avec l’informatique !
Ludivine : Pourtant, tes pédales contiennent des petits programmes avec des algorithmes ! Même si tu ne les vois pas… (rires)
Rolando : Pour l’album, je suis allé jusqu’au mixage final. Je « bricole » les sons avec mon matériel et l’idée initiale était de proposer au groupe un mixage au mieux de mes possibilités et, si le résultat n’était pas satisfaisant, passer la main à un ingénieur du son.
Manu, Ludivine et Ludo : Et ça nous a plu alors qu’on avait testé deux ingénieurs dans lesquels nous ne reconnaissions pas notre musique ! Le travail final était respecté mais pas ce que nous attentions, nous avons décidé de conserver le mix de Rolando.
Rolando : Et je suis content du résultat car je pense avoir dépassé mes compétences habituelles. Par contre, le mastering a été réalisé par un professionnel. Je n’ai pas le savoir.
Diego : Comment sont structurés vos morceaux ?
Manu : Les solos de guitare n’arrivent qu’en dernier. Par exemple sur « Monolith », j’attends d’avoir la structure rythmique pour avoir une idée plus globale. Une fois que j’ai le chant et la rythmique, je crée les solos. Je propose aux autres et nous confirmons ou pas le processus du morceau.
Ludivine : « Monolith » est un très bon exemple car nous avions un début très mélodique de guitare sans le chant. Manu nous propose plusieurs parties de ce que deviendra le morceau final, nous le réarrangeons et collons les parties entre-elles.
Manu : Lorsque Ludivine a proposé le chant sur le titre, c’est devenu une évidence.
Ludivine : Il ne faut pas nécessairement que le chant suive la guitare et Manu n’aime pas ça !
31324ad5 4b7c 452a 9060 604c8a79d242
Diego : Un travail d’équipe ! Et les textes ?
Manu : Ils sont de Ludivine ou moi. Parfois à quatre mains.
Ludo : Un titre comme « Pearl and Lashes » est inspiré du film « 12 Years a Slave » avec Brad Pitt et Chiwetel Ejiofor. Dans le premier album, « Green Mile » parlait de John Coffey dans « La Ligne Verte ». Un côté blues avec une histoire à raconter. Ludivine a pris un personnage du scénario pour développer le texte autour de lui.
Ludivine : J’ai imaginé une gamine black qui allait à l’église et qui un jour en rentrant chez elle, constate que ses parents se font battre par leurs « maitres blancs ». Ses soeurs et elle sont enlevées et deviennent esclaves, elle se met à prier, d’où la présence d’ « Amazing Grace » dans « Pearl and Lashes ».
Manu : C’est un mélange entre les perles du chapelet de la gamine et le fouet du maitre esclavagiste.
Ludivine : La chanson « Crying Shaman » relate l’écologie en parlant d’une personne qui ne se retrouve plus dans le monde actuel car celui-ci s’effondre.
Manu : A contrario, « Blue Rats » qui sent l’alcool de contrebande parle des rats bleus, du RN et du fascisme. Je voulais une histoire avec des images.
Ludo : Un titre qui a failli rester acoustique ! Assez long et très retravaillé.
Rolando : Effectivement nous avons passé beaucoup de temps sur « Blue Rats » ! Les idées sont devenues électriques, par paliers.
Ludo : C’est le chant qui a permis d’avancer réellement sur ce titre.
Diego : Par contre musicalement, « Tangled Lines » n’a rien à voir !
Manu : Une récréation ! Il a été modifié plusieurs fois et date du premier album. C’est un titre qui avait été chanté par Célia, notre première voix. Elle voulait que cela parle de tatouages par rapport à sa vie personnelle.
Ludivine : Et lorsque j’ai récupéré la chanson, je ne comptais pas me faire tatouer ! (rires)
Diego : Tu pourrais faire des efforts…
Manu : J’ai du la repenser car elle était trop proche d’autres chansons déjà enregistrées. Hors de question de copier-coller des parties musicales.
Ludivine : Un titre trop fourni qui a eu besoin d’Orlando pour déconstruire les parties de la chanson. Un morceau recréé en live.
Rolando : Manu a beaucoup d’idées et il a fallu se poser pour réarranger les différentes parties.
Diego : Un sacré bordel dans ta tête Manu ! (rires)
Manu : On peut faire deux morceaux avec un seul titre de Stones of Babylone !
Ludivine : Les morceaux racontent tous une histoire et le but final est d’être homogène. Personnellement, j’ai besoin qu’il tourne musicalement pour réussir à la raconter lors des concerts. C’est le cas sur « Under the Spotlight » qui bénéficie d’une longue introduction avant le chant et qui amorce le morceau suivant, comme un warm-up.
314ff8a7 e973 490a a1d5 37b29d4f74c5
Diego : Côté projet, un clip est-il envisagé ?
Rolando : Pour l’instant non. Nous avons publié une vidéo de « Under The Spotlight » incluant les paroles mais ce n’est pas un vrai clip à proprement dit.
Manu : Nous devons nous y consacrer. Il faut que le résultat soit concluant sinon ce n’est pas la peine.
Diego : Quelles sont les 5 plus belles minutes du groupe depuis 2015 ?
Rolando : Quand Manu m’a contacté par texto pour me dire que Ludivine revenait !
Manu & Ludo : Effectivement la réponse a été très rapide et nous étions très contents.
Diego : Pour finir, quels sont vos plus beaux concerts vécus en tant que spectateur ?
Ludo : Visuellement et artistiquement, Muse au Matmut de Bordeaux. Musicalement, je reste sur un concert de Kadavar au Rocher de Palmer en 2020. Egalement Ghost au même endroit. Enfin Goldman, la tournée « Entre Gris Clair et Gris Foncé » en 1988.
Diego : Ah ! Jean Jacques… une de mes références !
Rolando : David Gilmour au Grand Rex de Paris sur son avant dernier album. Une émotion incroyable. Les titres de Pink Floyd étaient monstrueux.
Manu : Récemment Orelsan à Arkea Arena. Je n’aime pas trop le rap mais dès le départ, il arrive toutes lumières allumées et j’ai pris une gifle. Sacré talent d’écriture. J’ai souvenir d’avoir vu Dylan à Toulouse la veille d’un oral du bac…
Ludivine : Egalement Goldman, la même tournée que Ludo mais en Martinique. Ma mère travaillait pour la presse et j’ai gardé quelques photos. Elle avait mitraillé en noir et blanc, plus de 500 clichés ! Plus récemment à Jazz in Marciac, Marcus Miller et Cory Henry, un Américain multi-instrumentiste incroyable. Un jazz moderne très sympa.
Diego : Merci à vous et bonne chance au deuxième album de Stones Of Babylone !
Stones of Babylone : Merci à toi.

  • Remerciements : Manu de SOB
  • Photos : Laurent Robert
  • Relecture : Jacky G.